La Résurrection : quelle importance ?
Peut-on être croyant sans croire à la Résurrection de Jésus ?
Que répondriez-vous si l’on vous disait que l’on avait retrouvé au tombeau les restes de Jésus ? Interrogé, un théologien aurait rétorqué que, pour lui, une telle découverte ne changerait rien à sa foi ! Pour lui, ainsi que pour un certain nombre de croyants, la résurrection ne serait pas forcément historique. Ou plutôt faudrait-il dire : qu’elle soit historique ou non n’a aucune incidence sur la foi. Celle-ci serait bien au dessus de l’histoire, un don de Dieu qui nous dépasse radicalement et qui n’aurait besoin d’aucun fondement humain. Pourtant, l’Église n’a de cesse de nous rappeler l’importance de la résurrection à la suite de Saint Paul : « Si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est votre foi. » (1 Co 15,17).
Pour bien comprendre ce que l’Église enseigne, il est tout d’abord nécessaire de bien saisir que notre foi n’est pas éthérée, désincarnée. Si nous croyons en Jésus, c’est bien parce que le Verbe, la deuxième personne de la Trinité, a voulu prendre notre nature humaine afin d’opérer notre salut. Jésus a pris corps dans le sein de Marie, Il a souffert sa Passion en sacrifice pour nos péchés. Et c’est précisément parce qu’Il est ressuscité le troisième jour, comme Il l’avait prédit, que nous pouvons croire qu’Il est bien ce qu’il prétendait. Dieu seul peut vaincre la mort : Jésus est Dieu.
En outre, les évangiles ne sont pas de simples moyens de susciter la foi chez les croyants. Ils sont la Parole de Dieu mise par écrit. Cette Parole de Dieu a une efficacité propre, et elle est vérité. L’Église affirme sans hésiter l’historicité des évangiles (cf la constitution dogmatique du concile Vatican II Dei Verbum). Ainsi, on comprend que remettre en cause l’historicité de la résurrection, c’est remettre en cause un élément essentiel de notre foi. Croire en Dieu et croire en la résurrection sont en définitive deux choses identiques, affirmait le cardinal Joseph Ratzinger. La résurrection apporte la preuve finale que Jésus disait vrai, et qu’Il est vraiment Tout-Puissant.
« La foi en la résurrection est impliquée par la foi en Dieu même. »
La Passion de Jésus est son sacrifice rédempteur, l’acte par lequel Jésus nous a libéré de la mort et du péché. Si le mystère pascal inclut bel et bien la résurrection, nous pouvons parfois nous demander ce qu’elle vient apporter concrètement. Nous pouvons aborder la question de deux façons.
Du point de vue objectif, la résurrection est le fondement de la vie nouvelle des chrétiens et de leur nouvelle condition. Par sa mort, Jésus paie la dette que notre péché nous a fait contracter (cf Col 2,14). Sa résurrection constitue la preuve de l’efficacité rédemptrice de la mort de Jésus. Elle vient confirmer que Jésus a vaincu la mort et que celle-ci n’a pas d’emprise sur lui. La résurrection est constitutive de la rédemption. En d’autres termes, sans la résurrection, il manquerait la vie nouvelle. En effet, la puissance divine se diffuse dans le monde en vertu du ressuscité. Saint Paul nous dit dans l’épître aux Romains : « nous croyons en Celui qui ressuscita d'entre les morts Jésus notre Seigneur, livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. » (Rm 4, 24-25). Saint Thomas explique que, par sa souffrance, Jésus répare notre nature blessée par le péché. Mais encore faut-il que la cette réparation nous atteigne ! Ici, la résurrection apparaît comme le moyen par lequel Jésus nous fait partager sa vie divine. La Passion de Jésus nous a obtenu les mérites, sa résurrection permet que nous en profitions. En ressuscitant, Jésus permet la communication de sa vie divine. La résurrection fait partie intégrante de la rédemption.
D’un point de vue subjectif, nous saisissons que la résurrection est là encore capitale. En premier lieu, elle nous révèle que nous sommes nous-mêmes appelés à ressusciter. La mort n’est pas notre état final. Nous avons vocation à partager la vie divine pour l’éternité. Cela n’est pas sans conséquence. La vie éternelle que nous partagerons avec Dieu impliquera tout notre être. Cette assertion est un démenti de la fausse idée reçue selon laquelle le christianisme méprise le corps. Si le corps lui-même participe de la divinisation de notre être, c’est dire l’estime que nous avons (et que Dieu a) pour le corps ! Par ailleurs, le fait que nous devions passer par la mort avant de ressusciter rappelle l’existence de notre âme immortelle, sans quoi la mort nous ferait passer de la vie au néant, et la résurrection qui nous ferait passer du néant à la vie apparaîtrait comme la création d’un être radicalement nouveau. Si notre âme est immortelle, elle est le bien le plus précieux que nous ayons, le seul dont nous ne serons jamais séparés. Notre vie doit donc toute entière être consacrée à embellir cette âme.
Enfin, la résurrection nous manifeste une fois de plus l’amour incomparable de Dieu pour nous. Elle surgit comme le cri de celui qui aime une personne et lui dit qu’il voudrait n’être jamais séparé d’elle. La résurrection est en somme le pilier de notre foi. « Jésus ajoute quelque chose de tout nouveau : la résurrection prend une place centrale dans le symbole de la foi ; elle n’est plus un article de foi parmi beaucoup d’autres, mais elle s’identifie à la notion de Dieu. La foi en la résurrection est impliquée par la foi en Dieu même. » (Joseph Ratzinger, La mort et l’au-delà, Fayard, 1978, p.127)
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La phrase :
« La Résurrection de Jésus fonde notre solide espérance et illumine tout notre pèlerinage terrestre. »
Benoît XVI, audience du 15 avril 2009