La fidélité à l'évangile peut être aujourd'hui un martyre moral
Homélie du dimanche 31 août 2014. Retraite de la communauté
Ce dimanche n’est pas celui de la rentrée pour tous ! Pour la communauté, c’est encore le temps des Retraites, qui ne nous éloignent pas de vos préoccupations. Nous partageons avec vous les tristesses et les angoisses des hommes de notre temps, mais nous voulons et devons privilégier la joie et l’espérance, comme le Concile Vatican II et les derniers Papes nous l’ont demandé.
Ne baissons pas les bras, ne soyons pas des prophètes de malheur mais, sans nous lasser, faisons connaître et aimer Jésus.
Jérémie dit, dans la première lecture, s’être laissé séduire par Dieu. Mais tout de suite après, ce grand prophète se lamente : tout le monde se moque de moi ! Pourquoi est-il en butte à la raillerie et à la contestation ? Parce qu’il appelle à la conversion en dénonçant les péchés de ses contemporains ! La mission des prophètes n’a jamais été facile. Ils n’ont la faveur des Médias, ils ne plaisent pas à ceux dont ils dénoncent les péchés. Jérémie, pourtant, demeurera courageux. Il ne cherchera jamais à plaire, parce que la Parole de Dieu est comme un feu dévorant en son âme qu’il ne peut pas maîtriser ! Demandons la grâce à Jésus par la Vierge Marie d’imiter ce prophète courageux et de ne pas craindre d’aller à contre-courant à la suite de Jean-Paul II, Benoît XVI, et de notre Pape François. Saint Jean-Baptiste dont nous avons célébré le martyre, ce vendredi, a été comme Jérémie un prophète courageux en dénonçant l’adultère d’Hérode. Témoignons sans peur comme lui du plan de Dieu sur la famille.
Saint Paul, dans la 2e lecture, nous a demandé de ne pas prendre pour modèle le monde présent, mais de reconnaître quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. Merci de bien prier pour nos Retraites afin qu’elles nous permettent de mettre en pratique l’enseignement de l’apôtre des Nations. Notre Pape François nous appelle à nous dépouiller de la mondanité spirituelle. Que veut-il nous dire ? Ce que le Père Henri de Lubac voulait signifier : ne pas épouser l’esprit du monde, qui est, de fait, l’esprit du démon, mais être animé par l’esprit de l’évangile en témoignant avec conviction du double commandement de l’amour et du prochain. Les Saints, à la suite de Jésus, ont aimé les hommes de leur temps jusqu’à donner leur vie pour eux mais ils ont tous été fidèles à l’esprit de l’évangile : ils étaient dans le monde sans être du monde ! En notre temps de crise spirituelle et morale, la fidélité à l’évangile peut être cause d’une sorte de martyre moral.
Mais n’ayons pas peur, ce martyre moral est la voie que Jésus nous appelle à suivre dans l’évangile de ce dimanche : « Si quelqu’un veut marcher derrière Moi, qu’il prenne sa croix et qu’il Me suive ». Tous les contemporains de Jésus n’ont pas eu le courage des 12 et des saintes femmes. Plusieurs, après avoir été conquis par la Parole de Jésus et avoir fait un pas en avant en sa direction, ont fait tout de suite après trois pas en arrière, parce qu’ils n’ont pas accepté de se renoncer et de prendre leur croix ! Le fier et orgueilleux François Xavier méprisait Saint Ignace, qui s’était converti et suivait des cours avec lui à Paris. Saint Ignace, persévérant, lui rappelait souvent la phrase de Jésus, entendue en ce dimanche : « Quel avantage un homme aura-t-il de gagner le monde s’il vient à perdre son âme ? » François Xavier a été vaincu par Jésus, Il est devenu l’un des plus grands missionnaires de tous les temps et le Saint Patron des Missions.
Un passage de l’évangile de ce dimanche peut vous scandaliser. Jésus, en effet, après avoir dit Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre, Je bâtirai mon Eglise », lui dit : « arrière de moi, Satan ! » Jésus aurait-Il donc changé son plan sur Pierre ? Aurait-Il voulu dire que cet apôtre avait perdu son charisme de Rocher pour enseigner la vérité et la morale sans erreur ? Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables, disait Saint Paul il y a 15 jours. Jésus est le Fils de Dieu. Il ne peut donc pas changer en quelques minutes son plan sur Pierre. Que s’est-il donc passé pour que Notre-Seigneur puisse dire à Pierre des paroles aussi énergiques ? Lorsque cet apôtre a proclamé que Jésus était le Christ, le Fils du Dieu vivant, il était inspiré par Dieu le Père. Lorsqu’il dit ensuite à Jésus qui vient de faire la première annonce de sa Passion : « Dieu T’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ! », il a parlé sous l’inspiration de Satan. Pierre, c’est évident, n’est pas devenu Satan, mais le démon l’a tenté comme il nous tente tous et Pierre n’a pas été assez prudent pour le discerner. Mais cette première et grande leçon ne sera pas suffisante ! Jésus devra l’avertir encore, le Jeudi Saint : avant que le coq ne chante, tu M’auras renié trois fois. Mais Pierre était trop téméraire et trop sûr de lui ! Il reniera trois fois lamentablement son Maître. Son amour pour Jésus était grand, cependant. Sa confiance en la Vierge Marie était totale et, grâce à elle très probablement, après avoir pleuré amèrement son triple reniement, il a confessé humblement son péché à Jésus qui lui a donné son pardon. Jean-Paul II a dit que ce triple reniement avait été une étape décisive pour Pierre, qui n’a plus jamais renié Jésus. Malgré sa faiblesse humaine, il a exercé courageusement son ministère pétrinien. Tous ses successeurs, malgré leurs faiblesses humaines, ont eu leurs grâces d’état pour enseigner la foi et la morale sans erreur !