De Maria, numquam satis !
Homélie pour la Présentation de la Vierge Marie au Temple. 2016 .
La Fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple était mise en valeur dans la tradition de l’école française et dans le diocèse de Viviers où ont vécu nos Fondateurs. En ce jour, les prêtres renouvelaient leur promesse d’obéissance à leur évêque en désirant imiter la petite Marie, qui s’est consacrée à Dieu dès sa petite enfance. La réforme liturgique, accomplie pendant le pontificat du Bx Paul VI, n’a pas supprimé la mémoire de la Présentation de Marie au Temple, parce qu’elle était solidement attestée dans les traditions orientale et occidentale. L’Ecriture Sainte, cependant, ne nous dit rien sur cette Présentation de la Vierge Marie, mais de nombreuses icones et tableaux témoignent de cet évènement historique, tant en Occident qu’en Orient. Le psaume 44, choisi pour la Fête de ce jour, semble témoigner de la Présentation de Marie : elle est bien cette fille de Dieu à l’écoute de Son Seigneur, qui séduit le Roi par sa beauté. Ce psaume décrit le cortège des jeunes filles qui entourent cette princesse, vêtue d’étoffes précieuses et entraînée vers le Roi. Les traditions décrivent ainsi la Présentation de la petite Marie.
Ce psaume révèle aussi quelles doivent être les dispositions des consacrés et des prêtres, qui veulent imiter la Vierge Marie, parfait modèle de tous les consacrés : être à l’écoute de Dieu et s’attacher à Jésus. Nous avons célébré, hier, la solennité du Christ Roi. Soyons des amoureux de Jésus, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Plus Jésus règnera en nos cœurs, mieux notre vie sera féconde. La Fête de ce jour nous invite aussi à imiter l’esprit d’enfance de la Vierge Marie. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est notre modèle. Notre-Seigneur a aussi fait découvrir à Saint Paul que Sa Puissance se déployait dans notre faiblesse. La Fête de la Présentation de la Vierge Marie révèle aussi que, pour marcher sur le chemin de la sainteté, il nous faut développer une vertu indispensable : l’humilité.
La première lecture de cette Messe ne concerne pas directement la Vierge Marie, mais Jésus, la Sagesse incarnée. L’Eglise, par ce choix, révèle la grande mission à laquelle la petite Marie est appelée : devenir la Mère de Dieu et permettre ainsi à la Sagesse éternelle de Dieu de s’incarner et d’entrer en relation avec les hommes ! Nous pouvons aussi penser que si Dieu le Père se complaît en Son Fils, la Sagesse éternelle, Il se complaît aussi en l’humble Vierge Marie ! Des Pères de l’Eglise ont enseigné qu’en créant Adam et Eve, Dieu avait comme modèles Jésus et Marie ! La Vierge Marie est donc, avec Jésus, première dans le plan de Dieu Créateur. Emerveillons-nous devant ce mystère et développons notre dévotion mariale. Pour Saint Bernard, qui a parlé en cette ville de Sens, de Maria numquam satis = de Marie, jamais assez !
L’évangile de la Présentation de la Vierge Marie est celui de la naissance de Jésus à Bethléem. Saint Luc conclut le bref passage par ces mots importants : « Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ». Mère Marie-Augusta disait à ses enfants spirituels : ce qui fait un véritable apôtre de l’amour c’est son activité intérieure intense beaucoup plus que son activité extérieure, mais cependant il faut les deux. Apprenons de la Vierge Marie à vivre toutes les actions de nos journées, petites ou grandes, dans cette activité intérieure intense en gardant en nos cœurs les mystères de la vie de Jésus. Pour Saint Jean-Paul II, le missionnaire devait être un contemplatif en action. Prions les uns pour les autres afin que, dans la fidélité à l’esprit de nos Fondateurs, nous soyons ces contemplatifs en action. Dans son Exhortation apostolique, vita consecrata, Saint Jean-Paul II nous a donné le moyen sûr pour ne jamais perdre cette vie intérieure : chaque jour, monter sur le Mont Tabor pour y adorer Jésus. Mais nous ne devons pas rester sur le Tabor, nous devons aller à la rencontre de nos contemporains pour témoigner de la joie de l’évangile. Notre Pape François, en cette année jubilaire de la Miséricorde, nous a également invités à exercer les 8 œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Si les Portes Saintes sont fermées, les portes de nos cœurs doivent demeurer toujours ouvertes à tous. Soyons, sans nous lasser, en ce monde marqué par tant de haine, de violences et d’injustices, les témoins de la Miséricorde divine. Mère Marie-Augusta nous a donné des conseils pour vivre sereinement les tempêtes : « Le temps presse. Les démons sont déchaînés à travers ce monde perverti. Les cœurs sont pleins de désirs de vengeance, de crimes horribles. Et cependant au milieu d'eux s'élève droit, fort, impératif : l'Amour. C'est Jésus dans ses amis fidèles ». Elle nous demandait d’aller de l’avant dans nos découvertes de l’Amour et de devenir des apôtres de l’Amour. Le Pape François nous exhorte à « sortir » pour aller à la rencontre de tous les hommes. Saint Jean-Paul II, dans son Encyclique sur la mission, rappelait Saint Paul : «malheur à moi si je n’évangélise pas». La mission maternelle de la Vierge Marie précède la mission apostolique des apôtres. Cette mission, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus l’a vécue d’une manière remarquable. En faisant les plus petites choses avec amour, nous collaborerons à la grande mission de Jésus et de Son Eglise : la Gloire de Dieu et le salut des âmes. Sainte Elisabeth de la Trinité, qui s’est sanctifiée à Dijon, a, elle aussi, imité la mission maternelle de la Vierge Marie : puisse la petite Marie nous obtenir en ce jour des grâces pour être fidèles à nos vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance dans l’esprit de nos Fondateurs. Avec elle, désirons ardemment être louanges de gloire de la grâce de Dieu.