Par la foi, accueillir le Salut !

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Homélie pour le 20ème Dimanche du Temps Ordinaire

DImanche 20 août 2023

C’est précisément la foi qui est ici le critère d’intégration dans le peuple de Dieu

Les lectures de ce dimanche sont centrées sur la grande œuvre du salut, que Dieu a révélée progressivement à son Peuple.

Le prophète Isaïe invitait ses contemporains à la fidélité. « Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient et ma justice va se révéler ». Avec son salut, Dieu fera connaître dans tout son éclat sa justice, sa sainteté.

Pour pouvoir connaître une chose, la comprendre, l’apprécier, il est nécessaire d’y participer d’une certaine manière. Il en va de même de la manifestation de la justice de Dieu. « Dieu est Lumière, nous dit saint Jean, en Lui point de ténèbres. » (1Jn 1,5) Celui qui vit délibérément dans les ténèbres de l’injustice, c’est-à-dire dans l’infidélité aux dix commandements, ne sera pas en mesure de comprendre, de connaître et d’aimer la justice de Dieu sa sainteté comme une comme source de joie éternelle. C’est chaque jour qu’il nous faut travailler à observer le droit et pratiquer la justice-sainteté pour nous préparer à la rencontre avec Dieu.

Isaïe annonce aussi la possibilité du salut pour les étrangers, c’est-à-dire pour ceux qui ne font pas partie du Peuple juif, mais qui aiment le nom du Seigneur et le servent en observant le sabbat et en étant fidèles à son alliance – autrement dit à la loi des dix commandements. De ces personnes qui agissent selon ce que leur conscience éclairée par la loi de Dieu leur commande, le Seigneur dit qu’ils auront accès au culte, leur prière pourra être agréable à Dieu.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, exprime le grand désir qui l’anime : le salut de ses frères Juifs. Ce sont eux les premiers bénéficiaires du salut. Dieu s’est en quelque sorte servi de leur incapacité à reconnaître le Messie, pour nous faire miséricorde à nous qui n’appartenions pas au Peuple élu. Saint Paul a toujours pris soin de prêcher d’abord dans les synagogues, car le salut est d’abord pour les Juifs. Ce fut le cas à Antioche de Pisidie. Face à l’incrédulité de leurs frères dans la foi, Paul et Barnabé déclarèrent : « C’était à vous d’abord qu’il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens. » (Ac 13,46).

Quand Jésus a envoyé ses disciples en mission, il leur a spécifié : « Ne prenez pas le chemin des païens et n’entrez pas dans une ville de Samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. » (Mt 10,5-6). Mais Jésus a aussi dit à saint Paul dans une vision à Jérusalem : « Va ; c’est au loin, vers les païens, que moi, je veux t’envoyer. » (Ac 22,21).

Toutefois saint Paul ne désespère pas du salut de son Peuple, car il en est convaincu : « Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. » (Rm 11,29). Dieu ne revient pas sur sa parole. « Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2Tm 2,13). Saint Paul est convaincu que la possibilité du salut est offerte à tous les hommes, sans exception. « Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde. » (Rm 11,32). À Timothée il écrit : « Dieu notre Sauveur […] veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1Tm 2,3-4).

Encore faut-il que tous soient disposés à accueillir le don qui leur est proposé. Nul ne peut forcer quelqu’un à recevoir le cadeau qui lui est proposé.

Dans l’Évangile nous est donné en modèle une femme païenne qui n’était pas héritière des promesses faites à Israël, mais qui a su conquérir Jésus par l’ardeur du désir de la grâce qui l’animait. Par une prière audacieuse et persévérante, cette femme cananéenne supplie Jésus de guérir sa fille possédée par un esprit impur.

Nous pourrions être étonnés de l’attitude de Jésus, si peu avenante envers cette femme. Aujourd’hui on aurait peut-être dit qu’il était trop rigide, qu’il faut intégrer tout le monde. Jésus semble délibérément mettre à l’épreuve la foi de cette femme. C’est précisément la foi qui est ici le critère d’intégration dans le peuple de Dieu, car la foi est justement cette disposition à accueillir le don gratuit du salut.

Arrêtons-nous sur ce qui caractérise la prière de cette femme. En premier lieu, soulignons sa détermination : elle criait vers Jésus, au point que les disciples en étaient lassés. Ils intercèdent pour elle auprès de Jésus, afin d’avoir la paix.

Notons ensuite que sa prière est pleine de foi. Elle ne se demande pas si Jésus est capable de libérer sa fille. Elle croit qu’il en a le pouvoir. Par trois fois elle l’appelle « Seigneur » et elle se prosterne devant lui en signe d’adoration. Elle ne doute pas du pouvoir divin de Jésus.

Nous pouvons aussi admirer sa persévérance. Alors que dans un premier temps Jésus ne lui répond pas un mot, puis lui oppose clairement un refus : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël », la femme cananéenne ne se laisse pas abattre. Elle persiste dans sa prière, jusqu’à ce qu’elle ait obtenu ce qu’elle voulait. Elle veut la grâce, elle insiste, elle persévère, elle se bat dans sa prière et cela, manifestement, plaît au Cœur de Jésus qui finit par lui adresser un beau compliment : « Femme, grande est ta foi » et qui guérit sa fille par une seule parole : « Que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Quelle affirmation merveilleuse : un cœur rempli de foi peut obtenir les plus grandes transformations. Jésus ne pose aucune limite au don qu’il lui accorde : que tout se passe pour toi comme tu le veux.

Relevons aussi l’humilité de cette femme qui, alors que Jésus semble lui faire affront en faisant une comparaison entre les non-juifs et les animaux domestiques, ne manifeste aucune indignation. Elle accepte de ne pas avoir de prétention sur le Dieu d’Israël et son Messie.

Que l’exemple de cette femme nous stimule dans notre prière. Si la détermination, la foi, la persévérance et l’humilité anime notre prière, alors nous pourrons tout obtenir.

Puissions-nous en ces jours faire monter vers Dieu une telle prière pour obtenir au diocèse de Viviers le Pasteur que Dieu veut pour guider son peuple vers le salut. Demandons-le spécialement aujourd’hui par l’intercession de saint Bernard et par celle de la Vierge-Marie, la Reine des Apôtres. Amen.

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