Sainte Jehanne d’Arc, le retour !
Après 575 ans d’absence, l’anneau de la Pucelle d’Orléans a retraversé la Manche en grande pompe.
L’évènement n’est pas passé inaperçu, et pour cause : le 20 mars, le Puy du Fou accueillait solennellement, au cœur d’un écrin de verre porté sur arche de bois et sous dais de velours, un objet unique au monde, dans une reconstitution historique mêlant l’apparat d’une escorte de chevaliers arborant force oriflammes, les poilus, la Marseillaise, Péguy et le panache d’une centaine de Saint Cyriens, sabre au clair et casoar au vent. Sans compter une foule de plus de 5000 personnes, venues pour saluer, avec un enthousiasme aux airs de revanche de l’Histoire (« Nous avons payé la rançon de Jeanne ! »), le retour d’une relique d’autant plus précieuse que rare : l’anneau offert par Jacques d’Arc à sa fille Jeanne pour sa Première Communion et confisqué par les Bourguignons lors de l’arrestation de la Pucelle devant Compiègne. Ayant accompagné la co-patronne de la France dans tous ses combats, contre l’Anglais, à la cour berruyère, contre elle-même et pour sa pureté, il est, pour tous les Français, un symbole d’amour de notre patrie, mais aussi d’espérance en la fidélité de Dieu, malgré nos infidélités (« Les hommes d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire »)... De réjouissante qu’elle était, l’histoire de l’anneau est devenue savoureusement désopilante dans ses rebondissements : 575 ans après avoir, par l’entremise de l’archevêque de Winchester, subtilisé l’anneau en tant que pièce à conviction dans l’inique procès en sorcellerie imputé à la « sainte de la patrie », ces messieurs d’outre-manche ont – tenez-vous bien –, l’outrecuidance de réclamer le bijou, mis en vente à 19 051 € dans un hôtel des ventes londonien, le 26 février dernier, et reconquis de haute-volée, anonymement, pour la modique somme de 376 833 €, grâce à une collecte-éclair réalisée par la fondation Puy du Fou Espérance (350 000 € en 36h). Sous le prétexte frisant le ridicule - probablement de l’humour anglais - qu’il serait un « objet de haute valeur symbolique du patrimoine national britannique » (sic !), le Conseil National des Arts anglais a réclamé la relique. Soit dit en passant, au-delà des débats plus ou moins idéologiques concernant son authenticité historique, cette cabale menée par les Anglais en constitue la garantie la plus formelle et irrécusable. Cela dit, l’anneau a été authentifié par des experts en orfèvrerie : d’argent plaqué or, il date du XVe siècle et ses inscriptions (trois Croix ; IHS ; MAR) concordent avec la description qu’en a fait Jeanne elle-même lors de son procès. Alors que l’anneau intégrait sa nouvelle demeure, savoir la chapelle du château du Puy du Fou – et non un quelconque musée –, Philippe de Villiers répliquait à l’intention de nos voisins (avec un humour bien français), rappelant que les biens culturels sont soumis à une licence d’exportation uniquement s'ils quittent l’UE, et que le Puy du Fou, lui, n’avait pas l’intention de faire son « Puy du Fou exit » ! Quant à nous, Dieu veuille que le commun destin de Sainte Jeanne d’Arc et de la France ne s’arrête pas là... Va, fille de Dieu, va !