In Altum

Notre-Dame des Neiges, formez nos cœurs à votre image

Bienheureuse Anne-Marie Javouhey (1779-1851) (2/2)

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 58)

Pour lire la 1ère partie, cliquer ici

Une âme au cœur missionnaire...

« J’aime les Noirs ! » disait souvent la mère Javouhey avec sa spontanéité naturelle. Et de fait ! Les années qu’elle passa au Sénégal furent peut-être les plus belles de sa vie. Enfin, à 43 ans, se réalisait pour elle le songe qu’elle avait eu lorsque, jeune fille, elle suppliait Dieu de lui faire connaître sa volonté. Ces Noirs étaient vraiment « les enfants que Dieu lui donnait ». Pour eux, pour en faire des chrétiens, cette bourguignonne pleine de bon sens et de réalisme n’épargna rien et se fit bâtisseuse. Elle fonda un hôpital, une exploitation agricole… et bien d’autres choses encore. Malgré tout ce qu’on put lui dire, chez elle, tous étaient traités pareillement, sans distinction de couleur de peau. Elle envoya même trois jeunes sénégalais en France pour qu’ils puissent y faire leur séminaire.L’un deux, avant de réembarquer pour l’Afrique, dit la messe devant le Roi Louis-Philippe, qui était, comme on le sait, plein d’admiration pour la Mère Javouhey, « ce grand homme ». Lorsque, les affaires de sa congrégation grandissante l’exigeant, elle dut quitter sa chère Afrique et réembarquer pour la France, des milliers de Noirs l’accompagnèrent jusqu’au port… On en vit même certains baiser les traces de ses pas. Dès lors, ce que fut son activité dépasse l’imagination ! Les demandes de fondations se multipliant, ses filles, revêtues de leurs robes bleues de vendangeuses, s’en allèrent aux quatre coins du monde et la mère fondatrice était toujours prête à s’embarquer - malgré le mal de mer dont elle souffrit toute sa vie ! - pour donner un coup de main à une fondation naissante.  Elle semblait être partout et y laisser un souvenir impérissable. Ainsi, quand on dit aux Noirs de la Mana (Guyane) d’élire un député, on eut beau leur expliquer que les femmes n’étaient pas éligibles, ils votèrent en masse pour la Mère Javouhey, manifestant leur reconnaissance à celle qui, plusieurs années avant, les avait sortis de la misère de l’esclavage en créant pour eux des villages où ils pouvaient vivre de leur travail. A cette vie si pleine, rien ne manqua, pas même l'épreuve. Epreuve douloureuse entre toutes puisqu'elle lui vint de l'Eglise qu'elle avait pourtant toujours servie de tout son cœur !  On lui apprit un jour qu'elle était, par volonté de Rome, écartée des sacrements ! Comment cela était-il donc possible ?!? En fait, la sanction, qui fut vite levée, avait été obtenue par le très autoritaire évêque d'Autun qui, alors qu’il s’était mis en tête de s’autoproclamer supérieur général des sœurs de Cluny, n’avait pas accepté le refus formel de la fondatrice et Mère de la congrégation ! Celle-ci se montra une nouvelle fois admirable, s’abandonnant toute entière à Dieu : « Je n’ai plus que Vous, c’est pourquoi je viens me jeter dans vos bras » et disant à ses filles : « Il faut prier pour notre évêque. C’est aussi un de nos bienfaiteurs puisqu’il nous donne l’occasion de souffrir ». L’évêque mourut d’ailleurs peu après, réconcilié avec celle qu’il avait si injustement fait condamner. Au printemps 1851, la Mère Javouhey est si faible qu’elle doit renoncer à partir pour Rome où le pape Pie IX aurait pourtant tellement désiré la voir. Le 15 juillet, elle mourut comme elle avait vécu, debout, sans agonie. Elle laissait derrière elle une communauté florissante et le souvenir vivace d'une des plus étonnantes figures féminines que l'histoire des missions ait connu.

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