Marie, nouvelle Arche d'Alliance

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Homélie pour la Vigile de l'Assomption

Lundi 14 août 2023

Ce mystère n'est pas du passé...

En cette calme soirée, nous sommes avec les apôtres autour de la Vierge Marie qui vit ses deniers moments sur cette terre, et s’apprête à rejoindre son Fils. Comme au jour de l’Ascension, le cœur des apôtres est partagé entre la peine de ne plus voir auprès d’eux cette Mère qu’ils aiment tant, et la joie de la savoir auprès de son Fils, et donc – même si c’est dans la foi – toujours aussi proche de chacun d’eux, de chacun de nous.

En cette Messe de vigile, la liturgie nous propose une belle première lecture : il s’agit de l’entrée triomphale de l’arche d’alliance dans le Temple de Jérusalem.

Nous savons que l’arche d’alliance est une figure de la Vierge Marie – nous l’invoquons sous ce titre dans ses litanies. Ainsi, cette description de l’entrée solennelle de l’arche dans le Temple nous décrit aussi l’entrée de la Vierge Marie dans le Ciel.

Arrêtons-nous ce soir sur cette figure de l’arche d’alliance. Que peut-elle nous dire de la Vierge Marie ?

Pour répondre à cette question, demandons-nous ce que contenait l’arche. La lettre aux Hébreux nous qu’il y avait « un vase d’or contenant la manne, le bâton d’Aaron qui avait fleuri, et les tables de l’Alliance » (He 9, 4).

Les tables de l’alliance portent les dix commandements que Dieu a donnés à son peuple – et que le peuple a promis de vivre fidèlement pour demeurer dans l’alliance. La manne est un signe de la sollicitude de Dieu pour son peuple tout au long de sa longue marche vers la terre promise. Quant au bâton d’Aaron , c’est lui qui avait englouti les serpents des magiciens égyptiens (cf. Ex 7, 8-12). Mais il est fait ici référence à un autre événement particulier. En effet, au cours de l’Exode, des membres du peuple furent jaloux de Moïse et d’Aaron. Ils revendiquèrent alors le sacerdoce pour eux-mêmes et pour tout le peuple, ainsi que l’autorité sur le peuple de Dieu, en disant : « On en a assez de vous ! Oui, toute la communauté des fils d’Israël, eux tous, ils sont consacrés, et le Seigneur se tient au milieu d’eux. Pourquoi donc vous élevez-vous au-dessus de l’assemblée du Seigneur ? » (Nb 16, 3). Alors, après avoir ouvert la terre pour qu’elle engloutisse les coupables, Dieu donna un signe. Il demanda à chaque tribu de mettre devant l’arche un bâton, et promit de faire fleurir celui de la tribu qu’il avait choisie. Le lendemain, la bâton d’Aaron avait fleuri, mais également produit des fruits, des amandes (cf. Nb 17, 16-26). Ainsi Dieu confirmait-il Aaron dans son sacerdoce, pour être comme un médiateur entre lui, Dieu, et son peuple.

Ces préfigurations sont admirables ! La Vierge Marie est la nouvelle et véritable arche d’alliance, parce qu’en elle réside en plénitude l’Esprit-Saint, la loi nouvelle, écrite non sur des pierres, mais dans un cœur parfaitement docile à la volonté de Dieu. C’est elle encore qui a porté Celui qui s’est présenté comme le Pain de la vie, dépassant la manne : les Pères en ont mangé, et ils sont morts. Celui qui mange de ce pain que Lui, Jésus nous donne – son Corps et son Sang – ne mourra pas pour l’éternité (cf. Jn 6). Enfin, la Vierge Marie a porté en elle le véritable prêtre, unique médiateur entre Dieu et les hommes, qui s’est donné lui-même en sacrifice sur la Croix – les Pères de l’Église ont vu aussi dans ce bâton une figure du bois de la Croix. Ainsi, la Vierge Marie, qui s’apprête à entrer dans la gloire auprès de son Fils, est véritablement l’arche d’alliance : alors que l’arche contenait les tables de la loi, elle a porté la grâce et la sainteté. Alors que l’arche contenait de la manne, elle a porté le Pain descendu du Ciel, le pain de vie. Alors que l’arche contenait le bâton fleuri d’Aaron, elle porté le grand-prêtre, consacré pour nous dans la vérité, et qui s’est offert sur le bois de la Croix.

Mais ce mystère n’est pas du passé. La Vierge Marie est aujourd’hui dans la gloire, Mère de l’Église. L’Église traverse un période agitée : les commandements sont déconsidérés et la sainteté dénaturée ; le mystère de l’Eucharistie est délaissé ou amoindri ; la croix est méprisée et le sacerdoce est revendiqué pour tous, et fait l’objet de réductions désolantes. Mais la Vierge Marie élevée au Ciel est toujours l’arche de l’alliance irrévocable de Dieu avec son peuple : elle garde et protège dans l’Église la grâce et la sainteté ; elle garde et protège dans l’Église le mystère de l’Eucharistie ; elle garde et protège dans l’Église le trésor de la Croix et du sacerdoce pour le service de Dieu et de son peuple.

Approchons-nous, en cette veille de l’Assomption, de la Vierge Marie. Les apôtres étaient alors dans la tourmente de la mission et dans les difficultés.

Qu’ont-ils demandé à leur Mère, en cette dernière veillée autour d’elle, avant son Assomption au Ciel ? Certainement ils l’ont d’abord remerciée de tout ce qu’elle a fait pour eux, et ils lui ont demandé de rester proche d’eux dans la mission et dans les souffrances que la mission ne manquerait pas de leur procurer. Voilà ce que nous voulons faire ce soir avec une grande confiance. Nous voulons remercier du fond du cœur la Vierge Marie de tout ce qu’elle fait pour nous. Et lui demander, du fond du cœur aussi, de continuer à veiller sur nous et sur l’Église de son Fils, que nous aimons tant. Ces trésors qui sont dans le cœur de la Mère doivent être dans le cœur des enfants, dans nos cœurs : la sainteté, l’Eucharistie, la Croix et le sacerdoce.

Préparons-nous dans le recueillement des apôtres, à vivre demain ce profond mystère de l’Assomption de la Vierge Marie, ainsi prophétisé en cette vigile : « Ils amenèrent l’arche de Dieu et l’installèrent au milieu de la tente que David avait dressée pour elle. »

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