Là se tient cachée sa puissance...

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Rendez grâce au Seigneur : éternelle est sa miséricorde !

« Béni soit Dieu […]: dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ » (1 P 1, 3). Avec ces paroles de Saint Pierre, nous voulons dire notre joie de célébrer ce deuxième dimanche de pâque devenu le dimanche de la Miséricorde. Dieu l’a voulu ainsi car Résurrection et la miséricorde sont un seul et même mystère. La résurrection, c’est la victoire du bien sur le mal, de la vie sur la mort et le péché. La Miséricorde, c’est le don de cette victoire faite à l’homme.

C’est toujours avec bonheur que nous commentons l’évangile de la rencontre de Thomas l’incrédule avec Jésus le Ressuscité. Thomas résiste. Plus que les autres, son cœur avait été troublé par la Passion de son Maître. Mais le Maître continue à l’aimer. Il lui a coûté trop cher ! Aussi il provoque cette rencontre car la Miséricorde ne peut se donner que dans une relation, elle ne s’impose jamais. Jésus ressuscité se présente donc à Thomas. Le Seigneur a voulu conserver dans son corps glorieux les traces des clous et de la lance car elles sont son trophée. Mais aussi parce qu’elles sont le signe de l’amour de Dieu ; elles sont indispensables non pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour. Il a aussi voulu garder ses cicatrices en sa chair car, comme le prophétise Habacuc : « là se tient cachée sa puissance ; son éclat est pareil à la lumière, deux rayons sortent de ses mains » (Ha 3,4).

Ces cicatrices nous rappellent une vérité essentielle : la miséricorde ne se moque jamais de la justice. Pour pouvoir faire miséricorde, Jésus a accompli l’œuvre de Justice en offrant sa vie en sacrifice pour le pardon de nos péchés. Le triomphe de la Miséricorde divine s’accomplit dans la dette payée à la justice divine à cause de nos péchés. Le chapelet de la miséricorde montre d’une manière explicite le lien entre miséricorde et Justice. En effet, on demande à Dieu de faire miséricorde en offrant à Dieu l’œuvre de Justice qu’est la passion de Jésus. Aujourd’hui, il est indispensable de se souvenir du lien entre Justice et Miséricorde pour ne pas tomber dans une fausse miséricorde qui tiendrait la nécessité de la conversion pour rien.

Ô Thomas, combien te fut bénéfique cette rencontre ! Heureusement que tu es revenu au Cénacle pour retrouver la compagnie de tes frères apôtres, de la Vierge Marie et pour prier avec eux. Les Actes des apôtres disent que le Christ Ressuscité se donne à rencontrer dans l’assiduité « à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42).

Dans cette rencontre entre Thomas et le Christ jaillit le miracle de la foi. Thomas a touché l’homme et il a reconnu Dieu : Mon Seigneur et mon Dieu ! Par un prodige inouï, les cicatrices des blessures deviennent un témoignage de divinité. Thomas reconnait comme temple de Dieu ce corps déchiré par les supplices [Cf. Ludolphe le Chartreux, Vie de Jésus-Christ, édition Clovis, p. 600]. Ces blessures enseignent ceci : le même est mort, le même est vivant : Mon Seigneur et mon Dieu ! Approchons nous souvent du Christ Ressuscité. Regardons les plaies de Jésus, touchons ses mains blessées et son côté transpercé. N’ayons pas honte de la chair du Christ et de sa croix.

Actuellement nous pouvons être troublés car le mal semble l’emporter sur le bien. C’est l’heure de la nuit. Cette heure est l’heure du grain de blé qui tombe en terre pour que jaillisse une moisson abondante. Elle est l’heure de la croissance de la Miséricorde. Comment faire jaillir la miséricorde dans nos vies et dans le monde ? En opposant au mal un surcroit de Bien. St Paul disait : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien » (Rm 12, 2). Benoît XVI disait : « dans le monde il règne trop de violence, […] on ne peut surmonter cette situation qu'en lui opposant un supplément d'amour. […] Ce "supplément" vient de Dieu : c'est sa miséricorde, qui s'est faite chair en Jésus et qui seule peut "faire basculer" le monde du mal vers le bien, à partir de ce "monde" petit et décisif qu'est le cœur  de l'homme. » [Benoît XVI, Angélus du 18/02/2005]. Soyons ces cœurs qui véhiculent ce surcroit d’amour qui vient du cœur de Dieu, en aimant jusqu’à en avoir mal c’est-à-dire en aimant notre ennemi ou celui qui est insupportable.

Ne doutons jamais de la miséricorde pour nous-mêmes et pour les autres. Jésus disait à Sainte Faustine : « Il y a un seul moyen de puiser des grâces de ma Miséricorde : c’est la confiance. »[Petit Journal, n°1578]. « Ah, comme la méfiance de l’âme me blesse » [Petit Journal, n°300]. Chers frères et sœurs, ouvrons nos cœurs à la confiance. N’écoutons jamais le démon accusateur qui veut nous décourager. Supplions et ouvrons les cœurs à la confiance en Dieu. Tournons-nous vers Jésus dont le trône de la miséricorde est le tabernacle.

Terminons en remerciant saint Jean-Paul II qui restera à jamais le grand pape de la vraie miséricorde. Il a permis aux demandes de Jésus miséricordieux faites à sainte Faustine de se réaliser. Aujourd’hui où certains salissent la mémoire de saint Jean-Paul II, nous pouvons penser que son rappel à Dieu le jour de la fête de la divine miséricorde authentifie sa vie de sainteté. Elle est le sceau de Dieu sur une vie de  sainteté extraordinaire. 

En cette fête  de la divine Miséricorde, avec le psaume disons « Rendez grâce au Seigneur : Éternel est son amour ! » « Clameurs de joie et de victoire sous les tentes des justes » (Ps 117).

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