Cyprien (1935-1994) et Daphrose (1944) Rugamba (1/2)
L'amour vainqueur
Rien n’est impossible à l’amour ! La vie de ce couple africain en est un bel exemple. Alors que Daphrose naît dans une fervente famille chrétienne, Cyprien vient d’une famille animiste. Le papa de Daphrose, qui est catéchiste, la préparera au Baptême. Daphrose est très pieuse quand Cyprien, lui, perd la foi au séminaire en étudiant les philosophes existentialistes. Cyprien est fiancé à Xavérine, la cousine de Daphrose, dont il est follement amoureux, mais Xavérine est assassinée. Cyprien épouse alors Daphrose pour respecter l’engagement pris envers la famille. Avec ce mariage de raison commencent dix-sept ans de souffrance pour la jeune femme. Cyprien reprend le culte animiste. Il poursuit une brillante carrière dans l’administration et se passionne pour la culture rwandaise : les nombreux ballets, poèmes, chants… qu’il produit auront un très grand succès. Quand la sœur de Cyprien accuse Daphrose de pratiques de magie contre ce dernier, Cyprien répudie sa femme, la ramène chez ses parents, ce qui représente une grave insulte dans la culture rwandaise, et garde auprès de lui leur fils nouveau-né. Un an après, convaincu de l’innocence de son épouse, il la ramène au foyer. La vie conjugale ne s’améliore pas pour autant, malgré la naissance de nombreux enfants. Daphrose prie et offre sans relâche pour Cyprien et entraîne ses enfants à faire de même. Elle quémande des prières à ses amis : « Aidez-moi à prier pour mon mari ». Cyprien, quant à lui, reste hautain, et il la trompe. « Je lui ai fait du mal et elle me fait du bien ! Son Dieu sera mon Dieu. » Cependant, dans le pays, la tension monte : on cherche à dresser les ethnies les unes contre les autres. Cyprien en souffre beaucoup car il aime profondément son pays. C’est alors qu’il écrit un chant où il décrit un flot de sang qui balaie le pays du nord au sud ; il y voit les dirigeants du pays encourager les tueries au lieu d’y mettre fin. Lui-même cherche à endiguer cette animosité tribale en faisant danser ensemble, dans ses ballets, des Rwandais originaires des trois tribus. Mais il est toujours farouchement opposé au christianisme : après la naissance d’un de ses fils, plein de rage, il brise le crucifix qui était dans la pièce…
- Le fier et hautain Cyprien est atteint d’une mystérieuse maladie qui affecte ses nerfs. Il a du mal à voir, à entendre, à parler, à marcher… Cela dure un an. Quelle humiliation pour un artiste ! Dieu touche à tout ce qui fait son orgueil. Daphrose le soigne avec amour. Il en est profondément touché : « Je lui ai fait du mal et elle me fait du bien ! Elle ne m’a pas quitté pendant ma maladie. Son Dieu sera mon Dieu. » Dieu le guérit alors dans son corps mais surtout dans son âme. Le retournement est complet, au point que sa conversion fait grand bruit dans le pays. Tout en conservant son autorité naturelle, Cyprien devient un homme rempli de bonté. Il demande pardon à Daphrose et se met à l’aider dans les soins ménagers. « J’ai perdu assez de temps. Je dois le rattraper ! »