Je viens sans tarder !
Homélie pour le 7e Dimanche de Pâques
Dimanche 29 mai 2022
Une invitation à être prêts...
Nous venons d’entendre, avec la seconde lecture, les tout derniers mots de la Bible : « Oui, je viens sans tarder. Amen, Viens, Seigneur Jésus ! »
Mais que dire quand il faut prêcher sur ces paroles de Jésus dans le livre de l’Apocalypse : « Oui, je viens sans tarder » ? Que signifie « sans tarder » ? Cela fait deux mille ans que Jésus a dit cette parole à saint Jean… Bien sûr, on connaît la parole de saint Pierre : « Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un seul jour » (2 P 3,8). Mais cette explication n’est pas très satisfaisante. Car la parole de Jésus n’est pas dite pour lui, qui est dans l’éternité ; elle est dite pour nous, qui sommes dans le temps !
La première lecture entendue ce dimanche peut nous aider à comprendre un peu plus cette parole, qui s’adresse réellement à chacun de nous. En effet, nous avons entendu le récit du martyre d’Étienne. Or que voit Étienne ? Il voit précisément Jésus, dans sa gloire, qui vient à sa rencontre : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. ». La mort est ce rendez-vous avec Dieu, que chacun de nous vivra. Jésus viendra à notre rencontre. Le « sans tarder », est donc surtout – plus qu’une indication de temps – une invitation à être prêts, et à vivre ce temps d’épreuve et de combat sur la terre dans la perspective prioritaire de l’éternité et de la rencontre avec Jésus. Car l’Apocalypse nous révèle aussi que la vie et l’histoire de l’homme sont un grand combat. Et dans un combat si intense, on n’a pas le temps ni le droit de s’occuper de choses secondaires. « Le monde est en feu, disait saint Thérèse d’Avila, ce n’est pas le moment de s’occuper de choses de peu d’importance. » Car c’est une chose vraie : la vie passe vite au regard de ce à quoi elle nous prépare, même quand elle est longue ! Nous avons peu de temps, il faut donc aller à l’essentiel. Car le Seigneur vient, sans tarder, pour chacun de nous.
Or l’essentiel est dans notre lien avec Dieu. Nous avons entendu dans l’évangile de ce dimanche la conclusion de la « prière sacerdotale », qui est cette longue prière de Jésus, prononcée au Cénacle quelques heures avant de donner sa vie pour nous. Dans cette prière, Jésus s’adresse à son Père. C’est donc un peu comme si nous nous entendions un dialogue dans la Trinité elle-même : nous entendons Dieu le Fils qui parle à Dieu le Père, et nous entendons le contenu de ce qu’il lui dit ! Et de quoi est-il question – ou plutôt de qui est-il question, entre les personnes de la Trinité ? De nous ! « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » C’est donc de nous qu’il s’agit, nous qui avons cru grâce à la parole des apôtres. Jésus, au moment le plus important de sa mission sur la terre, prie pour nous. Et sa volonté clairement exprimée est celle-ci : « Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire… » Par là, Jésus indique encore quel est le but de notre vie sur la terre : la contemplation éternelle de sa gloire. Ainsi, lorsqu’au terme de l’Apocalypse, il dit : « Oui, je viens sans tarder », c’est pour nous redire qu’il nous attend, et que nous avons maintenant peu de temps – notre vie – pour lui répondre, pour accueillir ses paroles. Il attend notre réponse. Plaise à Dieu que nous puissions prendre en vérité à notre compte ces derniers mots de la Bible, qui sont l’exclamation de l’Église : « Amen, Viens, Seigneur Jésus ! »
Jésus a prononcé cette prière à son Père dans le Cénacle – c’était le Jeudi saint. Et c’est encore dans le Cénacle que les apôtres en ces jours attendent le don de l’Esprit-Saint. Ils sont réunis autour de la Vierge Marie, qui prie avec eux et pour eux. Quelle intense prière ils doivent faire monter vers Dieu, en ce lieu où ils ont entendu Jésus prier ainsi, moins de cinquante jours plus tôt. C’est donc là, unanimes, qu’ils prient eux aussi. Là qu’ils attendent la réalisation de la promesse de Jésus, entendue en ce jeudi de l’Ascension : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous. » C’est en quelque sorte dans ce même « lieu liturgique », le Cénacle, qu’avec toute l’Église, nous attendons pour aujourd’hui ce don, que Dieu fait à son Église en chaque fête de la Pentecôte… En ces jours qui nous préparent à la Pentecôte, et plus encore en ces derniers jours du mois de Marie, faisons monter une prière fervente devant Dieu, pour le monde et l’Église. Et faisons-le remplis de l’espérance que nous donne ce dernier dialogue de la Bible entre Dieu et l’homme : « Oui, je viens sans tarder. – Amen, Viens, Seigneur Jésus ! »