Sainte Jeanne-Antide (1765-1826)
Une âme généreuse qui tiendra bon dans la tourmente de la Révolution… (2/2)
Suite de l'article du numéro (132) de novembre
Juin 1794. Les couvents ayant été dissous, Jeanne-Antide revient à Sancey. Les prêtres non jureurs ne peuvent pas exercer leurs activités au grand jour. Ils se cachent dans les grottes de ce pays montagneux. Toutes les nuits, la jeune fille parcourt des kilomètres pour leur porter des vivres ou les amener près des mourants.
Le dimanche, elle choisit un lieu isolé, et y fait venir le prêtre et les fidèles pour y recevoir les sacrements. Quand il ne peut pas venir, elle réunit les catholiques fervents, parfois dans sa propre maison, récite les prières de la messe, et tous s’unissent aux prêtres qui célèbrent dans le monde. Si quelqu’un la met en garde qu’elle pourrait être découverte, elle répond « Mon bon Dieu est avec moi ! ».
Pour l’éducation des enfants, elle ouvre une école dans une grange du village. « Je leur appris le catéchisme, la prière et la lecture. L’écriture, l’honnêteté et la modestie. »
Un jour, elle est dénoncée au comité de salut public. L’agent qui vient la chercher la trouve dans sa "classe" : « Ne vous donnez pas la peine de m’attendre, dès que j’aurai congédié mes écolières, j’irai. » Sur le chemin, elle répond à ceux qui s’inquiètent : « Soyez en paix, je n’ai pas peur. C’est la cause de Dieu, il l’a défendra. »
« - Que lis-tu dans tes assemblées ?
- L’Evangile, qui contient la loi et les devoirs des chrétiens.
- Qu’enseignes-tu aux enfants ?
- Le catéchisme, qui enseigne à connaître Dieu, à le prier, à l’aimer et à le servir en bon chrétien.
– Nous t’ordonnons d’instruire les enfants selon les lois constitutionnelles !
- Moi je vous déclare que je ne le ferai jamais, plutôt mourir ! Je veux instruire les enfants selon les lois chrétiennes ! »
Finalement, après l’avoir menacée, ils la laissent partir.
Mais Jeanne-Antide garde dans son cœur le désir de reprendre une vie religieuse. Elle rejoint sa sœur en Suisse, mais là n’est pas la volonté de Dieu. Elle rencontre le vicaire de l’évêque de Besançon, qui lui intime de rentrer au pays où la Révolution s’apaise, et de s’y mettre au service des pauvres dès que possible.
Revenue à Sancey, elle est repérée comme émigrée, on lui propose de prêter le serment de haine à la royauté. « Je ne hais personne, je ne le ferai pas !
-Tu ignores donc qu’il existe une commission militaire chargée de fusiller les émigrés ?
- Je ne serais pas tellement fâchée de mourir ainsi.
- C’est se suicider !
- Non, les soldats tueraient mon corps, moi je ne veux pas tuer mon âme. »
Alors ils la laissent partir. Sur les conseils d’un prêtre elle se cache. Bientôt, touché par son témoignage, l’un des membres du comité lui procure des papiers qui lui permettent de rentrer chez elle, sans être inquiétée.
La vie retrouvant peu à peu sa normalité, Jeanne-Antide s’installe à Besançon, où avec l’aide de Dieu, et de jeunes filles généreuses elle s’emploie à soulager la misère des corps et des âmes provoquée par la Révolution. La congrégation des Soeurs de la Charité s’étendit jusqu’à Naples, où Mère Jeanne-Antide mourut le 24 août 1826, et dont elle est la patronne secondaire.
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