La forêt de Notre Dame
le surnom donné à la charpente de ND de Paris
Bonjour à tous et bienvenue dans In Altum, le journal le plus lu dans les chaumières ! En parlant de chaumière, il y a trois ans, la toiture de Notre Dame de Paris (qui n’a quand même pas grand-chose d’une chaumière…) brûlait un Lundi Saint. S’ouvre aujourd’hui l’immense chantier de la réfection de la charpente qui porte le surnom assez adapté de « la forêt ». Et elle le gardera, car sa réfection demande l’abattage de pas moins de 2000 chênes. Avec ses 140 mètres de longueur (nef et transept) sur 13 de largeur avec 10 de hauteur : on comprend un peu que cet enchevêtrement grandiose demande autant de bois…
Il s’agit d’une charpente gothique qui permet une plus forte inclinaison du toit ainsi qu’un déport des charges sur les côtés de l’édifice, ce qui en permet l’élévation. À quelques exceptions près du fait des avancées des connaissances, et qu’à la différence du Moyen-âge, on n’anticipe plus la coupe de 300 ans, la charpente sera refaite à l’identique, ainsi que la flèche de Violet le Duc.
La première phase consistait à prélever huit chênes de plus d’un mètre de diamètre sur une longueur de vingt, avec une courbure spécifique, afin de refaire l’assise (ou tabouret) de la flèche qui culminera à 96 mètres. Ces immenses poutres relieront également les quatre piliers de la croisée des transepts et sont donc des pièces maitresses pour la future charpente. Ces arbres sont plus que bicentenaires et pèsent plus de 15 tonnes. D’après un spécialiste, ce sont les plus beaux chênes de France et ont une valeur avoisinant les 10 000 euros. Sélectionnés non seulement en fonction de leur diamètre et de leur longueur exceptionnels (au moins un mètre sur une longueur de 20m), ils doivent aussi tenir la courbure spécifique de la charpente en cet endroit précis. Prélevés bien sûr en hiver afin d’éviter que le bois ne soit imbibé de sève, ils seront « ressuyés », c'est-à-dire mis au séchage pendant plus d’un an. Les troncs (ou grumes) seront ensuite acheminés vers les ateliers de charpentiers où ils seront assemblés « à blanc », c'est-à-dire sans être chevillés, avant de rejoindre Notre Dame en 2023.
Il faudra attendre l’automne prochain pour prélever les autres chênes destinés à repeupler « la forêt ». Ils seront évidemment moins imposants, mais quand même feront entre 50 cm et un mètre de circonférence. L’ensemble du bois est offert à la gloire de la France et de Notre Dame ! Les grumes arriveront pour ainsi dire de tout le pays et seront amenés dans des centres de stockage aménagés pour l’occasion, où ils continueront à sécher.
Cette coupe destinée à la réfection de la cathédrale, emblème de la France, ravagée par le feu, ne correspond qu’à 0,1% de la récolte annuelle de bois de chêne français. Pour vous donner une idée, la surface boisée a doublé en France en 150 ans, et notre pays compte quand même un petit stock de plus d'un milliard d'arbres, qui de plus augmente chaque année du double du prélèvement annuel.
On espère que la France pourra se relever bientôt de ses cendres et nous comptons surtout sur Notre Dame pour qu’elle retrouve sa beauté première !
Crédits photos :
Auteur : Bernard Hasquenoph – Travail personnel, CC BY-SA 4.0 > ici le lien
Auteur : Michel Hasson > ici le lien
Source : pixnio > ici le lien