Avant d’être Pape, Mgr Roncalli étant nonce en Turquie apprit sa nomination comme nonce à Paris : il se sentait indigne de cette difficile mission. Passant par Rome, au Vatican, il montra très peu d’empressement et dit : « Quel est le fou qui m’a envoyé là-bas ? ». Il fut tout confus en apprenant qu’il s’agissait Pie XII. Il assista à une séance solennelle à l’Académie française : « C’est un bel endroit impressionnant : on y entend de belles choses. Malheureusement, les banquettes ne permettent de s’asseoir qu’à un demi-nonce. » Avant de quitter Paris, tout nouvellement cardinal, il ignorait qu’il allait être nommé à Venise et craignait par-dessus tout une affectation à la Curie romaine. Comme on s’étonnait de cette humilité « excessive », il glissa dans un sourire : « Si vous croyez que c’est drôle de retourner auprès du patron ! » Jean XXIII surprit dans les rues de Rome ce propos d’une passante à sa voisine : « Mon Dieu ! Qu’il est gros ! ». Il se retourne et lui dit : « Mais vous savez, Madame, le conclave, ce n’est pas un concours de beauté ! » Jean XXIII riait lui-même de sa rondeur. Au président Herriot, entre autres, il disait, en lui désignant son propre embonpoint : « Hé ! Nous sommes du même arrondissement ! » L’accès du public à la coupole de Saint-Pierre était interdit pendant que le Pape se promenait dans les jardins du Vatican. Jean XXIII fit supprimer cette restriction en déclarant : « Mais pourquoi donc les fidèles ne pourraient-ils me voir ? Je ne fais rien de scandaleux… » Une autre fois, un diplomate nouvellement accrédité au Saint-Siège est reçu par le Pape. Il lui demande combien de personnes travaillent au Vatican. « Oh ! Pas plus de la moitié », répond Jean XXIII. « Il n’y a que deux solutions possibles, disait le Pape, pour être un bon diplomate : ou bien être muet telle la taupe, ou bien loquace au point que ses propos perdent toute importance. Etant donné que je suis Italien, je préfère la deuxième méthode. » Le Pape commentait les statues de Saint Pierre et Saint Paul se trouvant sur la place du Bernin : « Le premier pointe l’index de sa main droite vers le sol ; ce qui veut dire : « Ici on fait les lois. » Le deuxième tend l’index vers l’horizon, c'est-à-dire : « C’est là-bas, au loin, qu’on les applique ! » Au cours d’une audience, Jean XXIII reconnaît le Révérend Père Pignatello, aumônier général de l’armée italienne sous les ordres duquel il a servi pendant la guerre alors qu’il n’était encore que l’abbé Roncalli. L’aumônier s’agenouille pour embrasser l’anneau du Pape. Alors le Pape se met au garde-à-vous fait le salut militaire et lui dit dans un sourire : « Sergent Roncalli ! A vos ordres, mon général ! ». Le soir où il annonça le Concile, le Pape raconte qu’il avait peine à trouver le sommeil : « Giovanni, pourquoi tu ne dors pas ? C’est toi le pape, ou le Saint-Esprit qui gouverne l’Eglise ? C’est le Saint-Esprit, n’est-ce pas ? Eh bien ! Dors, Giovanni ! »