Allez, vous aussi, travailler à ma vigne !
Homélie pour le 25ème Dimanche du Temps Ordinaire A
Dimanche 24 septembre 2023
Être appelés à travailler à sa vigne est déjà la première récompense
"Vos pensées ne sont pas mes pensées - dit le Seigneur par la bouche d’Isaïe - et mes chemins ne sont pas vos chemins" (Is 55, 8).
La parabole des ouvriers de la dernière heure manifeste combien cet oracle de Dieu est vrai. En entendant cette parabole, parce que nous sommes enferrés dans la réalité purement terrestre, nous réagissons spontanément en pensant que la justice n’est pas respectée ! Mais ici Jésus nous fait cheminer sur d’autres chemins bien plus élevés pour explorer la réalité humaine dans la perspective de Dieu et de l’éternité.
Ici, la pièce d’argent - le denier offert en salaire - représente la vie éternelle, don que Dieu réserve à tous. Cette pièce a donc en soi une valeur sans prix, identique pour chacun ; c’est la vie de Dieu. Il n’y a rien de plus beau et de plus grand que la vie éternelle. Hors de la vie de Dieu, c’est la mort. Il n’y a pas de choix, soit nous vivons de la vie de Dieu, soit nous mourons.
Cette parabole nous livre un autre message. Le patron, autrement dit Notre Seigneur, n’accepte pas l’inactivité, nous devons travailler pour lui ; il veut que tous soient engagés à sa vigne. Combien cette pensée est éloignée de la pensée de nos sociétés post-modernes qui nous fait croire qu’il faut vivre pour soi-même, et par conséquent que les choses de Dieu sont ennuyeuses !
Servir et travailler pour Dieu seraient une aliénation. Dieu serait un concurrent de notre liberté, de notre accomplissement et de notre bonheur ! Il serait un tyran qui nous tient sous le joug d’une morale impitoyable. De tout cela il faudrait se libérer. En réalité, Jésus veut nous faire comprendre le contraire ; être appelés à travailler à sa vigne est déjà la première récompense.
Benoît XVI disait :
« pouvoir travailler dans la vigne du Seigneur, se mettre à son service, collaborer à son œuvre, constitue en soi une récompense inestimable, qui compense toutes les peines. Mais seul celui qui aime le Seigneur et son Royaume le comprend ; celui qui travaille en revanche uniquement pour son salaire, ne comprendra jamais la valeur de ce trésor inestimable. » [Benoît XVI, Angelus 21 septembre 2008]
Saint Paul a parfaitement compris cette réalité, c’est pourquoi il a dit : « Pour moi, vivre c’est le Christ ». Lui, le persécuteur des chrétiens, a découvert depuis sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas qu’auparavant il n’était pas dans la vraie vie. Il ne travaillait pas à la vraie vigne. Il s’était trompé de vigne.
Mourir lui serait un gain car il serait alors dans le face à face avec le Christ. Mais il comprend qu’il doit travailler encore à la vigne du Seigneur pour en gagner encore quelques uns au Christ, pour les éduquer à la vie du Christ.
Travailler à la Vigne du Seigneur est un travail passionnant, exaltant, épuisant aussi. Aujourd’hui en tant qu’ouvrier de la vigne du Seigneur, nous devons défendre la vigne du Seigneur contre les mauvaises maladies. Veillons à apporter à cette vigne le véritable Evangile. Ne lui apportons pas un Evangile liquide, c'est-à-dire un Evangile sans saveur et frelaté !
Paul Claudel disait :
« l’Evangile, c’est du sel, et vous en avez fait du sucre » !
Etre ouvrier de la Vigne nous demandera parfois d’être prophète pour dire à ceux qui veulent aujourd’hui banaliser le péché pour faire cohabiter vie chrétienne et péché que nous sommes tous appelé à la sainteté. « Soyez saints, car moi le Seigneur votre Dieu, je suis Saint » (Lv 19, 2).
Etre ouvrier de la Vigne nous demandera parfois aussi courage, héroïsme et vérité pour suivre l’exemple des martyrs, c’est à dire de ces ouvrier de la vigne « qui ont vaincu l’accusateur, le démon, par le sang de l’Agneau et par la Parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir » (Ap 12, 10-11).
N’ayons pas peur de la croix car, portée avec Notre Seigneur, elle donne vie et joie. Rappelons-nous ces paroles de Jésus : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive » (Lc 9, 23).
Donnons-nous de tout cœur au travail de la vigne du Seigneur. Il en a pris un tel soin qu’il a été jusqu’à lui donner son Fils comme cep. Nous, nous sommes ses sarments. Aussi, Dieu veut absolument que sa vigne produise du fruit.
Enfin tournons-nous vers « la Vierge Marie qui est le sarment parfait de la vigne du Seigneur. En Elle a germé le fruit béni de l'amour divin : Jésus, notre Sauveur. Qu'Elle nous aide à toujours répondre avec joie à l'appel du Seigneur, et à trouver notre bonheur dans le fait de pouvoir travailler généreusement pour le Royaume des cieux. » [Benoît XVI, Angelus 21 septembre 2008]