Annonçons le Mystère de la Rédemption
Homélie du mercredi 11 mars 2015
Les lectures de ce mercredi n’ont pas besoin d’être longuement commentées, elles nous sont suffisamment connues. Soulignons seulement ce fait : la Loi de Dieu ne contraint pas notre liberté, elle ne maintient pas l’homme dans un état d’esclavage par rapport au Tyran que serait Dieu, mais elles font participer à la Sagesse de Dieu. Israël, par le don de la Loi, est devenu un peuple sage et intelligent ! Jésus n’a pas aboli la Loi mais l’a accomplie. Aimons la Loi de Dieu et faisons-la aimer. Je voudrais, en ce mercredi de carême, vous rappeler l’essentiel de la première Encyclique de JP II, le Rédempteur de l'homme. C'est en effet par la Rédemption que Jésus a en tout accompli pleinement la loi.
1) La première encyclique de Jean-Paul II, six mois après le début de son Pontificat, le 4 mars 1979, a porté sur le Rédempteur de l’homme. Le Saint-Père, dans le premier chapitre, avait insisté sur un autre aspect du mystère de la Rédemption que nous n’avons pas développé : l’aspect existentiel de l’homme. L’homme de notre temps s’interroge sur sa destinée, sur le mal, sur son propre mystère : qui est-il, d’où vient-il, où va-t-il ? Jean-Paul II répondait :
« en réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire que dans le mystère du Verbe incarné, l’Homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. Il est le Rédempteur de l’homme » (RH 8).
Dans le numéro 10 de son Encyclique, notre Pape a expliqué que l’Amour de Dieu n’avait reculé devant rien de ce qu’exigeait sa justice : Il a fait « péché » pour nous son Fils qui n’avait pas connu le péché pour révéler son Amour plus grand que le péché, plus fort que la mort (RH 9). Le Saint-Père a ensuite développé un aspect existentiel très intéressant : l’homme ne peut vivre sans amour ! Quelle valeur doit-il avoir s’il a mérité d’avoir un tel et si grand Rédempteur ! Cette profonde admiration s’exprime dans le mot « Évangile » = bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle est certitude de foi : la Rédemption par la Croix a redonné à l’homme sa dignité et le sens de son existence dans le monde, alors qu’il avait en grande partie perdu ce sens à cause du péché (RH 10). Jean-Paul II voulait ainsi nous dire : en regardant la Croix, nous découvrons le sens de notre vie et nous savons que nous avons du prix aux yeux de Dieu !
2) Jean-Paul II a insisté sur la mission de l’Église. Sa première mission est d’évangéliser. Jésus veut aller à la rencontre de tout homme, Il aime tout homme, Il est mort pour tout homme. Il veut racheter et libérer l’homme, voilà ce que l’Église doit annoncer dans son évangélisation (RH 11 et 12, 18 et 19) ! La mission de l’Église ne s’épuise pas dans l’évangélisation, elle doit aussi sanctifier par les sacrements qui rendent la Rédemption actuelle pour ceux qui les reçoivent. Jean-Paul II dit que Jésus a droit à rencontrer personnellement par le sacrement de pénitence celui qu’il a racheté (RH 20).
3) Dans les numéros 21 et 22, le Pape dit que le mystère de la Rédemption révèle ce qu’est la vocation commune chrétienne : se donner dans l’amour comme le Christ. La Vierge Marie, la Mère du Rédempteur, nous apprend à entrer dans ce mystère de la Rédemption.
4) L’Encyclique se conclut par une nouvelle exhortation aux membres de l’Église : de même que Jésus est venu chercher les pécheurs et qu’Il est la route vers l’homme, vers tout homme ; de même l’Église, à sa suite, doit suivre cette route et s’intéresser à la vie des hommes de notre temps, à leurs souffrances, à leurs angoisses, à tous leurs problèmes.
5) Après cette Encyclique, la Commission théologique internationale a donné un texte important sur le Dieu Rédempteur (DC 2143, août 1996). Ce texte montre l’importance de l’annonce explicite du mystère de la Rédemption dans toute son intégralité. Dans toutes les religions, en effet, est affirmé le besoin de rédemption !
"La plupart des religions traditionnelles comportent des mythes et des récits épiques qui parlent d'un état de béatitude avec Dieu, de la chute d'une condition idéale et de l'attente d'une sorte de sauveur-rédempteur qui rétablira la relation perdue et qui apportera la réconciliation et la béatitude. Le salut est conçu en termes de réconciliation et d'harmonie avec les ancêtres défunts, les esprits et Dieu" (28).
L'homme peut rechercher une auto-rédemption (sectes - New Age, franc-maçonnerie), le marxisme était une recherche également de rédemption utopique. La fuite dans le divertissement ou dans la drogue n'est-elle pas le signe d'une recherche d'un autre monde ? Les désillusions du mondialisme et du mythe du progrès indéfini ne sont-elles pas encore les signes d'un désir de rédemption qui habite le cœur de l’homme ? L'homme moderne est en recherche d'un monde meilleur ! Il attend, consciemment ou non, une libération effective du mal ! Conclusion : l’Église serait grandement coupable si elle était infidèle à sa mission d’évangélisation. Le mystère de la Rédemption doit être annoncé intégralement, sans timidité et sans peur, parce qu’il répond aux questions angoissées des hommes de notre temps et de tous les temps : pourquoi la souffrance, pourquoi la mort, pourquoi le pouvoir du Malin ?
