In Altum

Notre-Dame des Neiges, formez nos cœurs à votre image

Edmond Michelet (1899-1970) (II)

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 33)

Pour la 1ère partie cliquez ici

« L’entière cohérence des convictions et des actions. »  (hommage du Card. Daniélou).

Edmond est déporté au camp de Dachau : 21 mois de charité héroïque. En chacun de ses frères déportés, il voit le visage du Christ crucifié. Aux malades, qu’il visite sans relâche, il réussit, au risque de sa vie, à porter l’Eucharistie. « Pour un laïc chrétien, n’est-ce pas une promotion inouïe que de se voir, indigne, promu au rôle d’un Tarcisius ? » (Discours au Congrès Eucharistique de Munich, 1960) Alors même que le but des Nazis était d’entretenir la haine parmi les déportés, il s’emploie à maintenir chez les Français le sens de la dignité et de la solidarité. Le secret de sa force intérieure ? L’Eucharistie et la Vierge Marie, les deux amours de toute sa vie : « Je voudrais dire la véritable découverte que beaucoup de déportés ont faite, de cet extraordinaire personnage de la Foi catholique qu’était la Vierge Marie. Dans un univers inhumain, dans l’océan de haine qui prétendait nous submerger, l’humaine tendresse, la bonté inépuisable et si accessible de Marie nous furent souvent cause de joie. Dans la contemplation de la Vierge au pied de la Croix, nous découvrions un sens nouveau à notre misère. Mieux encore, à méditer sur son inlassable intercession, nous comprenions de plus en plus ce que pouvait être notre propre attitude tant dans ‘les jours de notre mort’ que lorsque, plus tard, se régleraient les comptes. » (Rue de la Liberté, ch. XI).  Un témoin présent à la libération de Dachau a pu écrire : « Jamais je n’avais vu émaner d’un homme un tel rayonnement de bonté au milieu d’autant de souffrances et de misères, et jamais je n’aurais imaginé qu’un regard si dépourvu de haine puisse se poser sur l’ennemi vaincu. »  « Un homme d’Etat ne peut dissocier sa vie privée et sa vie politique : il faut vivre comme on pense »   (Article de 1965). Après la guerre, le Gal de Gaulle le nomme ministre des Armées. Il restera engagé dans la vie politique jusqu’à sa mort, le 9 octobre 1970. Il n’oublia jamais qu’en langage évangélique, ministre veut dire serviteur. Il allait à la messe tous les jours. En 1955, lors d’une mission en Chine communiste, à la grande surprise de ses hôtes, il demanda et obtint d’y assister : il était pour lui hors de question d’être privé de l’Eucharistie où qu’il soit. Lorsqu’à la fin de sa vie, à bout de forces, il fut nommé Ministre des Affaires culturelles, il prit l’habitude de dire un Ave sur chaque marche de l’escalier menant à son bureau, en souvenir de ses nombreux pèlerinages à N.D. de Rocamadour. Un dernier témoignage, celui de sa petite-fille Agnès Brot : « Avec Mamé, il amenait chaque année à Rome 2 de leurs 40 petits-enfants. Je me rappelle (comme tous mes cousins germains) ces brusques coups de volant de Papa Mond se tournant vers Mamé : ‘Mimi, embrasse-moi ou je m’arrête.’ Ils avaient 68 ans et leur amour conjugal était aussi frais qu’au premier jour : quel exemple pour nous ! (…) Plusieurs personnes m’ont indiqué qu’ils vivaient différemment depuis leur rencontre avec lui. »  Edmond Michelet nous invite à la fidélité - fidélité à l’Eglise, fidélité à nos engagements - et à l’unité de notre vie spirituelle et temporelle : « Nos fidélités sont des citadelles », écrivait Péguy qui était son Maître.

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