Jacques Fesch (1930-1957)
Du hold-up à la conversion (1/2)
Jacques naît dans une famille aisée : son père est un directeur de banque athée cynique et autoritaire. Il considère qu’une vie humaine, c’est peu de choses. Sa mère est pieuse et dévouée mais par réserve, elle ne s’adresse jamais à l’âme, et elle passe facilement les caprices de son petit dernier. Au lycée, il est mou et absent, ne s'intéresse à rien, s'ennuie et n’obtient pas son bac. Il fuit les terribles disputes de ses parents, sort beaucoup et fréquente les boîtes de jazz.
Jacques rencontre Pierrette. Elle est enceinte de lui pendant qu'il effectue encore son service militaire et il l'épouse civilement. Le couple sans ressource s'installe chez les parents de la mariée et Pierrette donne naissance à une fille, Véronique. Jacques est employé par son beau-père, mais il abuse de sa confiance et détourne des fonds à son profit. Il est donc mis à la porte et sa femme ne le suit pas. Sa mère lui ayant offert un million de francs pour créer une société de livraison de charbon, avec la moitié de cette somme il achète une voiture de sport et « flambe » le reste ; il ne livrera jamais de charbon.
Désœuvré, sans but, Jacques est fasciné par les livres de navigation. Il passe commande d'un voilier neuf pour gagner Tahiti. Comme il n'a pas l'argent pour le financer, il emprunte le révolver de son père et le jeudi 25 février 1954, vers 17h40, au 39 rue Vivienne, il entre avec son complice Jacques Robbe, dit Criquet, dans un Comptoir de Change, pour voler deux millions en or. Mais voilà que soudain, son complice réalise la situation. Il alerte un agent. Pendant ce temps, Fesch, qui a verrouillé la porte et sorti son revolver de sa sacoche, menace le changeur qui essaie de le raisonner. « Ne faites pas ça ! Je suis un ancien combattant… vous allez gâcher votre vie ! » Jacques s'impatiente et le frappe de deux coups de crosse. Son arme tombe. En la ramassant, il se tire une balle dans la main gauche.
Il rafle la caisse. Des passants donnent la chasse au malfaiteur qui sème ses poursuivants et trouve refuge au cinquième étage d’un immeuble. Après s'être calmé, il redescend. Le concierge a entre-temps alerté un agent de police, autour duquel s'est formé un attroupement. Fesch essaye de prendre un air détaché et se dirige vers la porte calmement. Il est reconnu. L’agent dégaine : « Haut les mains, ou je tire ! »
Fesch, qui a perdu ses lunettes dans sa fuite, se retourne et tire, au jugé, maniant son arme dans la poche de son imperméable. Touché en plein cœur, le gardien de la paix meurt sur le coup.
Fesch reprend sa course éperdue, blesse gravement à la nuque un passant qui tente de l'agripper, dévale les marches de la station de métro Richelieu-Drouot et tire encore deux coups de feu avant d'être stoppé par des portes fermées. Il est alors arrêté.
Jacques est incarcéré pendant trois années dans une cellule de la prison de la Santé. Isolé, tourmenté et plein de questionnements, il lit et écrit des journées entières. Lui, qui n'avait rien fait à l'école, se bâtit une culture littéraire et entame un cheminement intellectuel, puis spirituel. Cette purification lui fait perdre la certitude de l’inexistence de Dieu.
A suivre...