C'est l'empressement de tout Israël vers le Messie
Lumière pour éclairer les nations...
En ce 2 février, l’Église célèbre le jour où l’Enfant-Jésus, porté par Marie et Joseph, fut présenté à Dieu au Temple de Jérusalem.
La loi juive prescrivait que tout garçon premier-né soit offert au Seigneur quarante jours après sa naissance. Jésus, en tant que fils d’Israël, a donc lui aussi été consacré au Seigneur.
Cependant, l’Enfant-Jésus n’était pas n’importe quel enfant. Sous la frêle humanité du fils premier-né de Marie se cachait celui qui est le Fils Premier-né du Père. Jésus n’entrait donc pas dans le Temple de Jérusalem pour être racheté ou purifié mais pour réaliser les promesses faites à Israël.
Car Israël attendait depuis des siècles la venue du Messie ; un Messie qui viendrait délivrer son Peuple de ses ennemis, le consoler et le consacrer en l’installant définitivement sur la Terre de la Promesse. En entrant dans le Temple pour s’offrir lui-même comme victime d’holocauste, l’Enfant-Jésus mettait fin à l’attente de tout un Peuple.
En ce jour, le vieillard Syméon et la prophétesse Anne l’attestent : aux côtés de Marie et de Joseph, ils reconnaissent au nom du Peuple juif que Jésus est le Messie attendu. Jésus est le Temple saint et définitif, le lieu de la présence de Dieu dans lequel le Peuple Élu sera purifié et vivra l’Alliance nouvelle et éternelle.
La fête que nous célébrons en ce jour est donc particulièrement émouvante si l’on comprend que dans l’empressement de Syméon et de la prophétesse Anne pour aller à la rencontre de la sainte Famille est comme résumée l’empressement de tout Israël vers le Messie, le désir de tous les justes de l’Ancien Testament, l’espérance de tout un Peuple. En processionnant avant d’entrer dans l’Église, nous avons mis nos pas dans les pas de Syméon et d’Anne, nous nous sommes nous aussi empressés avec tous nos frères aînés dans la foi, les juifs, en marche vers le Messie.
Cependant, il nous faut aller plus loin. Car la fête que nous célébrons aujourd’hui nous délivre un second message, lui aussi symbolisé par la procession qui a précédé notre Messe. Les historiens nous disent que, dans la Rome antique, on processionnait au début du mois de février une torche ou un flambeau à la main, afin de demander aux dieux la lumière et la fécondité. Au 7e siècle, les Papes ont compris que cette vieille coutume païenne était comme une « semence du Verbe » déposée dans le cœur des romains, une pierre d’attente, le signe d’un désir noble et juste que Jésus était venu réaliser.
Syméon le laisse entendre dans son Cantique dans lequel il proclame que Jésus est la « Gloire d’Israël » mais aussi « la lumière pour éclairer les nations païennes ». Oui, Jésus est la Lumière venue éclairer es nations païennes, ces peuples dont les religions à travers l’histoire ont été autant d’efforts pour aller jusqu’à Dieu. Au païen Pilate, Jésus dira qu’Il est « venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ». Notre procession a donc symbolisé le désir de toute l’humanité en quête de vérité, cette longue marche des païens vers la lumière sans laquelle il n’est pas de fécondité véritable. Nous avons au nom de toute l’humanité fait le pas d’aller jusqu’à Jésus, « Lumière né de la Lumière », pour trouver en lui la « vérité et la vie ».
Enfin, en nous rendant jusqu’au sanctuaire de notre église, nous avons bien évidemment rappelé cette humble procession faites par Marie et Joseph dans le Temple de Jérusalem, alors qu’ils portaient Jésus dans leur bras. En portant un Cierge à la main, nous sommes nous aussi devenus, comme la sainte Vierge et saint Joseph, des portes-lumière. Et de même que la lumière de la vérité qu’est Jésus n’était pas éblouissante lors de sa Présentation, de même la petite flamme de nos cierges, soumise au caprice du vent, nous a rappelé que la vérité de Dieu n’éclate pas aux yeux du monde, mais qu’elle ne se dévoile qu’aux cœurs humbles et purs. Saint Anselme disait que la cire de nos cierges symbolise la chair du Christ, leur mèche, son âme, et leur flamme, sa divinité. Oui, pour porter la lumière de sa divinité aux hommes, Jésus a accepté de consumer sa chair en offrande, prélude de l’Eucharistie et de la Croix.
Dans un chant qu’il avait composé pour les scouts – la légende du feu –, le vénérable Père Sevin disait : « Ma leçon la dernière, […] est qu’on ne fait rien sur terre qu’en se consumant ». La loi du feu, la loi de la lumière, est d’éclairer et de réchauffer tout en consumant. De même que nos cierges ne chassent les ténèbres qu’en se consumant, de même Jésus, pour porter la Lumière de sa divinité, a accepté de consacrer sa vie, de s’offrir en sacrifice.
Et Notre-Dame, en communion intime avec son fils, a elle-aussi accepté de se consumer pour porter la lumière de son Fils. Il n’est donc rien d’étonnant qu’en ce jour de lumière, le quatrième mystère joyeux de notre Rosaire, Notre-Dame reçoive de Syméon l’annonce des mystères douloureux. Un jour, lorsque les ténèbres du Calvaire auront recouvert la terre, un glaive de douleur transpercera son cœur.
En instituant le 2 février comme la Journée de la vie consacrée, saint Jean-Paul II nous livrait donc un message important. Les consacrés, qu’ils soient contemplatifs comme la prophétesse Anne, ou apostoliques comme le vieillard Siméon, poursuivent la mission de la sainte Vierge. Au cœur du monde, ils se sont identifiés à la Lumière qu’est Jésus. Pour cela, ils ont offert leur vie en offrande pour porter aux hommes la flamme qu’est Jésus, une flamme qui réchauffe par la charité et qui éclaire par la vérité.
En nous tournant en ce jour vers l’Enfant-Jésus, accomplissement des prophéties d’Israël et Lumière pour les nations païennes, nous prions en ce dimanche pour tous les consacrés du monde. Que Jésus unisse leur offrande à la sienne et les rende capable de la vivre en plénitude. Amen.