L’Eglise en France dans la tourmente
Cette année, la rencontre automnale des évêques de France à Lourdes a été le théâtre d’un triste et éprouvant spectacle. En effet, alors que l’opinion publique avait déjà été alertée par les révélations scandaleuses au sujet de Mgr Santier, ancien évêque de Créteil, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a annoncé le 7 novembre dernier qu’onze évêques ont été mis en cause devant la justice civile ou la justice de l’Église pour des implications directes ou indirectes dans des affaires de mœurs. Au même moment, le cardinal Jean-Pierre Ricard (ci-dessous), ancien archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, reconnaissait publiquement avoir commis des actes gravement répréhensibles alors qu’il était curé de paroisse. À cette cascade de mauvaises nouvelles se sont ajoutés les tristes aveux d’un autre évêque autrefois influent : Mgr Jean-Pierre Grallet, qui fut pendant des années à la tête de l’archidiocèse de Strasbourg.
Comme cela a été abondamment rappelé ces derniers jours, il appartient maintenant à la justice pénale et canonique de faire l’entière vérité sur ces sombres affaires. Cependant, tout porte à croire que l’on gagnerait également à se rappeler le célèbre mot d’un autre évêque français, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704), qui dit un jour que « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Or, quelles sont les causes profondes des scandales que déplore notre Eglise de France ? Benoît XVI, alors pape émérite, était sorti de son silence pour les pointer dans ses lumineuses Notes sur les racines des abus, publiées le 11 avril 2019. Pour le pape allemand, la principale cause du scandale des abus était la dilution de la foi, la relativisation des normes morales et le manque d’esprit surnaturel chez les clercs. Ainsi, s’il est juste de rappeler que la grâce ne supprime pas la nature, et donc que la charité suppose la justice, il faut aussi ajouter que la nature sans la grâce ne fonctionne pas davantage. D’où certainement l’urgence des urgences pour notre Eglise, celle-là même que nos pasteurs ont la mission de rappeler : la conversion de chacun des membres du corps ecclésial. Qu’il nous soit donc permis d’inviter nos lecteurs à lire ou relire ce texte fondamental de Benoît XVI et à le diffuser autour d’eux.
Crédit photo : © Catho Bordeaux