In Altum

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La mouche du coche !?! MOI ???

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 57)

On voit bien que vous n’y connaissez rien, je suis une drosophile, DRO-SO-PHILE 

Rien à voir avec ma cousine, la mouche domestique qui a sans doute inspiré la fable dont vous m’affublez… Sans me vanter, je suis bien plus fine et élégante qu’elle, en un mot… bien plus distinguée ! Bien sûr, nous sommes de la même famille, la famille des diptères car nous n’avons qu’une seule paire d’ailes, bon nombre d’insectes volants en ayant deux. Chez nous, la 2e paire d’ailes s’est transformée en petites spatules appelées altères qui assurent notre équilibre en vol. Mais je suis bien plus petite qu’elle, environ 2 mm, et mes deux grands yeux rouges ressortent bien mieux sur ma robe plus claire que la sienne. On m’appelle parfois « moucheron », ou « mouche du vinaigre » ou encore « mouche du fruit » en Outre-Manche (fruitfly) mais vous pouvez m’appeler Drosophila melanogaster (drosophila = qui aime la rosée, melanogaster = ventre sombre car mon abdomen se termine par une tâche sombre), mon nom scientifique, car… je suis une star dans le monde scientifique !!! Ah, vous ne le saviez pas ? Je fais pourtant la Une de bien des revues, par exemple dans le dernier Science… ah, vous ne lisez pas Science ??? Dommage… enfin, si vous avez une minute, je peux vous raconter comment cela m’est arrivé… C’est Mr Thomas H. Morgan qui, dès 1908, le premier nous étudia. Grâce à nous, il put mettre en évidence les principes de l’hérédité dans la reproduction entre un mâle et une femelle, c’est-à-dire la transmission de caractères des parents aux enfants grâce aux chromosomes (le support des gènes). Il reçut pour cela un prix Nobel de médecine en 1933. Dès lors, mes sœurs et moi sommes devenues la coqueluche de nombreux laboratoires de génétique et de développement, et même d’études comportementales ! Il faut dire que nous avons de nombreux atouts pour cela. Tout d’abord, depuis maintenant un siècle d’études à notre sujet, une multitude de données et de techniques ont été accumulées pour travailler avec nous. En 2000, notre génome (170 millions de paires de bases d’ADN réparties sur 4 paires de chromosomes) a été complètement séquencé et sur nos 15 000 gènes, 75% sont en commun avec les vôtres… Vous comprenez alors que, même en étant un très petit organisme, nous sommes de très bons modèles pour étudier l’influence de tel ou tel gène dans une maladie génétique, un cancer, une maladie neuro-dégénérative… D’ailleurs notre petite taille et notre régime alimentaire rudimentaire (à base de sucre et de levure) permettent de nous élever facilement en grand nombre à l’intérieur de petits tubes munis d’un milieu nutritif. Notre cycle de reproduction très court - 12 jours environ pour passer d’un embryon à un adulte capable de se reproduire à son tour - permet l’étude de nombreux croisements, jusqu’à 25 générations en un an, contre une tous les 25 ans chez vous : pas mal non ? Et en croisant des drosophiles génétiquement modifiées pour un gène A avec d’autres modifiées pour un gène B, les chercheurs peuvent étudier l’effet cumulé des gènes A et B… En plus, nous ne mordons pas, ne piquons pas, ne crions pas… le rêve, quoi ! Cela vous explique pourquoi nous sommes les héroïnes de plus de 100 000 publications scientifiques ! Si je vous disais qu’on peut même m’utiliser pour étudier la formation des muscles vous me croiriez ? Et pourtant c’est vrai, on en a même entendu parler jusqu’à Saint Pierre de Colombier... Allez-y, vous verrez ! Théophile la drosophile

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