Une aventure monastique : l’histoire de la Germalyne
Fondée en 1132 dans l’Allier, l’abbaye trappiste de Sept-Fons a connu une histoire riche en péripéties de tous ordres. Après la Révolution française, l’abbaye peine à se relever, et c’est à Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de 1899 à 1934, qu’elle doit son renouveau. Outre une impulsion spirituelle très féconde et une action courageuse auprès des politiques pour éviter certains effets des lois anticléricales tout juste votées (on pense notamment à son intervention auprès de Georges Clémenceau), ce nouveau père abbé va conduire son monastère vers la prospérité économique. Les finances de l’abbaye sont alors dans le rouge. Quelques années plus tôt, une expérience malheureuse de brasserie (en un pays de vin) a entraîné de lourdes difficultés.
En 1930, il lance, à l’initiative d’un frère meunier, un complément alimentaire à base de germe de blé, la Germalyne. Le père abbé voit dans cette idée inédite une inspiration de la Providence. Et il semble qu’il ne se soit pas trompé.
Le germe, qui représente 3% du grain de blé, à côté du son (l’enveloppe) et de l’amande, est riche en protéines et en vitamines. Les consommateurs de Germalyne, qui se décline sous différentes formes, sont apparemment unanimes pour en vanter les bienfaits au quotidien dans un large panel de domaines : carences en fer, fortification des muscles, problèmes liés à la digestion, au diabète, perte des cheveux, etc.
Encore de nos jours, elle est l’un des produits phares de l’artisanat monastique en France. En effet, contrairement aux produits de certaines autres abbayes, qui sous-traitent la fabrication, ce sont les moines eux-mêmes qui en assurent la production à tous les niveaux. Avec près de soixante-dix hectares de champs de blé, sachant qu’il faut 1200 kg de blé pour produire 1 kg de Germalyne, on comprend que les récoltes des moines comptent toutefois pour une part infime de la matière première, qui provient en fait de toute la France. En revanche, c’est bien le « Moulin de la Trappe », entièrement géré par les moines, qui assure la fabrication de ce produit et de tous ses dérivés. Aujourd’hui, c’est le moulin qui assure l’essentiel des revenus de l’abbaye.
« Ora et labora »
Cette devise que saint Benoît a laissée à ses moines, et que le fondateur de la branche trappiste a voulu restaurer dans toute sa pureté en 1098, est vécue avec rigueur à Sept-Fons. Le travail agricole ne représente que quatre heures par jour, donc il ne faut pas chômer, d’autant plus que cette activité intègre aussi l’exploitation d’autres cultures que le blé, l’élevage de vaches laitières et l’entretien d’un grand potager et de vergers. Équipés de machines modernes et performantes, les quatre-vingt-cinq trappistes sont à la tête d’une véritable entreprise entièrement remise entre les mains de la divine Providence et de saint Joseph.
La Germalyne : un complément alimentaire efficace, et dont les bénéfices sont directement affectés à la vie d’hommes ayant livrés leur vie pour Dieu et pour l’Église.
Crédit photos : © Abbaye de Notre-Dame Sept-Fons