In Altum

Notre-Dame des Neiges, formez nos cœurs à votre image

Francisco Castelló Aleu (1914-1936) (1/2)

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 76)

Quand un jeune aime Dieu de toutes ses forces…

Sur les joues de Pie XI coulaient des larmes. Son secrétaire tendait la main pour recueillir les documents qu'il venait de lire, mais le Pape l'arrêta : "Non, je ne peux me défaire de ces lettres. C'est au Père qu'il revient de garder les lettres d'un tel fils… Ce jeune sera l'un des premiers martyrs d'Espagne et le modèle des jeunes de l'Action Catholique du monde entier." C'est ainsi qu'au printemps 1937 était déjà connue et admirée par le Saint-Père la belle âme de Francisco Castelló Aleu, à travers les trois lettres d'adieu qu'il écrivit, à la hâte mais d'une écriture ferme, quelques heures avant d'être fusillé, le 29 septembre 1936 : une pour ses sœurs et sa tante, une à son Père spirituel et une à sa fiancée Mariona. "Chère Mariona, Nos vies se sont unies et Dieu a voulu les séparer. Je Lui offre, avec toute la sincérité possible, l'amour que j'ai pour toi, amour intense, pur et sincère. Ton malheur me fait mal, mais pas le mien. Sois fière : deux frères et ton fiancé. Ma pauvre Mariona ! Il m'arrive quelque chose d'étrange : je ne parviens pas à ressentir de la peine pour ma mort. Une joie étonnante, intérieure, intense, forte, m'envahit entièrement. Je voudrais t'envoyer une lettre d'adieu triste, mais je ne peux pas. Je suis tout enveloppé de pensées joyeuses comme d'un pressentiment de la Gloire. Je voudrais te dire combien je t'aurais estimée, les tendresses que je te réservais, le bonheur qui aurait été le nôtre. Mais pour moi tout cela est secondaire. Je dois faire un grand pas. Il y a une seule chose que je veux te dire : marie-toi, si tu peux. Du Ciel je bénirai ton union et tes enfants. Je ne veux pas que tu pleures, je ne le veux pas. Sois fière de moi. Je t'aime. Je n'ai pas le temps d'écrire davantage. Francisco" Mais qui est ce Francisco, que St Jean-Paul II a béatifié en 2001 et donné en modèle aux JMJ de Toronto en 2002 ? Lorsqu'éclate la guerre d'Espagne, il a derrière lui 22 années magnifiques, avec une solide santé physique et morale, une belle réussite professionnelle et une merveilleuse fiancée. Orphelin de père à 3 mois, avec ses deux grandes sœurs il reçut de sa mère une éducation humaine et chrétienne tellement admirable qu'elle fit de lui, petit garçon passionné, fougueux, têtu, nerveux, attaché à lui-même et facilement vaniteux, un jeune homme d'une haute stature. La perte de cette mère tant aimée à l’âge de 15 ans hâta sa maturation, mais c’est à 16 ans, lors d’une retraite selon les Exercices de St Ignace, qu’il vécut ce qu’il appela sa « conversion salutaire ». Désormais, il laissa son père spirituel jésuite lui forger une âme de saint. « Ma devise préférée : ‘Pas de pantouflards, mais des pieds légers chaussés d’espadrilles !’ » C’était loin d’être une simple boutade. Son travail d’ingénieur à l’usine d’engrais chimiques de Lérida, ses activités sportives, ses excursions entre amis, son apostolat de catéchèse et de doctrine sociale, il faisait tout à fond, dans une joie et une pureté conquérantes. « Ah, s’il n’y avait pas les blondes et les brunes ! » soupire un de ses compagnons. « Quoi ? réagit-il aussitôt. Ni les blondes ni les brunes ne doivent faire problème ! Efforce-toi d’aimer Dieu en vérité, de toutes tes forces, tu verras ! » et de lancer de grandes discussions sur le bel amour… Ses amis de la Fédération des Jeunes Chrétiens de Catalogne sont unanimes : « Jamais dans son apostolat il ne manifesta de fatigue. Son désir de faire du bien était si grand que nous ne pourrons jamais le traduire. » Chaque soir, après son travail, mené avec grande compétence et conscience professionnelle, il se rendait dans un quartier misérable de Lérida pour donner des cours dans une petite école et, à la dérobée, nourriture, montant d’un loyer, vêtements… avec en prime sa simplicité et sa bonne humeur proverbiales. Quand l’école ferma, il donna des cours dans son bureau à des ouvriers de son usine ; il en aidait plus d’un dans l’embarras, si bien qu’il n’apportait à la maison qu’un salaire de misère. A Noël 1935, il ne rapporta même pas un centime ! Ce devait être son dernier Noël en ce monde… Le 1er juillet 1936, 48 h après qu’il eut été vu dans les rues vendre des journaux catholiques à la criée,  il est appelé sous les armes. Il s’acquitte fidèlement de ses devoirs et reçoit même le titre de tireur d’élite. Un seul incident : il ose se lever au cours de l’instruction d’un officier pour protester «en vertu des lois mêmes de la République » : « Je suis catholique et vos propos m’offensent. » Il ne se doute pas qu’il vient de signer son arrêt de mort… En effet, quelques jours plus tard éclate ouvertement « la Terreur rouge » qui dès ses 1ers mois fera plus de 6500 victimes catholiques dans le but d’anéantir l’Eglise en Espagne. C’est alors que la foi, l’espérance et la charité de Francisco vont donner toute leur mesure… (à suivre ici)

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