Pour nous aussi le Ciel s'ouvre aujourd'hui !
Homélie pour la fête du baptême de Notre Seigneur - année C
Dimanche 12 janvier 2025
Tous appelés, par notre baptême, à la perfection de la charité
La semaine dernière, nous étions encore à Bethléem avec les rois mages dans la grotte-étable. Nous célébrions l’épiphanie, la manifestation de la divinité du Fils de Dieu aux nations païennes. Avec les mages, nous nous sommes prosternés et nous avons contemplé l’humilité de Dieu qui s’est fait petit enfant. Trente années de vie cachée s’étant écoulées, nous adorons en ce jour un nouveau mystère de l’abaissement et de l’humilité de Dieu avec le baptême de Jésus dans le Jourdain qui inaugure sa vie publique. Ainsi, cette fête du baptême du Seigneur marque la fin du temps de Noël et nous introduit dans le temps ordinaire qui commencera dès demain.
La liturgie de ce jour nous amène donc sur les rives du Jourdain pour assister à une nouvelle épiphanie, la manifestation solennelle de Jésus comme le Fils bien-aimé de Dieu le Père, l’Esprit Saint descendant sur Lui sous la forme d’une colombe. Jésus avait-il vraiment besoin de recevoir ce baptême ? Certains exégètes qui sont dans l’erreur estiment que Jésus n’aurait découvert son identité de Fils de Dieu et sa mission de sauveur qu’à son baptême.
Benoît XVI, dans le premier tome Jésus de Nazareth, récuse cette erreur :
« Rien de tout cela ne se trouve dans les textes. Bien que cette théorie puisse émaner d’esprits forts éclairés, elle s’apparente plus au genre romanesque qu’à une véritable interprétation des textes. Ceux-ci ne nous permettent pas de pénétrer dans l’intimité de Jésus. Il est au-dessus de nos psychologies. »
Alors, si Jésus n’avait pas besoin de ce baptême de conversion donné par Jean Baptiste, puisqu’il est sans péché, pourquoi a-t-il été baptisé ? Assurément, c’est pour nous, pécheurs, qu’il a été baptisé, non pour lui. Dans les eaux du Jourdain, il a préfiguré par d’admirables mystères le baptême nouveau, comme le dit la préface de ce jour.
Jésus est le bon berger, prophétisé par Isaïe, qui porte ses agneaux sur son cœur. En se plongeant dans les eaux du Jourdain, Jésus s’est chargé de nos propres péchés, et dans sa miséricorde, il a voulu laver le monde de ses péchés. Le Baptême de Jésus au Jourdain est l'anticipation de son baptême de sang sur la croix, et également le symbole de toute l'activité sacramentelle par laquelle le Rédempteur mettra en œuvre le salut de l'humanité.
Le mystère du baptême de Jésus nous introduit dans le mystère de notre propre baptême. Nous avons été baptisés, non seulement dans l’eau, pour répondre à un besoin de purification, mais aussi dans l’Esprit qui vient d’en haut et qui donne la vie de Dieu. Nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, pour entrer en communion avec les trois personnes de la Sainte Trinité. Les cieux se sont ouverts, en quelque sorte, pour chacun d’entre nous pour que nous entrions en possession du Ciel notre unique patrie et pour que nous connaissions l’adoption divine. Nous en portons l’empreinte à jamais, malgré notre faiblesse et notre indignité. Oui, rendons grâces en ce jour, pour le don de notre baptême : en nous faisant participer à la vie de Dieu, il nous fait participer au culte spirituel du Christ, à sa mission prophétique, à son service royal, qui constituent le sacerdoce commun à tous les baptisés.
Le baptême est la porte d’entrée des sacrements. Sans le baptême, nous ne pouvons pas recevoir les autres sacrements, car c’est par le baptême que nous devenons enfants de Dieu et fils de l’Église. Le baptême nous purifie du péché originel et de tous les péchés personnels antérieurs et il nous procure la grâce sanctifiante.
Ainsi, le baptême nous engage pour la vie, comme le rappelle St Paul à son disciple Tite :
« la grâce de Dieu nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété… Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. »
L'engagement qui découle du baptême est donc celui d' « écouter » Jésus : c'est-à-dire de croire en Lui, et de le suivre docilement en faisant sa volonté. De cette façon, chacun peut tendre à la sainteté. En recevant le baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté. Le Concile Vatican II, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium, souligne que la vocation universelle à la sainteté consiste à l’appel de tous à la perfection de la charité. Soulignons enfin que sainteté et mission sont deux aspects inséparables de la vocation de chaque baptisé. L’engagement à devenir plus saints est étroitement lié à celui de diffuser le message du salut.
En cette année sainte, où nous sommes tous appelés à être pèlerins de l’espérance, prions pour que tous les baptisés soient affermis dans la grâce sanctifiante de leur baptême, et qu’ainsi ils puissent être témoins et messagers de la bonne nouvelle du salut.
Par le baptême nous devenons enfants de Dieu. Soyons aussi enfants de Marie. Encordés solidement à Notre-Dame des Neiges, bénéficions de son aide maternelle pour que, par toute notre vie, en étant comme elle à l’écoute du St Esprit, nous puissions faire la joie de notre Père céleste en renonçant à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et en vivant dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, animés par cette bienheureuse espérance de la vie éternelle offerte en Jésus Christ.