Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu !
Homélie pour le 28e Dimanche du Temps ordinaire
Dimanche 10 octobre 2021
Le Décalogue, patrimoine de l’humanité
Le Décalogue, patrimoine judéo-chrétien
Un jeune homme pose question concernant la vie éternelle : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
La réponse de Jésus est double :
- « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
- Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère.
Le renvoi à Dieu qui seul est bon invite à se tourner résolument vers Lui. Cela correspond à la première Table du Décalogue, aux trois premiers commandements qui concernent l’amour de Dieu.
Puis le meurtre, l’adultère, le vol, le faux témoignage, l’honneur à rendre à sn père et à sa mère correspondent à la deuxième table du Décalogue qui concerne l’amour du prochain.
Le Décalogue a été donné par Dieu à Moïse, il est un élément essentiel du patrimoine du peuple juif et il énonce une sagesse admirable qui a été louée dans la première lecture : J’ai prié, j’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres, à l’argent, à la santé. Tous les biens me sont venus avec elle.
Mais le Décalogue est aussi devenu par Jésus le patrimoine des chrétiens. En effet, en répondant à la question du jeune homme riche, Jésus confirme la validité des 10 commandements et il affirme aussi la nécessité de leur observance pour avoir part à la vie éternelle.
Mais Jésus ne se contente pas d’indiquer la voie du bien, il donne aussi la force de la suivre. En effet, en écoutant Jésus, les disciples se demandent : «Mais qui peut être sauvé?» Jésus répond «Pour les hommes, c’est impossible, mais tout est possible pour Dieu». Il indique par là qu’il veut nous donner sa grâce afin de pouvoir vivre selon les commandements et d’être sauvés.
Demander pardon pour les péchés de pédocriminalité et aussi pour l’abandon des 10 commandements
Aujourd’hui, les chrétiens sont troublés par la révélation de la pédocriminalité qui est un péché excessivement grave. L’Église doit demander pardon pour le péché de certains de ses pasteurs. Nous devons demander pardon aux victimes, mais aussi demander pardon à Dieu, car Dieu est terriblement offensé par ces péchés. Nous devons demander pardon à Notre Seigneur qui nous a dit : « Tout ce que vous ferez à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’aurez fait » (Mt 25).
Il faut donc demander pardon des péchés, mais il faut remonter à la cause des péchés. Or une des causes importantes est la non acceptation des 10 commandements, en particulier, dans le cas présent, du 6ème commandement : «Tu ne commettras pas d’adultère.» En effet, ce commandement n’est pas accepté par beaucoup. Quand en 1968 le pape saint Paul VI a publié l’encyclique Humanae vitae, il a prophétiquement annoncé que la contraception entrainerait une multiplication des divorces ; or cette encyclique a rencontré beaucoup d’oppositions, même dans l’Église, même de la part de nombreux évêques. Tout récemment, le pape émérite – avec l’accord écrit du Pape François – vient du publier un texte éloquent où il met en relief le fait qu’avec l’acceptation de la pilule on a dissocié l’union des époux de la procréation, ce qui a conduit à considérer comme équivalentes toutes les formes de sexualité, y compris celles contre nature. Et la logique de cette attitude est la perversion morale qui va jusqu’à la pédocriminalité. C’est pourquoi, si nous voulons sincèrement porter remède au grand mal dénoncé, nous devons publiquement demander pardon de ne pas avoir accepté l’encyclique Humanae vitae de saint Paul VI. Nous devons aussi demander pardon de ne pas avoir accepté l’encyclique Veritatis splendor de Saint Jean Paul II, où ce grand pape, en plein accord avec la parole de Jésus confirmand la validité perpétuelle des 10 commandements, rappelait l’enseignement traditionnel de l’Église sur les actes intrinsèquement pervers toujours illégitimes, sans aucune exception.
Le Décalogue, patrimoine de l’humanité
Les 10 commandements, avons-nous dit, sont devenus par Jésus le patrimoine des chrétiens, mais ils sont aussi devenus le patrimoine de toute l’humanité. En effet, Jésus est venus pour tous les peules. Et c’est un fait que la culture de l’humanité entière a rencontré le christianisme et donc la sagesse exprimée dans les 10 commandements. Le Décalogue est une expression privilégiée de la loi naturelle, qui est inscrite dans le cœur de chaque homme, mais qui est mieux connue grâce à la révélation faite à Moïse et confirmée par Jésus. Les deux Tables données à Moïse expriment donc une sagesse dont tout homme sincèrement droit peut comprendre la pertinence.
La première Table est composée des trois premiers commandements qui concernent l’amour de Dieu. Ils expriment la dignité inaliénable de chaque personne humaine, due au fait qu’elle est appelée à partager la vie même de Dieu. Cette première Table est la garantie de la dimension transcendante de l’homme et le meilleur rempart pour empêcher que l’homme ne devienne un simple rouage de l’État.
La deuxième Table contient sept commandements qui concernent l’amour du prochain ; elle est le fondement de la paix et de la liberté parmi les hommes. Montrons par un ou deux exemples comment tout homme de bonne volonté peut comprendre la valeur imprescriptible de ces commandements.
- Il est dit : tu ne tueras pas et tu ne mentiras pas. Or aujourd’hui on parle à propos de l’avortement du « droit de la femme à disposer de son corps ». Or n’importe quel scientifique sait très bien qu’il s’agit là d’un mensonge, car le corps de l’enfant n’est pas le corps de la femme! Et ce mensonge est en vue de tuer. C’est là l’œuvre du diable dont Jésus dit qu’il est menteur et père du mensonge et qu’il est homicide dès l’origine (Jn 8).
- Il est dit : tu ne commettras pas d’adultère et tu ne mentiras pas. Ces deux commandements sont aussi très liés ente eux : ne parle-t-on pas de tromper son conjoint? L’amour n’est-il pas fidélité à la parole donnée? C’est ainsi que l’adultère est lié au mensonge.
- Il y a aussi un lien entre l’adultère et le vol. Un dicton affirme que «donner c’est donner, et reprendre, c’est voler». Or l’adultère consiste à reprendre un amour que l’on avait pourtant donné.
Les 10 commandements sont donc une sagesse révélée par Dieu mais aussi une sagesse que l’homme droit peut découvrir par sa raison. Comme tels, ils sont au dessus de toute loi humaine. Notre culture le sait très bien, elle qui loue Antigone qui assurait la sépulture des défunts malgré l’interdiction du Roi, avec la conviction que les lois des dieux non écrites l’emportent sur les lois des hommes. Les apôtres en étaient bien conscients, eux qui disaient : «il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes».
Pour lutter contre la pédocriminalité, certains voudraient aujourd’hui, abolir le secret de la confession. Outre que cela n’aurait aucun fruit positif, il n’est pas possible d’accepter une telle ingérence. La Loi de Dieu ne saurait être ainsi annulée par les hommes.
La splendeur de l’appel de Jésus
Terminons en sortant de la boue et en regardant vers le haut.
Dans l’Évangile, nous avons entendu Pierre dire à Jésus : «Voici que nous avons tout quitté pour te suivre.» Cette parole montre combien Jésus est un bien qui l’emporte sur tous les biens. Choisir Jésus, non seulement en observant les commandements, mais en renonçant à tout pour lui, est une voie royale pour une vie de plénitude. C’est la voie suivie par les prêtres et les consacrés. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de prêtres et de consacrés qui puisent dans le Cœur de Jésus les vrais trésors à répandre sur le monde pour guérir toute les blessures et donner un sens profond à l’existence. Que tous, en particulier les jeunes, regardent ce qui est beau, qu’ils soient saisis par la splendeur de l’appel de Jésus et qu’ils brûlent d’enthousiasme pour notre Dieu. Voilà le vrai remède aux maux actuels, voilà ce qui peut combler pleinement les aspirations profondes de l’homme.