In Altum

Notre-Dame des Neiges, formez nos cœurs à votre image

Saint Frère Albert (1845-1916) … ou quand l’art et Dieu se disputent une âme. (Suite et fin.)

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 25)

Nous avons laissé Adam Chmielowski, déjà peintre célèbre à 24 ans, en pleine séance de spiritisme à Cracovie, alors que l’énorme table du salon commence à faire des bonds prodigieux. Il racontera plus tard : « Mme Siemienska n’y tint plus, elle lança son chapelet sur la table tournante. Nous entendîmes alors comme une détonation de pistolet et la table s’arrêta net. Lorsqu’on ralluma les lumières, nous vîmes qu’elle était fendue en deux ».  Ce jour-là, c’est aussi l’incrédulité d’Adam qui se fissura pour toujours. Pour lui commence alors une vie partagée entre l’art, la prière et une intense réflexion sur l’Art et Dieu. Il en naîtra des écrits et des tableaux, dont le plus impressionnant demeure son « Christ aux outrages » qu’il emporte toujours avec lui. Puis vient le coup de foudre pour St François d’Assise à travers la règle du Tiers-Ordre : vivre l’Évangile à la lettre, voir le Christ humilié dans les pauvres ! Tout en restant dans le monde, Adam devient frère Albert et revêt une bure grise. Pour la bonne société polonaise, il est devenu fou, et c’est bien la folie de l’Amour qui désormais le conduit… Ne voilà-t-il pas qu’il accueille des clochards dans son atelier et que non seulement il les épouille, les habille, leur trouve du travail, mais il ne leur cache même pas où il range son argent ! Les voisins ne tardent pas à se plaindre, mais pour rien au monde ces miséreux ne voudraient retourner dans leur asile de nuit, le « chauffoir ». « Emmenez-moi là-bas. » leur demande Fr. Albert. « Vous n’y pensez pas : c’est un enfer ! Ils vous tueront. » Que faire ? Dans l’immédiat, il lui faut de l’argent pour ses pauvres. Or des Pères ont justement besoin qu’on repeigne leur grand crucifix. Que s’est-il passé alors entre Jésus crucifié et Frère Albert ? Il considérera toujours ce crucifix comme une relique et se débrouillera plus tard pour l’acquérir. En fait Jésus lui a parlé, le reste appartient au secret de la confession. Toujours est-il qu’un soir, il laisse là ses pinceaux et ses toiles et il part vivre au « chauffoir ». « Fiche le camp ou on te balance ! » « S’il n’a pas où dormir, il a bien le droit de rester ! ». On se bagarre, puis on remet la question au lendemain car on a sommeil. Cette nuit-là, deux réalités tinrent Fr. Albert éveillé : Dieu et les p Dans sa spiritualité, Frère Albert a uni St François et St Jean de la Croix. Par humilité il ne voudra pas être prêtre ; il sera néanmoins un vrai Père spirituel, apprécié d’un grand nombre pour sa sagesse et sa bonté. « Aviez-vous le droit d’abandonner l’art ? » lui demande une jeune fille d’un petit ton scandalisé. Frère Albert rit : « Voyez-vous, Mademoiselle, si j’avais deux âmes, je peindrais avec l’une et je ferais le reste avec l’autre, mais puisque je n’en ai qu’une, il a bien fallu que je choisisse ce qui est le plus important… » Un de ses amis : « Vous vous tuez à petit feu ! » « Que donnerai-je aux pauvres si je ne me donne moi-même ? » Frère Albert est mort le jour de Noël, sa fête préférée. Pendant son agonie, il a voulu transmettre une dernière fois le cœur de son message, de quoi nous bousculer si l’on songe que nous sommes en pleine 1ère guerre mondiale : « Tout ce que Dieu fait et tout ce qu’Il permet est pour notre bien, et tout est grâce. »

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