La famille, icône du mystère trinitaire
Homélie pour le dimanche de la Sainte Famille - Année A
Dimanche 28 décembre 2025
Le combat contre la famille est fondamentalement un combat contre Dieu !
La Galerie Nationale, à Londres, est l’un des plus célèbres musées au monde, et possède de nombreux trésors. Parmi eux, un tableau d’un peintre espagnol, Bartholomé Murillo. C’est une peinture sur toile, réalisée en 1680, qui porte un nom très étrange : « les deux trinités ». Que représente-t-il ? Au centre, le Seigneur Jésus enfant. Au-dessus de lui, le Père et l’Esprit-Saint, et à ses côtés un peu plus bas, la Vierge Marie et Saint Joseph agenouillés devant lui. D’autres toiles portent également le même nom, notamment en France à Issy-les-Moulineaux, où une toile porte ce nom, avec ce complément : « La Trinité céleste et la Trinité terrestre ».
Naturellement, le titre donné à ces tableaux n’est pas juste théologiquement. Nous avons célébré, en cette année jubilaire qui s’achève, les 1700 ans du concile de Nicée, qui a proclamé qu’il y a un seul Dieu, qui est Père, Fils et Saint-Esprit. Il y a évidemment une unique Trinité. Mais ce Dieu unique en trois personnes a voulu – et c’est ce que montrent ces peintures – que son unité dans la communion des personnes trouve des reflets sur cette terre. Or le plus beau reflet de cette communion des personnes divines est la famille. C’est précisément ce qu’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique : « La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. [1]» Dans sa lettre aux familles, saint Jean-Paul II enseignait que « le modèle originel de la famille doit être cherché en Dieu même, dans le mystère trinitaire de sa vie. [2]» Et Benoît XVI, le jour de la fête de la Sainte Famille, en 2009, disait : « La famille humaine, dans un certain sens, est une icône de la Trinité du point de vue de l'amour interpersonnel et de la fécondité de l'amour. [3] »
Nous comprenons mieux alors le combat qui se joue aujourd’hui contre la famille. Il est fondamentalement un combat contre Dieu : non seulement contre le plan de Dieu créateur, mais encore contre Dieu lui-même, puisque la famille est comme une icône du mystère trinitaire. Or si la famille est une icône du mystère de la Trinité, que dire de la Sainte Famille ? Quelle famille, mieux qu’elle, a réalisé cette vocation à refléter la communion des personnes divines ? Il n’est pas étonnant, dès lors, que cette Sainte Famille ait été en butte à la persécution, et que les grands de ce monde aient alors cherché à la fois à persécuter la Sainte Famille et à attenter à la vie de l’Enfant.
En cette année sainte, cette fête de la Sainte Famille coïncide avec la fête des Saints Innocents. Dans son encyclique L’Évangile de la vie, Jean-Paul II soulignait que la famille est le « sanctuaire de la vie ». Si la Sainte Trinité est la source de la vie et de toute vie, la famille est le lieu où cette vie est reçue et transmise. Voilà pourquoi l’Enfer doit détruire la famille, et pour cela promouvoir l’avortement, l’euthanasie et tant d’autres crimes contre la vie et la famille.
Nous connaissons la lettre qu’a écrite Sœur Lucie de Fatima au cardinal Caffara : « La bataille finale entre le Seigneur et le royaume de Satan portera sur le mariage et la famille (...) N’ayez pas peur : tous ceux qui travaillent à la sainteté du mariage et de la famille seront toujours combattus et l’on s’opposera à eux de toutes les façons possibles, parce que ce sont des points décisifs (...) Toutefois, Notre Dame lui a déjà écrasé la tête. » C’est un fait : les dictatures du relativisme s’acharnent aujourd’hui contre la famille, et s’efforcent d’imposer, jusque dans l’Église, des confusions inacceptables. Nous ne jugeons les cœurs de personne. Mais nous devons rappeler avec clarté ce qu’est la famille : un homme et une femme, unis par le mariage dans l’amour, et ouverts à l’accueil de la vie. Il n’y a pas d’autre modèle. Il n’y a pas d’autre famille. Et même s’il faut souffrir pour cela aujourd’hui, nous avons le devoir de rappeler cette vérité immuable.
En ce dimanche de la Sainte Famille, confions à l’Enfant Dieu, à la Vierge Marie et à Saint Joseph toutes les familles de la terre. Toutes connaissent des épreuves. Or le remède est là : c’est la crèche. C’est la Sainte Famille. Elle aime, elle console, elle réconforte, elle apaise, elle guérit, elle réjouit. Elle accueille toutes les personnes qui s’approchent et veulent recevoir d’elle des grâces pour vivre en vérité les vertus familiales.
Ici, à Saint Pierre de Colombier, Dieu a voulu une œuvre qui soit une famille. Une famille spirituelle. Une famille missionnaire. Il a inspiré pour cela le Père et Mère Marie-Augusta, afin qu’ils aident leur famille spirituelle, et avec elle beaucoup de familles, en ces temps si difficiles pour elles, à contempler et à imiter la Sainte Famille de Nazareth. Cette sainte famille, icône de la Trinité, est le modèle de ce que doivent être nos familles. Nous la voyons dans la crèche, pauvre et heureuse. Pauvre car elle n’a rien. Heureuse car elle a tout : Jésus. Dans la joie et la paix de Noël, auprès de la crèche, demandons à la Sainte Famille que Jésus soit le tout de nos familles que Jésus soit tout pour chacun de nous.
Alors nous pourrons, comme nous le demandons à Dieu dans la belle oraison de ce jour, « être unis par les liens de son amour, afin de goûter la récompense éternelle dans la joie de sa maison. »
[1] Catéchisme de l’Église catholique, nº 2205
[2] Jean-Paul II, Lettre aux familles (1994), nº 6
[3] Benoît XVI, Angélus, 27 décembre 2009
