Auspice Maria !

la Vierge Marie, dès son enfance, a vécu à l’ombre du Puissant

De la Vierge Marie, l’Évangile ne nous dit rien avant la visite de l’ange Gabriel à Nazareth. Pourtant, en lisant l’Évangile – et plus largement toute la Bible – on sait que lorsque Dieu confie à un homme ou à une femme une mission particulière, il les prépare à accueillir et à accomplir cette mission. Comment pourrait-il en être autrement pour celle à qui Dieu allait demander de bien vouloir être la Mère du Sauveur ? Aussi Dieu a-t-il voulu que par la Tradition nous soit dévoilé l’un des secrets de cette mystérieuse préparation de l’âme de l’Immaculée. C’est le sens de la très belle fête de ce jour qui réunit depuis des siècles l’orient et l’occident pour contempler une étape décisive dans la préparation de l’âme de la Vierge Marie à sa mission unique. En ce jour, en effet, « à l’aube de sa vie consciente » (selon la belle expression du missel), vers l’âge de trois ou quatre ans, la petite Marie quitte sa famille pour aller servir Dieu au temple de Jérusalem.

Qu’a fait la Vierge Marie pendant ces années au temple ? Grégoire Palamas (un saint de l’Église orthodoxe) décrit ainsi ces années de la petite Marie dans le temple : « Marie choisit de vivre cachée des regards, consumant son temps dans le sanctuaire, où elle resta libre de tout lien matériel ; elle se sépara de toute relation, et s’éleva au-dessus de tout amour, y compris envers son propre corps, elle unifia ainsi tout son être dans l’esprit, par l’attention et par la prière divine continuelle. (…) Elle s’éleva au-dessus de toutes les créatures et elle vit la gloire de Dieu dans un mode plus parfait que Moïse, elle vit la grâce divine – qui ne peut pas être comprise d’une façon parfaite avec les sens – mais c’est un spectacle saint, et plein de grâce, réservé uniquement aux âmes pures et aux anges. Et parce qu’elle a réalisé cela, elle devint la nuée lumineuse, (…) l’eau de la vraie vie, l’aube du jour mystique et le char de feu du Verbe. »[1]

L’on sait que des femmes vivaient au temple, et ceci dès la période de l’Exode, où des femmes « étaient de service à l’entrée de la tente de la Rencontre » (Ex 38, 8). Dans son évangile, saint Luc mentionne la prophétesse Anne, qui « ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière » (Lc 2, 37). Ainsi, la Vierge Marie, dès son enfance, a vécu à l’ombre du Puissant. Celle dont l’Évangile nous dit à deux reprises qu’elle « méditait ces événements dans son cœur » (cf. Lc 2, 19. 51), écoutait déjà la Parole de Dieu dans un cœur fidèle qui était une bonne terre, et lui faisait porter du fruit, gardant sa lampe allumée, prête à venir à la rencontre de l’Époux. Si Jésus lors de sa vie publique proclame que sa Mère est bienheureuse plutôt parce qu’elle a écouté et gardé la Parole (cf. Lc 11, 28), c’est assurément parce que la Vierge Marie a médité cette Parole très tôt, profondément et longuement. Lorsque la Vierge Marie, peu après l’Annonciation, priera le Magnificat, elle montrera, selon la belle expression de Benoît XVI, qu’elle est vraiment chez elle dans la Parole de Dieu : « elle en sort et elle y rentre avec un grand naturel. Elle parle et pense au moyen de la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de la Parole de Dieu. De plus, se manifeste ainsi que ses pensées sont au diapason des pensées de Dieu, que sa volonté consiste à vouloir avec Dieu. Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée. »[2]

En ce 21 novembre, nous voulons vivre une journée de prière pour les vocations. Depuis des siècles, en orient comme en occident, de nombreux consacrés et prêtres renouvellent en ce jour leurs engagements, sur les traces de la Vierge Marie qui s’offre. Jean-Jacques Olier, fondateur des sulpiciens, encourageait à se mettre sous la protection de Marie – en latin Auspice Maria, que veulent signifier les lettres "A" et "M" entrelacées. Ainsi, en ce jour, mettons-nous une nouvelle fois sous la protection de la Vierge Marie, et mettons aussi sous sa protection les jeunes que Dieu appelle à tout laisser pour le suivre. Que la Vierge Marie ouvre le cœur de nombreux jeunes afin qu’ils entendent cet appel, que Benoît XVI avait fait résonner ainsi : le Christ « n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. »

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[1]Homélie 53, 59 (https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/panorama-de-la-vie-de-la-vierge/vie-de-la-vierge-marie/la-presentation-de-marie-au-temple/lenfance-de-marie-g-palamas-1359-byzantin)

[2] BENOÎT XVI, Deus caritas est, nº 41