Le martyre moral du pape Paul VI

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Le pape Paul VI, Jean Baptiste Montini va être béatiifié ce dimanche 19 octobre par le pape François pour la clôture du synode sur la famille, signe fort donné par le pape de sa fidélité à la Tradition, en même temps que de sa grande ouverture aux hommes de ce temps. Dans une interview accordée en mars, le pape François avait déjà salué le génie « prophétique » de Paul VI, qui avait eu, en publiant Humanae vitae, « le courage de se placer contre la majorité et le néo malthusianisme» en redisant la beauté de la famille, de l'amour conjugal et de l'ouverture à la vie.

Mais qui est donc Paul VI ?

Jean Baptiste Montini a grandi dans une famille «démocrate», très opposée à Mussolini. Son père a eu de grandes responsabilités et, en tant que jeune prêtre, Don Montini a été très engagé avec l’Action Catholique et en lien avec les grands hommes politiques qui ont fondé la DC.

Il était un grand ami d’Aldo Moro, qui a été assassiné par les Brigades Rouges. Mgr Montini avait même approuvé cet ami qui lui demandait s’il pouvait s’allier avec la gauche pour gouverner ! Le Cardinal Ottaviani et d’autres, y compris Pie XII, trouvaient que Mgr Montini était un peu «trop ouvert» ! Pie XII n’a pas élevé Mgr Montini au rang de Cardinal. Jean XXIII réparera «l’apparente injustice» et ne tardera pas à faire de Mgr Montini un Cardinal de la Sainte Eglise. Pendant la première Session du Concile, il lui avait réservé une maison à côté de la Basilique St Pierre afin qu’il puisse recevoir les évêques ! Jean XXIII pensait que le Cardinal Montini lui succéderait. Paul VI fut élu après la première Session de Vatican II. Nous ne pouvons qu’admirer le travail qu’il a réalisé pendant les trois Sessions du Concile pour obtenir l’unanimité des évêques malgré leur grande diversité ! Tous les textes du Concile ont été votés à la quasi unanimité. Cette unanimité est un fruit de l’Esprit-Saint, nous ne pouvons pas en douter, mais Paul VI a été un collaborateur actif et fidèle de l’Esprit-Saint.

Paul VI pensait que le Concile allait apporter un nouveau printemps à l’Eglise. Il dira : nous attendions le printemps, il est arrivé la tempête ! Yves Chiron, en tant que journaliste, ne pouvait pas tout dire sur le martyre moral de ce Pape, car Dieu Seul connaît la profondeur de ce martyre ! La crise moderniste progressiste l’a fait beaucoup souffrir. Son homélie à Fatima, le 13 mai 1967 le révèle. Lui, si ouvert aux réalités du monde moderne, s’est senti trahi par des Cardinaux auxquels il avait donné toute sa confiance. Il trouvera en Jean Guitton, Jacques Maritain, le Cardinal Journet puis le Cardinal Siri de vrais amis et appuis. Pour faire front à la crise de la Foi, il décida une année de la Foi. Le 29 juin 1968, il proclama le Credo du Peuple de Dieu, appelé credo de Paul VI, que le Père Paul Toinet a commenté à la demande de Gérard Soulages. Le 25 juillet 1968, il promulguait l’Encyclique «Humanae Vitae» qui suscita une tempête mondiale de contestations. Quel courage pour ce Pape d’avoir promulgué une telle Encyclique ! De tempérament, il ne l’aurait jamais donné, mais parce qu’il était Pape, il ressentait que son devoir de successeur de Saint Pierre était de la promulguer. Il savait qu’il serait contesté, mais pour Jésus il n’a pas eu peur d’essuyer une très grande tempête et de vivre un plus grand martyre.

Après 7 années de désert éprouvant, Paul VI ouvre l’année sainte 1975. Il est très pessimiste : qui répondra à nos appels ? Pour la Pentecôte de cette année sainte, Paul VI écrit :

« Nous vous invitons à implorer de l’Esprit Saint le don de la joie… C’est pour nous une exigence d’amour que vous inviter à partager cette joie surabondante qui est un don de l’Esprit Saint… C’est une sorte d’hymne à la joie divine que nous voudrions entonner afin qu’il éveille un écho dans le monde entier, et d’abord dans l’Église : que la joie soit répandue dans les cœurs avec l’amour dont elle est le fruit, par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».

Paul VI a comme prophétisé la crise de notre temps :

« C’est l’homme, en son âme, qui se trouve démuni pour assumer les souffrances et les misères de notre temps. Elles l’accablent d’autant plus que le sens de la vie lui échappe, qu’il n’est plus sûr de lui-même, de sa vocation et de sa destinée transcendantes. Il a désacralisé l’univers et maintenant l’humanité ; il a parfois coupé le lien vital qui le rattachait à Dieu… Dieu lui semble abstrait, inutile : sans qu’il sache l’exprimer, le silence de Dieu lui pèse. Oui, le froid et les ténèbres sont d’abord dans le cœur de l’homme qui connaît la tristesse. On peut parler ici de la tristesse des non croyants… Notre propos est de vous inviter aux sources de la joie chrétienne… en nous mettant à l’écoute de la Bonne Nouvelle de son Amour. En Dieu lui-même, tout est joie parce que tout est don ».

A la fin de l’année sainte, Paul VI fait une joyeuse confidence : des auditeurs inattendus ont répondu à son appel : les jeunes ! Magnificat ! Avec Paul VI, demeurons dans la joie dans le Seigneur : Gaudete in Domino ! Témoignons avec conviction et détermination de la vraie joie et de l’espérance chrétienne et laissons l’Esprit Saint agir dans les cœurs, même en ces temps troublés.

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