Une révolution cosmologique ? Comme son nom l’indique, c’est : une révolution – un grand bouleversement – cosmologique – qui concerne notre représentation du monde. De telles révolutions ont déjà eu lieu dans notre histoire. Elles illustrent le fonctionnement des sciences naturelles : tout modèle doit être confirmé par l’expérience.

Nicolas Copernic, le savant qui a changé notre vision du monde en plaçant le soleil au centre de l'univers.  L’exemple le plus remarquable date du XVI^e siècle : la « révolution copernicienne ». Que s’est-il passé ? Au IV^e siècle avant JC, Aristote avait utilisé toutes les ressources de l’observation et de la raison pour décrire le monde. La Physique qu’il nous a laissée a comblé les attentes de l’humanité pendant près de deux millénaires. Ses thèses furent traduites en langage mathématique par un astronome de génie, Ptolémée, dont les éphémérides* restaient la référence des grands navigateurs de la Renaissance. Pour lui, la Terre était au centre et en bas du monde, et les astres fixés sur des demi-sphères tournant autour. Jusqu’au XVI^e siècle, les gens vivaient heureux au sein d’un univers fermé et centré.

Mais voilà qu’à la Renaissance, les découvertes astronomiques ne collent plus avec le vieux géocentrisme. Le monde est déboussolé. Le médecin polonais Copernic propose alors un nouveau modèle, centré sur le Soleil. L’hypothèse sera-t-elle validée ? Pour cela, elle doit être vérifiée. Galilée se met au travail. Ses observations confirment l’héliocentrisme. Désormais, la Terre n’est plus le centre de l’univers. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », s’exclame Pascal. Un tournant définitif est franchi : c’est l’avènement de la modernité. La théorie c'est quand on sait tout et que rien fonctionne. La pratique c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.

Depuis, la science n’a cessé d’affiner sa représentation du monde. Du côté cosmologique la théorie de la relativité d’Einstein a généralisé le modèle de Galilée et de Newton en décrivant un univers fini et en expansion. Du côté microscopique la physique quantique et la « théorie des champs » ont conduit à élaborer le « Modèle Standard » qui permet d’ordonner la multitude de particules découvertes avec les accélérateurs.

En septembre 2011, des physiciens italiens ont annoncé un résultat stupéfiant : certains neutrinos se déplaceraient plus vite que la lumière. Selon les théories actuelles, cela est impossible. Qui se trompe ? Le modèle ou l’expérience ? Par ailleurs, en décembre 2011, les physiciens du LHC* ont annoncé avoir observé un signal qui pourrait correspondre au boson de Higgs. Postulée dans les années 1960, cette particule clef du Modèle Standard qui permet d’expliquer comment les autres particules acquièrent une masse, n’ayant encore jamais été détectée, avait été surnommée la « particule de Dieu ». Les prochains tests devraient apporter des éléments nouveaux avant fin 2012. S’en suivra-t-il une nouvelle révolution cosmologique ?  Affaire à suivre… Glossaire : - Ephémérides : du grec Ephèméris (Journal), tables astronomiques par lesquelles on détermine, pour chaque jour, les positions des astres dans le ciel. - LHC : de l’anglais Large Hadron Collider, gigantesque collisionneur de particules conçu pour étudier les composants fondamentaux de la matière, il est le plus grand instrument jamais construit pour valider des théories physiques.