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Les Provinciales de Monsieur de Montalte

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 135)

Mais qui se cache derrière ce pseudonyme et pourquoi?

Diffuser sous pseudonyme afin de gagner l’opinion publique sur un sujet précis

ne date pas d’hier. L’une de ces plus fameuses entreprises concerne

la rédaction par Blaise Pascal de dix-huit lettres appelées Les Provinciales.

 En 1655, les attaques contre Antoine Arnauld, le chef de file des jansénistes, se font de plus en plus virulentes, au point que la Sorbonne étudie la possibilité de le condamner. Le jansénisme, en ce temps, est un courant de pensée au sein de l’Eglise catholique, répandu essentiellement en France. Sa pensée porte, notamment, sur le rapport entre la grâce divine accordée aux hommes et la liberté humaine ; le jansénisme penchant du côté de la grâce. En effet, afin de laisser toute l’initiative du salut à Dieu, il est nécessaire pour eux que seule la grâce, donnée librement par Dieu, soit le moteur du salut. Ils étaient aussi en dispute continuelle avec les jésuites qui faisaient la promotion d’une morale casuistique, c'est-à-dire au cas par cas.

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 Antoine Arnauld envisage au début de l’année 1656 de rédiger, sous forme de lettre, une réponse à la Sorbonne, qui serait diffusée au grand public. Une fois rédigée, cette lettre est lue devant les intimes de l’abbaye de Port-Royal, dont Blaise Pascal. Cette lecture n’est suivie d’aucun applaudissement. Le Grand Arnauld se tourne alors vers Blaise Pascal et lui dit : « Mais vous, qui êtes jeune, vous devriez faire quelque chose. » Pascal accepte de rédiger seulement une ébauche qui serait ensuite retravaillée par d’autres. Or, le lendemain, la première lettre est entièrement terminée. Il repart vite vers Paris pour la faire imprimer sous un pseudonyme : Monsieur Louis de Montalte, qui écrit à l’un de ses amis, un provincial des jésuites. Elle est tirée à deux mille exemplaires et distribuée de main en main le 23 janvier 1656.

 Son succès est immédiat. Son style d’écriture rompt avec les usages de l’époque. Les phrases sont courtes pour rendre les raisonnements plus clairs et plus vivants. Et cela mélangé au comique et aux jeux de mots. Les dix-sept autres lettres sont rédigées en un peu plus d’une année. Les dernières sont imprimées en dix mille exemplaires alors que les premières sont déjà rééditées. Des personnes de toutes conditions les lisent.

 La police cherche, en vain, à faire stopper l’impression. Des perquisitions sont faites chez différents imprimeurs. Seulement, ces derniers prennent leurs précautions. L’impression se fait de nuit et les plaquettes sont cachées. Un jour, lors d’une descente de police, une plaquette n’avait pas encore été cachée.  L’épouse de l’imprimeur eut juste le temps de la mettre dans son tablier. La police cherche aussi à mettre un nom sur l’auteur. Pascal se fait alors discret. Il loge dans différentes auberges de Paris sous un autre nom. Il loge notamment dans l’auberge du roi David, en face d’un collège jésuite.

 Un jour où il retourne chez lui, un jésuite, qui le soupçonne d’être Monsieur de Montalte, l’interroge sur ce sujet. Pascal arrive à s’en sortir alors qu’il a dans sa poche le brouillon de la septième lettre. Le succès des Provinciales est total. L’opinion publique est acquise, ainsi que le clergé. Malgré tout, le jansénisme sera condamné, mais bientôt aussi la casuistique, les Provinciales ayant eu sûrement en cela une influence.

Crédits photos

Source: wikimédia > liens ici et

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