L’Imitation de Jésus-Christ
Le plus beau livre sorti de la main des hommes...
« ‘‘Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres’’, dit le Seigneur. Ce sont les paroles de Jésus-Christ, par lesquelles Il nous exhorte à imiter sa conduite et sa vie, si nous voulons être vraiment éclairés et délivrés de tout aveuglement du cœur. Que notre principale étude soit donc de méditer la vie de Jésus-Christ. » C’est ainsi que commence ce qu’appellera Fontenelle « le plus beau livre qui soit sorti de la main des hommes, puisque l’Evangile n’en vient pas. »
L’Imitation de Jésus-Christ, c’est un recueil de réflexions, conseils et prières propres à toucher l’âme du fidèle, pour qu’il suive plus fermement les voies que le Seigneur nous présente. Il se compose de quatre livres destinés à développer la vie spirituelle du juste afin de « devenir parfait comme le Père céleste est parfait. » Le premier livre contient les avis utiles pour entrer dans la vie intérieure ; le second, une instruction pour avancer dans celle-ci ; le troisième, présente la vie intérieure dans un dialogue entre l’auteur et Jésus Lui-même ; enfin, le quatrième livre révèle la grâce du Saint Sacrement de l’Eucharistie. Tout dans ce livre est beau et profond. Il dispose l’âme à une foi plus vive en Notre Seigneur Jésus-Christ, et à une vie intérieure plus intense.
L’auteur a voulu rester inconnu du monde par humilité, et pour que son nom ne vienne pas donner une impression bonne ou mauvaise à la délicatesse de ses paroles. Nous ne chercherons donc pas à citer son nom, même si les dernières thèses à ce sujet tendent à privilégier un auteur spirituel parmi tant d’autres. Ce que l’on peut dire, c’est que ce livre est daté du XIVe ou XVe siècle et qu’il n’a pas pris une seule ride. Il soutient la ferveur des chrétiens ou dispose à la grâce.
Ainsi en fut-il de Monsieur de la Harpe. Ce voltairien de la fin du XVIIIe siècle se convertit en lisant un extrait de ce livre. Ainsi écrit-il : « J'étais dans ma prison, seul, dans une petite chambre, et profondément triste. Depuis quelques jours j’avais lu les psaumes, l'Évangile et quelques bons livres. Leur effet avait été rapide, quoique gradué. Déjà j’étais rendu à la foi ; je voyais une lumière nouvelle ; mais elle m’épouvantait et me consternait, en me montrant un abîme, celui de quarante années d’égarement. (…) Plein de ces désolantes idées, mon cœur était abattu et s’adressait tout bas à Dieu, que je venais de retrouver, et qu’à peine connaissais-je encore. Je lui disais : ‘‘Que dois-je faire ? Que vais-je devenir ?’’ J'avais sur une table l’Imitation. Je l’ouvre au hasard et je tombe, en l’ouvrant, sur ces paroles : ‘‘Me voici, mon fils, je viens à vous parce que vous m’avez invoqué.’’ Je n’en lus pas davantage. Je sentais mon cœur soulagé et dilaté, mais en même temps comme prêt à se fendre. ‘‘Me voici, mon fils !’’ ne cessaient de retentir dans mon âme, et d’en ébranler puissamment toutes les facultés. »
Reprenant alors ce livre dans notre journée, puisons la grâce d’une vie plus authentiquement chrétienne, en accueillant cette confidence de Jésus dans l’Imitation : « La vérité, c'est Moi ; Je vous enseignerai ce qui est bon, ce qui M'est agréable. »