Je chante les héros dont Ésope est le père, / Troupe de qui l'histoire, encor que mensongère, / Contient des vérités qui servent de leçons. / Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons : / Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes ; / Je me sers d'animaux pour instruire les hommes.
Ainsi s’ouvre le recueil des Fables que Jean de la Fontaine dédicace au jeune Dauphin Louis de France (fils de Louis XIV), alors âgé de sept ans. Le genre littéraire de la fable est défini par le Robert comme « un récit de fiction dont l’intention est d’exprimer une vérité générale ».
Écrites au XVIIe siècle, et inspirées de l’auteur antique Ésope, les Fables de La Fontaine appartiennent au répertoire des Belles-Lettres françaises, c’est-à-dire à l’ensemble des ouvrages et des connaissances qui constituent les fondements de la culture classique. Les Belles-Lettres françaises auraient-elles encore à nous apprendre aujourd’hui ? Regardons-y d’un peu plus près...

Les Fables pour comprendre notre histoire
Quel Français ne connaît par cœur au moins une fable de la Fontaine ? Qui ne connaît le naïf Maître Corbeau et le sournois Maître Renard ? Qui n’a jamais eu pitié de la frivole Cigale, pour qui la travailleuse Fourmi est bien dédaigneuse ? Les Fables sont véritablement entrées dans notre patrimoine. Lire les Fables aux enfants contribue à leur donner un bagage littéraire pour comprendre notre pays et pour l’aimer. Certaines images ou expressions employées par Jean de la Fontaine sont même entrées dans la langue française. En effet, qui a lu Le Coche et la Mouche comprend aisément qu’être qualifié de « mouche du coche » est peu flatteur…

Les Fables pour apprendre à s'exprimer
Si la grammaire française est connue pour ne pas être des plus simples, la profusion et la richesse de notre littérature témoignent de la beauté de notre langue. Les Fables, écrites au grand siècle classique, en sont un bon exemple. Il ne suffit pas de réciter leurs vers rimés, il faut les déclamer ! Les professeurs d’école sont donc bien avisés de les faire apprendre par cœur à leurs élèves qui, en plus d’apprendre à s’exprimer, découvrent ainsi le « beau-parlé ».

Les Fables pour apprendre à penser
Les petites histoires qu'elles content, mettant en scène des animaux aux tempéraments bien humains, plaisent facilement aux enfants. Mais, au-delà du sens littéral que découvre une première lecture, se trouve un sens caché plus profond, contenu dans la morale. Malgré une apparence de légèreté et un style parfois piquant, La Fontaine loue les vertus humaines et dénonce les vices. Gare aux avares et aux orgueilleux qui récoltent mauvais salaire, comme c’est le cas dans La Poule aux œufs d’or ou dans Le Chêne et le Roseau ! A l’inverse, la valorisation des plus faibles est sublimée dans la célèbre fable Le  Lion et le Rat. Et que dire de cette fable, non moins célèbre, Le Laboureur et ses enfants, dans laquelle le sens du travail l’emporte sur toutes les richesses terrestres ? Car, dans le champ à labourer, « d’argent, point de caché. Mais le père fut sage de leur montrer, avant sa mort, que le travail est un trésor. »