Il a souffert sous Ponce Pilate...
Après avoir évoqué la Nativité, le commencement de l’histoire humaine de Jésus, le Credo passe directement à sa Passion. Toute l’enfance et le ministère de Jésus sont passés sous silence : c’est dire l’importance accordée à chacun des mots du Credo. Essayons d’approfondir ceux qui nous sont proposés en ce mois.
« A SOUFFERT »
Cela est tellement évident pour nous… Jésus a tellement souffert…et pourtant ! La souffrance n’est-elle pas le signe de la faiblesse humaine, de sa nature transitoire, le fruit du péché ? En effet, parce que Jésus est Dieu, il n’est pas simple d’affirmer qu’il a souffert, puisque la souffrance est une faiblesse, et que Dieu n’en souffre aucune. Mais c’est là que réside la merveille du Christianisme : par la Passion de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, nous voyons que Dieu lui-même vient partager pleinement notre condition, sauf le péché, mais jusque dans la souffrance. « SOUS PONCE PILATE » : Jean Guitton racontait : «... Je me souviens que mon vieil ami Couchoud qui avait philosophé toute sa vie sur l’Evangile, me disait : J’admets tout le Credo sauf ‘Sub Pontio Pilato’. » Quelle est donc la singularité de cette mention, qui fait qu’un homme intelligent puisse la rejeter, elle et elle seule ? A bien y regarder, le Credo pourrait nous apparaître comme le résumé très condensé d’une fable, d’un mythe, d’une idéologie faisant passer son message sous la forme d’une histoire réelle (il est né, il a souffert…) mais qui n’aurait pas de prise avec la vérité historique. P-L Couchoud aurait admis le récit du mythe exprimant une vérité d’ordre spirituel ou philosophique, mais Jésus ne pouvait pas avoir, pour lui, une existence historique C’est pourquoi cette assertion « sub Pontio Pilato » est pour nous très importante. Elle seule, dans tout le Credo, vient inscrire fermement l’enracinement de l’Évangile dans l’histoire concrète de l’humanité, à une époque déterminée et connue, dans un lieu précis de la terre. Notre Foi n’est pas seulement une sagesse, elle est un événement : Jésus ! « A ETE CRUCIFIE, EST MORT, A ETE ENSEVELI » : Ces trois notes du Credo nous permettent d’approfondir notre Foi. « Ce n’est pour rire que je t’ai aimé » avait dit Jésus à Ste Angèle de Foligno. Jésus, le Fils de Dieu, témoigne de l’amour de Dieu pour nous en allant jusqu’à la mort la plus infâme et humiliante qui soit à l’époque romaine : la Crucifixion ! Sa mort et son ensevelissement nous disent qu’il n’a pas fait semblant d’être homme, qu’il n’a pas revêtu notre humanité comme on revêt un déguisement. « EST DESCENDU AUX ENFERS » : Les enfers, au pluriel, désignent le séjour des âmes des justes de l’Ancien Testament, qui ne pouvaient parvenir à la Béatitude Céleste, puisque le salut n’avait pas été accompli. Par cette descente aux Enfers, Jésus va annoncer l’Évangile à toutes ces âmes : Par ma mort, je suis vainqueur de la Mort, et je vous sauve de la mort !