Le 14 juillet
Éveil d’un patriotisme réel ou sombre manipulation ?
« Tous ensemble, tous ensemble, eh, eh...! » Voilà un slogan des stades de foot que nous aimerions vivre en vérité pour défendre la grandeur de la mission à laquelle Dieu appelle la France ! En ces mois d’été, nos cœurs admireront encore avec fierté le défilé du 14 juillet, mais en connaissons-nous vraiment l’origine ? Contrairement aux idées reçues, la fête nationale perpétue, depuis 1880, le souvenir de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, et non la prise de la Bastille. Cette dernière étant un événement trop sanglant pour en faire la fête de la Nation, le les députés décidèrent de faire l’unité nationale autour d’une grande fête militaire. Depuis les ‘glorieux’ événements de l'été 1789 (prise de la Bastille, abolition des privilèges), les adversaires de la monarchie ressentaient en effet le besoin de se fédérer. Des fédérations locales spontanées de « gardes nationaux » étaient souvent le moyen d'assurer l'ordre mais aussi de manifester de l’attachement envers les premières mesures prises pour abattre la monarchie de droit divin. En 1790, l’Assemblée constituante décide donc d’organiser une grande « fédération des troupes de ligne et des gardes nationales » sur ce modèle. La fête est fixée à la date anniversaire de la prise de la Bastille, et organisée de manière à éviter tout débordement : cinquante mille hommes armés, venus de tout le royaume, défilent sur le Champ-de-Mars, devant trois cents mille personnes. Sous une pluie battante se succèdent défilé militaire, messe, célébrée par Talleyrand, évêque d’Autun ayant abandonné le sacerdoce, et futur jureur, assisté de trois cents prêtres, sur l’autel de la Patrie, serment du Roi à la Constitution et de La Fayette au Roi, à la Nation et à la Constitution. Cette entente put laisser croire aux observateurs de l'époque que le Roi entérinait les bouleversements de la Révolution, ce qui n’était pas le cas, mais le souverain avait les mains liées. L’unité n’existait d’ailleurs ni chez les partisans de la monarchie, ni même chez les révolutionnaires, puisque Marat s’en prit à La Fayette. Censée mettre un terme à la révolution, cette fête s’avérait donc être une mascarade, une manipulation ! i le peuple, quoique acquis aux idées nouvelles, acclamait toujours la monarchie aux cris de « Vive le Roy ! », ce consensus de façade recelait beaucoup d’ambiguïtés, et apparaît comme une précaire parenthèse d’union nationale : bientôt, les fédérés pousseraient la Révolution vers sa phase de Terreur, avec son cortège de profanations, de sacrilèges, d’églises fermées, détruites ou saccagées, d’évêques et de prêtres égorgés, de carmélites de Compiègne guillotinées, d’ursulines, de filles de la Charité, de martyrs d’Orange et de tant d’autres, exécutés de la même manière. Les racines chrétiennes qui fondaient l’unité véritable et l’esprit patriotique de la Fille aînée de l’Église depuis les premiers siècles devaient être abolies ! Que ce prochain 14 juillet nous unisse dans une supplication unanime pour dire avec le Prologue de la loi salique : « Vive le Christ qui aime les Francs ! Qu’Il garde leur Royaume, qu’Il remplisse leurs chefs de la lumière de sa grâce, qu’Il protège leur armée, qu’Il leur accorde l’énergie de la foi, qu’Il leur concède par sa clémence, Lui, le Seigneur des seigneurs, les joies de la paix et des jours pleins de félicité. »