L'Eucharistie est semblable à cette graine de moutarde...
Homélie pour le 11e Dimanche du Temps Ordinaire ("Fête-Dieu")
Dimanche 13 juin 2021
La graine de moutarde, c'est d'abord Jésus Lui-même !
Nous remercions pour les vœux, pour l’alliance éternelle de Notre Seigneur avec deux frères ! Mystère ineffable : un Dieu qui fait alliance avec ses créatures !
Nous remercions le Cœur Immaculé de Marie, qui est en union si étroite avec le Dieu fait homme. C’est la Sainte Vierge qui réalise le plus parfaitement la consécration à Dieu ; Dieu se réjouit en elle, et elle-même exulte en Dieu son Sauveur. Que l’offrande de nos deux frères célébrée en la fête du Cœur Immaculé de Marie soit immergée dans ce Cœur si pur pour être vraiment totale et pour porter du fruit pour l’éternité.
Nous remercions le Cœur de Jésus, expression de l’amour infini de notre Dieu. C’est lui qui est l’acteur principal de la consécration religieuse, car c’est lui qui consacre le religieux qui se donne à lui.
Nous le fêtons aujourd’hui dans son Saint-sacrement, qui va processionner au milieu de nous, comme aux jours de l’Evangile où Jésus parcourrait villes et villages, chassant les démons, enseignant guérissant toutes les maladies du corps et de l’âme.
Qu’est-ce que le Saint Sacrement ? Répondons en deux points :
- C’est la présence réelle substantielle du Fils de Dieu fait homme. C’est pourquoi on parle de la fête du Saint Sacrement comme de la « Fête Dieu ».
- C’est aussi le Saint Sacrifice, car la messe est vraiment un Saint Sacrifice. Les paroles de Jésus que le prêtre redit à la messe, Ceci est mon corps livré pour vous, ceci est mon sang versé pour vous, manifestent que la messe est l’actualisation du Sacrifice du calvaire, l’actualisation de l’amour qui est allé jusqu’à l’extrême, de l’amour qui n’a reculé devant aucun sacrifice pour arracher les âmes à l’emprise du démon, pour conquérir ces mêmes âmes à l’amour. Ainsi la messe est actualisation du St Sacrifice rédempteur ; la présence eucharistique est présence de Notre Seigneur en état de perpétuelle offrande et intercession pour nous. C’est une présence vivante, suppliante, offrante ; c’est un feu dévorant, car notre Dieu est un feu dévorant.
L’évangile de ce jour parle de la graine de moutarde, la plus petite des semences de la terre, qui devient plus grande que les plantes du potager, qui fait des branches et où les oiseaux viennent faire leurs nids.
Les paroles de Jésus sont des paroles véridiques, car ce qu’il enseigne, il le vit lui-même. Ainsi, on peut dire que cette toute petite graine qui fait ensuite des branches où viennent nicher les oiseaux, c’est d’abord Jésus lui-même.
Contemplons donc Jésus en trois grands abaissements où il offre un asile à une multitude :
- Le premier abaissement est l’Incarnation. Aux yeux du monde c’est un événement insignifiant dont on n’a pas parlé ; mais en profondeur c’est la venue de Dieu parmi les hommes en vue de les rassembler tous en lui, c’est le bon berger qui commence sa longue marche pour aller à la recherche des brebis égarées.
- Le deuxième abaissement est le calvaire : aux yeux du monde, c’est le pus grand échec qui soit. Mais en profondeur, c’est la victoire de l’amour sur la haine, de la miséricorde sur la vengeance : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. C’est à l’ombre de la croix que peuvent trouver refuge tous les pécheurs repentants.
- Le troisième abaissement est la Sainte Eucharistie : aux yeux du monde elle n’est rien, elle ne semble qu’un morceau de pain et un peu de vin. Mais en profondeur, elle est Jésus vivant, elle est le feu de l’amour divin qui doit embraser le monde entier.
L’Eucharistie est, par excellence, cette petite graine qui donne de grandes branches où viennent s’abriter les oiseaux du ciel.
En effet, si l’on est blessé par le péché, approchons-nous de la Sainte Eucharistie – après nous être confessés – et nous recevrons celui qui a réparé pour tous nos péchés.
Si l’on a de la peine à pardonner, approchons-nous de la Sainte Eucharistie pour recevoir celui qui, rassasié d’opprobres, ne faisait qu’intercéder pour ses bourreaux.
Si l’on est écrasé par les épreuves et que l’on est très tenté de baisser les bras, approchons-nous de la Sainte Eucharistie et nous recevrons celui qui a porté sa croix jusqu’au bout et qui est mort en disant Tout est accompli.
Si l’on entend les appels de Jésus à aller de l’avant dans la découverte du véritable amour, mais que l’on est hésitant et craintif, approchons-nous de la Sainte Eucharistie et nous recevrons la force de nous livrer totalement par amour dans une joie profonde.
Approchons-nous donc toujours de la Sainte Communion avec une crainte pleine de respect, et surtout avec un cœur plein de désir d’amour. Nous serons ainsi les oiseux du ciel qui viennent nicher dans ses branches.
Ajoutons encore – et cela est très important à l’époque où nous vivons – que l’Eucharistie est le grand sacrement de la foi, comme nous le proclamons à chaque messe après la consécration : « Il est grand le mystère de la foi ». Garder la foi en l’Eucharistie est un rempart essentiel pour être préservé de la grave crise de la foi qui atteint un nombre important de fidèles et aussi de pasteurs :
- La crise de la foi se manifeste par exemple dans la revendication de la communion alors que l’on est dans une situation matrimoniale en contradiction avec les paroles de Jésus dans l’Evangile. Si l’on a la foi en l’Eucharistie, on ne revendique pas la Sainte Communion, mais l’on se convertit en écoutant les paroles de Jésus, puis on s’approche humblement de la Communion pour recevoir la force de vivre d’une vie nouvelle.
- La crise de la foi se manifeste aussi dans la prétention de justifier des pratiques contre nature. Mais si l’on a la foi en l’Eucharistie, on croit que Jésus est un feu dévorant qui peut rectifier ce qui est dévié. Dès lors on ne se tient pas devant lui comme le pharisien qui explique que ce qu’il fait est bien, mais on adopte humblement l’attitude du publicain qui n’ose pas lever les yeux et l’on implore.
Avoir la foi en l’Eucharistie, c’est accepter la Révélation surprenante d’un Dieu qui veut habiter en nous pour renouveler nos cœurs et nous élever jusqu’à une participation à sa vie divine. Aimons, adorons, Jésus en son Saint Sacrement.