Eloge de la foi
Homélie pour le 13e Dimanche du Temps Ordinaire
Dimanche 27 juin 2021
Jésus n'est pas loin de nous : croyons en Lui !
Nous vivions notre dernier dimanche de ce mois du Sacré Cœur, mois si important ces temps troublés que nous vivons. En effet, nous pouvons penser que les paroles de Jésus à Sainte Marguerite-Marie sont plus actuelles encore en nos jours : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges et par les froideurs et mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. » Ainsi, que cette messe soit pour nous une nouvelle occasion de réparer par notre amour les péchés des hommes de notre temps envers le Saint-Sacrement. Oui, essayons de comprendre cet amour brûlant qu’a Jésus pour chacun de nous.
L’Évangile de ce jour nous manifeste une nouvelle fois ce Cœur de Jésus si humain, si vibrant et si aimant. En effet, Notre Seigneur vibre à la souffrance de ce père qui est sur le point de perdre son enfant. De même il vibre à la souffrance de cette femme qui endurait des pertes de sang depuis 12 ans. Pour nous, il en est de même. Parfois il peut nous sembler que Jésus est loin de nous, ou que notre vie ne l’intéresse pas, comme s’il aimait les hommes en général mais non pas chacun en particulier. Non, Jésus nous connait personnellement et Mère Marie-Augusta voit juste lorsqu’elle nous dit que Jésus est sensible à nos moindre faits et gestes. Oui n’oublions pas que malgré nos épreuves Jésus demeure avec nous et nous donne sa grâce pour avancer.
Dans l’Évangile, une chose peut nous étonner. Pourquoi, alors que la fille du chef de la synagogue est vraiment à la dernière extrémité, Jésus s’attarde-t-il avec la femme qui vient d’être guérie ? La mort et la résurrection de Lazare nous éclaire. Jésus avait dit : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. » Jésus est bien le maître des événements, et c’est pourquoi nous ne devons pas nous étonner lorsque ses manières d’agir ne sont pas les nôtres. Lui sait ce qu’il fait et nous pouvons lui faire confiance !
Ainsi Jésus s’arrête. Jésus ne s’arrête pas pour faire un nouveau miracle, car le miracle est déjà opéré. Il s’arrête plutôt pour mettre au grand jour la foi de cette femme, foi qui lui a permis d’agir. Jésus en effet ne peut agir sans notre foi. De plus, il le fait bien souvent dans la discrétion. Ce miracle aurait pu passer totalement inaperçu. Mais Jésus a voulu qu’il soit connu.
Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, c’est une illustration de ce passage qui ouvre la partie sur les sacrements. Une force sort de Jésus n’une manière invisible au regard humain. Dans les sacrements il en est de même. Jésus donne sa grâce d’une manière aussi certaine que discrète. Mais nous qui en jouissons, nous sommes comme la femme de l’Évangile, nous savons qu’une force est sortie de lui pour venir en nous.
Ceci est vrai pour les sept sacrements, mais combien cela est encore plus frappant pour ce qui concerne le sacrement de l’Eucharistie, le sacrement de son amour. Aujourd’hui, la grave crise que nous vivons dans l’Église sur la foi en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie et de l’actualisation de son sacrifice rédempteur au cours de la messe, ne peut-être que le triste fruit d’un manque de foi dans la puissance du Cœur de Jésus. Ce manque de fois naît d’une perte de notre relation vivante et fréquente avec lui. En ce temps de vacances, qui commence ou qui va commencer, ne craignons pas de nous arrêter dans nos églises pour donner du temps à Jésus. Il nous dira certainement, à nous aussi : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » La foi en Jésus donne la paix et nous guérit.
Paradoxalement, c’est précisément à ce moment où Jésus donne sa paix qu’on vient annoncer au père la mort de son enfant. On sent l’amertume dans les paroles des serviteurs : « À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus réagit tout de suite pour garder hors de tentation la foi du père, et ne s’adressant qu’à lui demande : « Ne crains pas, crois seulement..» Pour nous il doit en être de même. Là où tout semble perdu, Jésus nous demande de croire encore et toujours. Là où il semble que la foi se perd immanquablement, que de toute part nous puissions entendre dire : « À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus nous redit aussi : « Ne crains pas, crois seulement. » Alors croyons !
Maintenant Jésus congédie la foule. Elle a eu les signes nécessaires pour croire. L’Église aussi devra vivre au-delà des signes, vivre de la foi et des sacrements. Ici Jésus ne prend donc avec lui que Pierre Jacques et Jean. Arrivé à la maison, il congédie aussi les personnes présentes qui ne croient pas en lui et se moquent même de lui. Jésus ne garde là aussi que le Père et la Mère de l’enfant. Alors Jésus semble simplement réveiller la jeune fille « Talitha koum … Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Puis, dans sa grande délicatesse, devant les parents plein de stupeur, il leur rappelle qu’elle a besoin de manger.
Combien ce passage, dans l’intimité familiale est touchant. Oui, l’auteur du livre de la Sagesse ne s’est pas trompé. Dieu n’a pas créé la mort mais c’est par l’envie du diable qu’elle est venue dans le monde. Mais « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. »
Ainsi, la résurrection qui nous vient d’être rapportée par l’Évangile est à aussi pour nous manifester ce qui se passe dans une âme qui s’ouvre à la grâce. Par le Baptême en effet nous renaissons à la vie nouvelle perdue par le péché originel. Il ne s’agit pas moins qu’une résurrection ! Mais cette vie à besoin aussi de se fortifier par une nourriture qui est indispensable. Cette nourriture nous la connaissons, c’est Jésus lui-même dans l’Eucharistie.
Alors demandons avec confiance au Cœur Immaculé de Marie de nous aider à comprendre l’importance des grâces que Notre Seigneur veut nous donner par ses sacrements. Vivons nos messes avec un grand amour pour Jésus qui s’est livré pour que nous ayons la vie ! Oui, qu’au terme de ce mois du Sacré-Cœur, Notre-Dame des Neiges nous conduise à ce Cœur qui a tant aimé le monde !