Demandons la grâce de ne pas avoir peur dans les tempêtes
Homélie du samedi 21 avril 2012. 3e semaine Pâques.
La première lecture de ce samedi du temps pascal révèle bien l’historicité des Actes des apôtres. La première communauté chrétienne s’accroît, mais les premières difficultés apparaissent.Dans le Peuple de Dieu, Moïse devait aider ses frères à surmonter les différents, mais Dieu lui inspira de se faire aider dans cette mission en vue de la justice. Saint Luc parle du différent qui oppose les veuves du groupe des judaïsants à celles du groupe des hellénistes. L’affaire devait être assez importante puisque les Douze durent convoquer l’assemblée des disciples pour leur communiquer leur intention. Cette première assemblée des disciples, alors que l’Eglise universelle n’est encore rassemblée qu’à Jérusalem, révèle que ni Pierre, ni les autres apôtres n’agissent en dictateurs ! Ils expliquent aux autres disciples, ils leur demandent leur avis, puis avant de procéder à l’ordination des sept premiers diacres, ils leur expliquent très clairement les raisons de leur décision.
Les apôtres ne désignent pas, par eux-mêmes, les hommes qui vont être ordonnés, mais ils demandent aux disciples de choisir parmi eux sept hommes. Ils donnent, par contre, trois critères : ils doivent être estimés de tous, remplis du Saint Esprit et avoir de la sagesse. Les apôtres expliquent à l’assemblée des disciples qu’ils doivent être fidèles à leur mission : la prière et le service de la Parole. Saint Luc souligne un autre fait important : la proposition des apôtres a plu à tout le monde ! L’Eglise vit dans l’unanimité mais son unité n’est pas uniformité ! Saint Luc énumère les sept premiers diacres qui sont présentés aux Apôtres. Puis il donne un témoignage précieux : les apôtres prient et imposent les mains sur les sept nouveaux diacres. La Tradition de l’Eglise verra dans cet évènement important le témoignage scripturaire de l’ordination sacramentelle des sept premiers diacres. Des exégètes soulignent, avec raison, qu’il ne s’agit pas de l’institution du diaconat. S’il en était ainsi, le diaconat ne serait pas un sacrement puisqu’il aurait été institué par l’Eglise. Jésus a institué le diaconat, qui est le premier degré du sacrement de l’Ordre. Il faut, bien sûr, souligner le nom du premier diacre choisi dont Saint Luc va longuement parler : Saint Etienne.
En ce deuxième samedi après Pâques que nous voulons vivre avec la Vierge Marie, réjouissons-nous avec elle du développement rapide de l’Eglise. Saint Luc dit que le nombre des disciples augmentent fortement à Jérusalem et qu’une grande foule de prêtres juifs accueillent la Foi. Nous sommes-nous enthousiasmés devant cette constatation de Saint Luc : une grande foule de prêtres juifs ! La Passion de Jésus s’est vécue il n’y a seulement que quelques semaines et voilà qu’après la Pentecôte et la prédication des apôtres, la Parole de Dieu touche un grand nombre de prêtres juifs ! Quelle fécondité ! La Vierge Marie, dont nous méditions les douleurs de son Cœur immaculé, il y a quinze jours, prie et offre pour la fécondité de la Mission de l’Eglise. Comprenons davantage encore ce que nous a dit et redit Jean-Paul II : sa mission maternelle précède la mission apostolique des apôtres. Nous ne pouvons que le constater en ces débuts de l’Eglise universelle à Jérusalem ! Et pourtant, on ne parle pas du tout de la Vierge Marie. Mais elle est là, elle veille maternellement dans la prière, la grande discrétion et le silence. Pierre et les apôtres dirigent l’Eglise. Sa mission n’est pas le ministère sacerdotal mais la mission maternelle.
L’évangile de ce jour nous est bien connu, mais il mérite que nous nous y arrêtions davantage en ce samedi. Saint Jean dit que les disciples ont ramé environ 25 à 30 stades. Cela suppose que, du commencement de la nuit jusqu’au moment où Jésus se retrouve à leur hauteur, environ 6 heures, ils n’ont ramé que 10 stades = 1 km 850. Ils sont épuisés, c’est évident ! En le voyant marcher sur les eaux, les disciples eurent peur ! Jésus doit les rassurer : « C’est moi, n’ayez pas peur ». Les mots grecs utilisés par Saint Jean sont à souligner : « Ego eimi ». Ces mots sont ceux qui ont été utilisés par Dieu pour se révéler à Moïse sur le Mont Sinaï : « Je suis ». Admirons la manière dont Saint Jean et les autres évangélistes racontent ce nouveau fait miraculeux : ils se contentent de décrire cet événement comme s’il était naturel sans utiliser de mots pour mettre en évidence le sensationnel du miracle, ni souligner les prouesses de leur héros. Tout est raconté comme s’il s’agissait d’un événement humain ordinaire : tout cela révèle l’historicité de ce fait.
En ce temps pascal, vivons bien en communion avec la Vierge Marie et demandons-lui la grâce de ne pas avoir peur des tempêtes que nous pourrons encore avoir à traverser. Elles pourront être très violentes et très troublantes, mais gardons en mémoire les paroles de Jésus : « C’est Moi, n’ayez pas peur ! » Rappelons encore le critère de discernement qui devra toujours nous guider en ces temps de tempête : la fidélité aux trois blancheurs. Notre-Dame des Neiges, première de cordée, aidez-nous à être fidèles aux 3 blancheurs, quelles que soient les tempêtes. Nous vous confions tout particulièrement notre très courageux Pape : donnez-lui force et confiance pour réaliser la mission que Jésus lui confie.