Nouvelle déclaration doctrinale : Fiducia Supplicans
Des réactions très diverses dans l'église
À quelques jours de Noël, le 18 décembre, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, avec à sa tête le cardinal Victor Manuel Fernandez (2e à droite ci-contre), et avec la signature du Pape, a publié la déclaration doctrinale Fiducia supplicans. Un document de ce degré d’autorité n’avait pas été donné depuis Dominus Jesus en l’an 2000. Ce document stipule que la bénédiction des « couples en situation irrégulière et des couples de même sexe » est désormais possible à condition de ne pas « créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage ». Pourtant, il y a deux ans, le pape avait autorisé la publication par le cardinal Ladaria d’une note, en réponse à une question posée à la même Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) : « L’Église dispose-t-elle du pouvoir de bénir des unions de personnes du même sexe ? » ; « Non », avait répondu le Vatican, qui déclarait « illicite toute forme de bénédiction qui tend à reconnaître leurs unions ». Or, argumentait le Vatican, « lorsqu’une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire […] que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce ».
Depuis la parution de Fiducia supplicans, les réactions sont très diverses parmi les conférences épiscopales et dans l’ensemble du clergé. Le site d’informations du Vatican relève que les conférences épiscopales de Pologne, d’Ukraine, et de nombreux pays d’Afrique, ont exprimé de sérieuses réserves vis-à-vis du document. Le métropolite orthodoxe Hilarion, de Budapest, s’est exprimé sur ce document en disant, entre autres, que : « Si nous sommes réalistes, nous ne pouvons plus espérer une unité future entre orthodoxes et catholiques. Il est évident que ces mesures ne nous rapprocheront pas, mais créeront de nouvelles lignes de séparation. »
Le cardinal Müller, ancien préfet de la CDF, a également exprimé plus que des réserves vis-à-vis du texte. À propos de la distinction faite par le document entre les bénédictions sacramentelles et celles dites pastorales, il affirme que « l’Église peut ajouter de “nouveaux sacramentaux” à ceux qui existent déjà (Sacrosanctum Concilium 79), mais elle ne peut pas en changer la signification de manière à banaliser le péché. Et ce changement de signification est précisément ce qui se produit dans Fiducia Supplicans, qui invente une nouvelle catégorie de bénédiction. » C’est pourquoi, dit-il, en bénissant ces unions, « le prêtre les présente comme un chemin vers le Créateur. Il commet donc un acte sacrilège et blasphématoire contre le dessein du Créateur et contre la mort de Jésus pour nous, pour accomplir le dessein du Créateur. »
Crédit photo : © Marcin Mazur / EpiskopatNews