Sachons tirer les leçons du passé !
Homélie pour la commémoration de l'armistice du 8 mai 1945
Samedi 8 mai 2021
D’où viennent ces valeurs qui ont façonné l’âme de la France et de l’Europe ?
Bien chers amis,
il est de notre devoir, le 8 mai, comme le 11 novembre, de nous souvenir de ceux qui sont morts pour la Patrie, de prier pour eux et de prier pour toutes les victimes de la deuxième grande et horrible guerre mondiale et aussi de toutes les victimes des guerres et du terrorisme.
Faire mémoire ne signifie pas vivre repliés sur le passé, mais préparer l’avenir en tirant leçon du passé. En ce 8 mai 2021, cherchons à tirer ces leçons. 76 ans se sont écoulés depuis l’armistice du 8 mai 45 et l’Europe aux racines chrétiennes n’est vraiment pas unie. L’égoïsme, les injustices, l’immoralité sous toutes ses formes, le rejet de la Loi naturelle, unique fondement des Droits de l’homme, ne permettent pas la construction d’une Europe dans laquelle chaque Nation garde sa culture et enrichit les autres Nations par le meilleur d’elle même.
St Jean-Paul II avait dit aux jeunes européens à Strasbourg, en 1988 : « vous ne devez pas imposer votre langue aux autres, mais vous devez apprendre celle des autres». Ce Pape slave connaissait la riche diversité des cultures européennes, mais il avait souffert en tant que polonais de l’impérialisme russe, du nazisme et du marxisme bolchévique. L’Europe ne peut pas se construire sur des idéologies dictatoriales qui rejettent Dieu, la Loi naturelle et ne respectent ni la liberté des personnes, ni les cultures des Nations. Ceux qui ont donné leur vie pour la France ne peuvent que nous redire en ce jour : nous avons donné notre vie, non pour une idéologie, mais pour notre Patrie et ses valeurs : la famille, la vie, l’amour fidèle, la justice, la liberté, l’égalité, la fraternité et la vérité. Le fondement de ces valeurs est Dieu. Bcp le savaient.
Mais d’où viennent ces valeurs qui ont façonné l’âme de la France et de l’Europe ? La première lecture de cette Messe le révèle : au cours de son deuxième voyage apostolique, St Paul, dans les années 50, a entendu l’appel d’un Macédonien : « traverse la mer, viens à notre secours ». Il a immédiatement et courageusement répondu à cet appel. La grande aventure de l’évangélisation de l’Europe a alors commencé. St Paul a apporté à l’Europe le Christ et son évangile. A la fin du premier millénaire, toutes les Nations européennes étaient chrétiennes !
St Paul a été le premier homme religieux du monde à s’être fait le chantre de la vraie liberté dans le Christ. Cette liberté dans le Christ a vraiment été la valeur spirituelle de l’Europe aux racines chrétiennes. Cette valeur, elle ne doit pas aujourd’hui la renier, sinon elle n’aurait plus beaucoup d’influence dans la Famille des Nations. La liberté dans le Christ, c’est la liberté dans la vérité, qui s’obtient par le renoncement à son égoïsme individuel.
St Jean-Paul II et le grand Pape théologien Benoît XVI, dans la continuité avec Saint Paul, ont rappelé l’essentiel de la liberté que la France, fille aînée de l’Eglise, et l’Europe aux racines chrétiennes doivent promouvoir dans le monde : respect inconditionnel de la vie, de sa conception à son terme naturel, la dignité de famille, le bel amour responsable, le développement de l’homme dans toutes ses dimensions : physique, affective, morale, spirituelle et le développement de tous les hommes, l’éradication des énormes injustices qui créent un fossé scandaleux entre riches et pauvres. L’Eglise sait que la tâche des hommes politiques est difficile. Elle ne les juge pas mais veut les aider à discerner les vraies causes de la crise mondiale d’aujourd’hui. Jésus disait dans l’évangile de ce jour : « Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi ». Soyons courageux pour ne pas baisser les bras dans la tempête. La paix, la vraie paix à laquelle tous aspirent demande, pour tous, un supplément de courage. Le courage, cependant, ne suffit pas : la paix ne peut pas s’édifier sans Dieu et encore moins contre Dieu.
N’oublions pas, enfin, en ce 8 mai, les deux Saints qui étaient priés et fêtés le 8 mai 1945 : Saint Michel Archange et Sainte Jeanne d’Arc. La fin de la deuxième guerre mondiale n’est pas arrivée par hasard un 8 mai. Dieu, comme pour l’armistice de la première guerre mondiale, signée le jour de fête d’un grand protecteur de la France : saint Martin, nous invite à demander l’intercession de St Michel et de Ste Jeanne d’Arc. Prions aussi les martyrs d’Algérie dont les moines de Tibherine, fêtés en ce 8 mai et rappelons encore que la Patronne principale de la France est la Vierge Marie. Prions-la avec le rosaire en ce mois de Marie afin qu’elle nous permette de vivre dans la liberté et la joie des enfants de Dieu.