Benoît XVI, Pape courage !
Du 22 au 25 septembre, Benoît XVI a rencontré des dizaines de milliers de fidèles, et des autorités politiques et religieuses. Il a prononcé dix-sept discours, présidé une veillée avec les jeunes et s'est rendu dans trois villes, Berlin, Fribourg et Erfurt. Revenons sur trois points-clefs de ces journées intenses : - Jeudi 22 septembre, le Pape a prononcé au parlement, à Berlin, un discours très remarqué sur « les fondements de l'État de droit libéral » : « Comment pouvons-nous distinguer entre le bien et le mal, entre le vrai droit et le droit seulement apparent ? ». Pour Benoît XVI, les critères du « vrai droit » trouvent leur origine dans « la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome – la rencontre entre la foi au Dieu d'Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome ». Contestée avant sa venue, son intervention a été longuement applaudie par les députés. - Aux catholiques allemands, Benoît XVI a dit des vérités difficiles. La crise de l’Église en Occident est selon lui une crise de la foi ; ainsi, lors de la veillée avec les jeunes, Benoît XVI a redit sa conviction : « Le préjudice pour l'Église ne vient pas de ses adversaires, mais des chrétiens attiédis. » Cependant, aux jeunes allemands, le pape a aussi adressé un message très encourageant en les appelant à la sainteté. - Dernier point : Benoît XVI a souligné la proximité doctrinale avec les orthodoxes : « Nous pouvons espérer ainsi que ne soit pas si loin le jour où nous pourrons de nouveau célébrer l'Eucharistie ensemble ». Ceci a, par contraste, fait ressortir la distance qui nous sépare encore avec les communautés protestantes… (Lire dans la double page les extraits des différents discours)
Homélie à Berlin
« Chers sœurs et frères! Je vous souhaite, ainsi qu’à nous tous, de découvrir toujours plus profondément la joie d’être unis au Christ dans l’Église – avec tous ses besoins et toutes ses obscurités –, de pouvoir trouver dans vos besoins réconfort et rédemption et que nous tous puissions devenir toujours le vin délicieux de la joie et de l’amour du Christ pour ce monde. » (Jeudi 22 septembre)
Homélie à Freiburg
« [la charité] demande avant tout une compétence objective et professionnelle. Mais dans l’esprit de l’enseignement de Jésus il faut plus : le cœur ouvert, qui se laisse toucher par l’amour du Christ, et donne ainsi au prochain, qui a besoin de nous, plus qu’un service technique : l’amour, dans lequel se rend visible à l’autre le Dieu qui aime, le Christ. Alors interrogeons-nous aussi à partir de l’Évangile d’aujourd’hui : comment est ma relation personnelle avec Dieu, dans la prière, dans la participation à la messe dominicale, dans l’approfondissement de la foi par la méditation de la sainte Écriture et l’étude du Catéchisme de l’Église catholique ? Chers amis, le renouveau de l’Église, en dernière analyse, ne peut se réaliser qu’à travers la disponibilité à la conversion et à travers une foi renouvelée. » (Dimanche 25 septembre)
Rencontre avec les catholiques engagés dans la société
« Est-ce que, par hasard, l’Église ne doit pas changer ? Est-ce que, par hasard, dans ses services et ses structures, elle ne doit pas s’adapter au temps présent, pour rejoindre les personnes d’aujourd’hui qui sont en recherche et dans le doute ? À la bienheureuse Mère Térésa il fut demandé un jour de dire quelle était, selon elle, la première chose à changer dans l’Église. Sa réponse fut : vous et moi ! […] Dans le développement historique de l’Église se manifeste aussi une tendance contraire : c’est celle d’une Église qui est satisfaite d’elle-même, qui s’installe dans ce monde, qui est autosuffisante et s’adapte aux critères du monde. Elle donne assez souvent à l’organisation et à l’institutionnalisation, une importance plus grande qu’à son appel à l’ouverture vers Dieu, qu’à l’espérance du monde pour l’autre. […] Pour correspondre à sa véritable tâche, l’Église doit toujours de nouveau faire l’effort de se détacher de sa « mondanité » pour s’ouvrir à Dieu. C’est ainsi qu’elle suit les paroles de Jésus : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jn 17, 16), et c’est ainsi qu’Il se donne au monde.» (Dimanche 25 septembre)
Discours au laïcat catholique allemand
« En Allemagne, l’Église est organisée de manière excellente. Mais, derrière les structures, se trouve-t-il aussi la force spirituelle qui leur est relative, la force de la foi au Dieu vivant ? Sincèrement nous devons cependant dire qu’il y a excédent de structures par rapport à l’Esprit. J’ajoute : la vraie crise de l’Église dans le monde occidental est une crise de la foi. Si nous n’arrivons pas à un véritable renouvellement de la foi, toute la réforme structurelle demeurera inefficace. » (Samedi 24 septembre) « Je voudrais encourager l’Église en Allemagne à continuer avec détermination et confiance le chemin de la foi qui fait revenir les personnes aux racines, au noyau essentiel de la Bonne Nouvelle du Christ.
Veillée avec les jeunes
« Chers amis, le Christ ne s’intéresse pas tant au nombre de fois où nous trébuchons dans la vie, mais bien au nombre de fois où, avec son aide, nous nous relevons. Il n’exige pas des actions extraordinaires, […]. Il ne vous appelle pas parce que vous êtes bons et parfaits, mais parce qu’il est bon et il veut faire de vous ses amis. […] Chers amis […] une bougie peut donner de la lumière seulement si elle se laisse consumer par la flamme. Elle demeurerait inutile si sa cire n’alimentait pas le feu. Permettez que le Christ vous brûle, même si cela peut parfois signifier sacrifice et renoncement. Ne craignez pas de pouvoir perdre quelque chose et de rester à la fin, pour ainsi dire, les mains vides. Ayez le courage de mettre vos talents et vos qualités au service du Règne de Dieu et de vous donner vous-mêmes – comme la cire de la bougie – afin que par vous le Seigneur illumine l’obscurité. Sachez oser devenir des saints ardents, dans les yeux et dans les cœurs desquels brille l’amour du Christ, et qui, de cette manière portent la lumière au monde. J’ai confiance que vous, et beaucoup d’autres jeunes ici en Allemagne, êtes des flambeaux d’espérance, qui ne restent pas cachés » (Samedi 24 septembre)