C’est le 10 août 1778 en Alençon que naît Charles-Eléonore Desgenettes. Doué d’une vive intelligence et d’une grande mémoire, il doit cependant corriger sa nature ardente, même batailleuse. Il construit plusieurs petits oratoires en l’honneur de la Vierge Marie, où il va régulièrement demander pardon pour avoir fait de la peine à sa mère. Il possède un caractère franc et résolu qui le porte parfois à s’obstiner. Pour corriger ce fort caractère, sa première communion est décalée alors qu’il est premier en catéchisme, il retiendra la leçon. Très tôt, il pense au sacerdoce, il se fait remarquer au collège de Chartres par ses convictions religieuses : il refuse de se confesser à un prêtre assermenté.

 L’exécution de Louis XVI conduit son père à  se démettre de ses fonctions, il est alors emprisonné et dépouillé de tous ses biens, ce qui condamne sa famille à l’indigence. Avec sa mère, Charles se démène pour nourrir sa famille et fait tout ce qu’il peut pour libérer son père. Un jour, n’y tenant plus, il se rend au club révolutionnaire de Dreux et fait un plaidoyer tel qu’il obtient la libération de son père mais aussi celle d’une centaine de détenus ! L’épreuve a mûri Charles et l’a conforté dans sa vocation sacerdotale mais ses parents, effrayés par les souffrances endurées par les prêtres, s’y opposent. Charles tombe gravement malade, il fait le vœu de se consacrer à Dieu dans la voie sacerdotale s’il s’en remet. Le lendemain matin, il est tout à fait guéri.

 En 1803, il peut enfin entrer au séminaire de Sées. Le 9 juin 1805, en la fête de la Sainte Trinité, Charles est ordonné prêtre. Il est nommé vicaire de la paroisse Saint-Germain d’Argentan, paroisse déchirée entre les partisans de l’ancien évêque constitutionnel et les catholiques fidèles à Rome. Il travaille à y rétablir l’unité.

 L’abbé Desjardins, alors curé des Missions étrangères de Paris, demande à avoir l’abbé Desgenettes comme vicaire, et voici ce dernier envoyé à Paris, où il arrive en 1819. Dix ans plus tard, il accueille un nouveau vicaire, le futur Dom Guéranger, qu’il aidera dans son projet de restauration de l’ordre bénédictin en France.

 En 1832, l’abbé Desgenettes est nommé curé de Notre-Dame des Victoires. Depuis la Révolution, elle ne compte qu’une quarantaine de paroissiens sur quarante mille âmes ! En prise avec le découragement, il pense démissionner lorsque, le 3 décembre 1836, en célébrant la Messe à l’autel de la Sainte Vierge, il entend cette locution : « Consacre ta paroisse au Très Saint et Immaculé Cœur de Marie. » Une fois cette consécration faite, tout se transforme, son église devient le refuge des pécheurs. Il dresse les statuts d’une association de prière pour la conversion des pécheurs et invite les fidèles à venir aux Vêpres le 11 décembre. À sa grande surprise, pas moins de cinq cents personnes sont présentes. L’abbé Desgenettes comprend alors sa mission : entraîner les pauvres pécheurs aux pieds de Marie et combattre ainsi l’œuvre de Satan dans les âmes et dans la société. Il rend son âme à Dieu le 25 avril 1860.