Pour vivre à fond l’année du Jubilé 2025
Ce mois-ci : L’espérance pour les pauvres et les petits
Comment le pape François relie-t-il l’espérance et la pauvreté ?
Au n°15 de la bulle d’indiction du Jubilé, le pape insiste essentiellement sur la pauvreté matérielle. Au n°16, il rappelle que les habitants de pays peu développés doivent pouvoir être aidés pour trouver chez eux les conditions d’une vie digne, sans être contraints à la migration ni au recours à des solutions violentes toujours trompeuses. Les habitants des pays riches ont ici un rôle à jouer car si aide il y a, ce sont eux qui la donneront : ils doivent donc être sensibilisés à cette question.
La pauvreté matérielle est-elle la seule forme de pauvreté ?
La pauvreté matérielle est une réalité terrible que subissent des millions de personnes à travers le monde. Cependant, il existe une pauvreté plus terrible encore : c’est la pauvreté spirituelle. Une telle affirmation peut sembler outrancière à l’égard de ceux qui vivent la misère au quotidien. Elle reste pourtant totalement vraie. L’homme est corps et esprit, et ce qui caractérise son humanité c’est sa capacité à assumer une vie spirituelle authentique : une vie de l’esprit par le biais de la culture et des relations sociales, et une vie de l’âme par la foi, à travers la prière personnelle et liturgique. Comme l’a expliqué Benoît XVI dans son encyclique Spe Salvi, les progrès techniques ont peu à peu coupé l’homme de ses racines spirituelles. Non seulement Dieu a été détrôné de son cœur au profit des seuls biens matériels – première irruption de la pauvreté – mais en plus l’homme est entré dans un processus d’enfermement marqué par un individualisme croissant. Ainsi, aujourd’hui même, ces sociétés matériellement riches qui devraient soutenir les sociétés moins développées, vivent elles-mêmes une forme d’agonie. Elles apparaissent dès lors bien incapables de voler au secours de leur prochain…
Quelle unique et vraie espérance est apte à réconforter durablement le cœur des pauvres de tous horizons ?
Dans la bulle d’indiction du Jubilé, le Pape François rappelle le contenu de la vraie espérance : l’aspiration à la vie éternelle. Parfois, notre pauvreté spirituelle est telle que nous n’arrivons même plus à désirer l’avènement d’une vie éternelle en Dieu, n’y voyant au mieux que la condamnation à un ennui sans fin. Et pourtant ! Relues à l’aulne de l’éternité divine, nos vies, nos pauvretés de tous ordres, apparaissent bien relatives. Mieux, elles peuvent devenir un tremplin pour nous rapprocher de Lui et, dès ici-bas, dans le clair-obscur des vicissitudes propres à notre temps, ouvrir une porte sur la vraie Béatitude.
Le mystère de la croix du Christ a-t-il quelque chose à nous dire sur l’espérance des pauvres et des petits ?
Nous venons d’évoquer le mot béatitude. Nous lisons dans l’Évangile : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 11-12) Qui mieux que le Christ a vécu cette béatitude, sortie de sa propre bouche ? Ainsi, le pauvre qu’on insulte, le pauvre qui est marginalisé, le pauvre qui est dénigré, sait que le Christ avant lui a vécu cette situation. Il sait dans la foi qu'aujourd’hui le Christ vit, traverse, l’épreuve à ses côtés ; il n’est pas seul à porter le poids de la croix…
Comment le pauvre peut-il concrètement s’unir à la pauvreté du Christ marchant sur le chemin de la croix ?
Voici comment Benoît XVI l’a expliqué : « La pensée de pouvoir offrir les petites peines du quotidien, qui nous touchent toujours de nouveau comme des piqûres plus ou moins désagréables, leur attribuant ainsi un sens, était une forme de dévotion, peut-être moins pratiquée aujourd’hui, mais encore très répandue il n’y a pas si longtemps. […] Il faut se demander si quelque chose d'essentiel qui pourrait être une aide n’y était pas contenu de quelque manière. [...]
Ces personnes étaient convaincues de pouvoir insérer dans la grande compassion du Christ leurs petites peines, qui entraient ainsi d'une certaine façon dans le trésor de compassion dont le genre humain a besoin. De cette manière aussi les petits ennuis du quotidien pourraient acquérir un sens et contribuer à l'économie du bien, de l'amour entre les hommes. » (n°40)