In Altum

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L’apologétique de Tertullien

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 166)

Au cœur des persécutions

Tertullien est l’un des premiers apologètes à avoir défendu la valeur du christianisme au IIème siècle, dans le temps des persécutions. Son tempérament ardent fait de lui un personnage contrasté entre une jeunesse païenne et une conversion au christianisme vers 195, avant de sombrer finalement dans l’hérésie montaniste vers 207. Néanmoins, de par leur profondeur de vue et de foi, les écrits de Tertullien subsisteront au long des âges. Saint Vincent de Lérins disait même : « Tout s’y enchaîne avec une sorte de rigueur logique si frappante, qu’il force ceux même qu’il n’a pu persuader à adhérer à ses vues. Chez lui, autant de mots, presque autant de pensées ; autant d’idées, autant de victoires. »

Parmi les écrits de Tertullien, nous nous pencherons sur l’un des plus connus : L’Apologeticum, écrit vers 197. Dans ce traité, le père de l’Église, en bon juriste de formation, défend la religion catholique contre toutes les attaques insidieuses de l’empire romain. Tertullien commence son ouvrage en dénonçant la mauvaise foi des juges iniques contre les chrétiens. En effet, les païens préfèrent condamner ce qu’ils ne connaissent pas, plutôt que d’avoir l’honnêteté de chercher la vérité et de prendre le risque de se convertir : « Votre ignorance est un témoin qui vous condamne. Car tous ceux qui nous haïssaient autrefois, faute de savoir qui nous étions, cessent de nous haïr dès qu’ils le savent. » (Apolog. 1). En réalité, ce sont ces rumeurs infondées qui poursuivent les chrétiens et les rendent coupable. « Voilà le seul accusateur, dit Tertullien, que vous produisez contre nous, et qui jusqu’ici n’a pu rien prouver de ce qu’il publie partout avec tant d’assurance. » (Apolog. 7).

L’une des rumeurs à laquelle Tertullien prend le temps de répondre se réfère au sacrifice d’enfants lors des cérémonies chrétiennes. Il  répond : « Pour nous, à qui tout homicide est défendu, il nous est également défendu de faire périr le fruit d’une mère dans son sein, avant même que l’homme soit formé. C’est un homicide prématuré d’empêcher la naissance. (…) Vous avez détruit un homme, en détruisant ce qui allait le devenir : vous avez étouffé le fruit dans le germe. » (Apolog. 9).

Son traité reprend aussi les points qui l’avaient lui-même touché lors de sa conversion. D’abord, les chrétiens suivent le commandement de la charité de Notre Seigneur : « Voyez comme ils s’aiment. » Ensuite, ils sont les maris d’une seule femme. Et enfin, ils vont à la mort en chantant : « Pour vous, dignes magistrats, assurés comme vous l’êtes des applaudissements du peuple, tant que vous lui immolerez des chrétiens, condamnez-nous, tourmentez-nous, écrasez-nous. Votre injustice est la preuve de notre innocence, c’est pourquoi Dieu permet que nous soyons persécutés. » (Apolog. 50).

Dans ce chapitre se trouve aussi la célèbre sentence : « Le sang des martyrs est semence de chrétiens.(Semen est sanguis) ». C’est donc dans cette veine que Tertullien achève son œuvre : « Tandis que vous nous condamnez, Dieu nous absout. »

 

 

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