Je vous annonce une grande joie : aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur

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Homélie de la Messe de la Nuit de Noël

24 décembre 2019

« Je vous annonce une grande joie : aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur »

L'humilité de Dieu

Ce message de l’ange aux bergers de Bethléem, c’est à nous qu’il est adressé en cette nuit sainte. Aujourd’hui se réalise la promesse de la venue du Messie sauveur de son peuple. L’inimaginable se réalise : le Seigneur – c’est-à-dire Dieu lui-même – naît comme un enfant dans la ville de David. Quel grand mystère ! YHWH, le grand Dieu dont on n’osait pas prononcer le nom par respect pour sa sainteté se fait l’un de nous. Celui qui se manifesta jadis dans le feu mystérieux d’un buisson qui brûlait sans se consumer, se rend visible à nos yeux sous les traits d’un enfant. Lui qui a appelé Moïse en lui disant : « Ne crains pas car Je suis avec toi » (Ex 3,12) reçoit aujourd’hui le nom d’« Emmanuel » - Dieu avec nous. Notre Dieu se fait proche de nous. Le Tout-Puissant se fait petit, pauvre et vulnérable pour venir jusqu’à nous. Benoît XVI disait : « Dieu est si grand qu’il se fait petit ». Admirons l’humilité de Dieu ! Il vient guérir notre orgueil par son humilité. Dieu devient l’un de nous pour que nous apprenions à vivre avec Lui.

Tous cependant ne sont pas capable de reconnaître Dieu sous les traits de cet Enfants. Les scribes et les docteurs du Temple de Jérusalem ne se sont même pas déplacés pour l’évènement, et pourtant ils savaient intellectuellement que le Messie devait naître à Bethléem. La sainte Vierge, saint Joseph et les bergers, eux ont su adorer l’Enfant Jésus parce que leur cœur était humble et vigilant. « C’est seulement avec le cœur que l’on peut voir Dieu » disait Benoît XVI. Et il ajoutait : « Seul le cœur qui veille peut donner le courage de se mettre en chemin pour trouver Dieu sous les traits d’un enfant dans une étable1 ». Demandons en cette nuit la grâce d’un cœur humble et pur, d’un cœur qui veille, pour savoir nous aussi nous agenouiller devant ce mystère et entrer dans la joie et la paix profonde qui sont celles de la sainte Vierge et de saint Joseph.

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » nous disait saint Paul dans la deuxième lecture. L’Enfant-Dieu naît cette nuit pour nous sauver du péché. Satan dans sa rage infernale a voulu s’élever au plus haut des cieux, entraînant le premier Adam dans sa folie orgueilleuse. Dieu, dans son humilité infinie entre dans le monde des hommes là où nul ne l’attend : dans l’humilité d’une étable. Chose étonnante : depuis plus de deux mille ans les hommes aspiraient à la venue du Sauveur – nous l’avons rappelé avec le chant des Kalendes - mais au moment précis où Dieu a frappé à notre porte, peu étaient prêts à l’accueillir. Il ne s’est trouvé aucune place dans les maisons de Bethléem. On était trop pris par les préoccupations du moment. On n’a pas sur reconnaître la venue de celui qui devait régner pour toujours sur le trône de David. Quelle souffrance pour la Sainte Vierge et saint Joseph ! La venue de Jésus en ce monde annonce déjà tout son parcours : « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli » nous dit saint Jean.

Mystère de joie, mystère de croix

Le premier Noël, et après lui tous les Noëls de l’histoire, est à la fois mystère de joie et mystère de croix. Comme Jésus est né en dehors des portes de la ville de Bethléem, c’est en dehors de la ville de Jérusalem qu’il sera crucifié. C’est dans une humble grotte que l’Enfant-Dieu repose, emmailloté de langes, c’est dans une grotte que son corps sans vie reposera, recouvert d’un linceul. Sur le bois de la crèche le Divin Enfant est étendu et nous ouvre grand les bras en signe d’amour. Sur le bois de la croix il étendra définitivement les bras acceptant la mort pour nous communiquer sa vie. Ce mystère est exprimé de manière significative à Rome dans la Basilique sainte Marie-Majeure où l’on honore de manière particulière la Nativité depuis le IVe siècle. En ce lieu, l’autel n’a pas été érigé sur les reliques d’un martyr comme dans les autres basiliques romaines, mais sur la relique de la crèche, nous rappelant ainsi que la crèche, la Croix et l’Eucharistie forment un unique et grand mystère : le mystère de Dieu qui se donne à nous par amour. Depuis toute éternité Dieu avait décidé de se donner à nous pour que nous puissions participer à sa vie divine. Les Pères de l’Église ont résumé ce mystère par cette phrase que nous chanterons lors de la communion : « Notre Dieu s’est fait homme, pour que l’homme soit Dieu ». À cause du péché originel et de nos péchés personnels ce don total a pris ultimement la forme de la Croix. Dieu n’est pas revenu sur sa décision de se donner. Dès la crèche Jésus nous a aimés d’un amour total et sans retour. Nous chanterons souvent en ces prochains jours : le Christ est né pour nous, alléluia ! Aujourd’hui Jésus se donne à nous pour que sa vie divine soit aussi notre vie !

Folie d'amour qui se poursuit dans l'Eucharistie

Cette folie d’amour de Dieu, nous la rencontrons en chaque Eucharistie. Et il est significatif, comme le fait remarquer saint Augustin, que le signe indiqué aux bergers soit justement celui d’un enfant couché dans une mangeoire. Les bergers savaient bien que Bethléem signifiait « maison du pain », mais ils ne pouvaient pas imaginer qu’un jour cette Enfant qu’ils adoraient se donnerait lui-même comme nourriture en disant : « Je suis le pain de vie » (Jn 6,35), « Ceci est mon corps livré pour vous » (Lc 22,19).

Préparons-nous maintenant à accueillir l’Enfant-Dieu qui va venir réellement et substantiellement sur l’autel. Adorons-le qui se livre par amour pour nous en vue de notre salut et accueillons-le avec un très grand amour en nos cœurs. Réchauffons-le par notre amour, comme désirait le faire Mère Marie-Augusta. Qu’il puisse vivre et grandir en nos cœurs, afin que nous puissions dire avec Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). Amen.

1- Benoît XVI, Homélie de la Messe de la nuit, 24 décembre 2008.

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