Veillez !
Homélie pour le 1er Dimanche de l'Avent - Année B
Dimanche 3 décembre 2023
La veille qui nous est demandée est une grâce qui nous est offerte.
Chaque année, à chaque début de l’Avent, nous entendons cette exhortation de Jésus : « Veillez ».
Mais finalement, qu’est-ce que Jésus attend de nous lorsqu’il nous demande de veiller ? Nous savons bien qu’il ne nous demande pas d’arrêter toutes nos activités pour attendre son retour imminent dans sa gloire, comme certains le pensaient peu après l’Ascension de Notre Seigneur. Alors, que nous demande Jésus exactement ? Qu’attend-il de nous en ces jours ?
Nous devons noter qu’il y a une différence essentielle entre des veilleurs tels que nous l’entendons humainement et les veilleurs que nous devons être. En effet, un veilleur, qu’il soit un guetteur de chasse ou un vigile de chantier - nous avons maintenant une certaine expérience - attend certes un événement (l’arrivée d’un gibier où de personnes mal intentionnées), mais ce temps d’attente est finalement comme un temps suspendu. Rien ne se passe, il faut attendre, c’est du temps perdu, et même désagréable dans certaines circonstances... Or, là, nous ne sommes absolument pas dans la même perspective ! Ici, la veille qui nous est demandée est une grâce qui nous est offerte. Ici, nous ne sommes pas dans une attente passive, mais une attente où le temps nous est précieux pour que nous soyons prêts le moment venu. Dans la veille ordonnée par Notre Seigneur - car il s’agit bien d’un ordre - nous devons être actifs en vue de notre conversion !
Pourtant, il arrive bien souvent que la lassitude nous guette. Le découragement aussi. « Voilà tant d’année que je veille - pourrions-nous dire - et que peu de changement en mon âme. » Rejetons ces tentations : l’avent est un temps d’espérance qui doit nous faire grandir dans la confiance.
Saint Paul nous disait en ce jour : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. » Soyons donc convaincus que Dieu donne sa grâce. « Aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. », nous dit encore Saint Paul. S’il est vrai que nous ne sommes pas plus résistants que les apôtres qui s’étaient endormis à Gethsémani, il est vrai aussi qu’avec la force de Dieu nous pouvons avancer dans notre veille, dans notre conversion !
Saint Paul ne se trompe pas lorsqu’il écrit : « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. » Ainsi, fondamentalement, nous veillons si nous sommes en communion avec Jésus. Là est la réponse de fond à notre question.
Qu’est-ce que veiller : c’est garder une vie en communion avec Jésus ! Car la prophétie de la première lecture c’est bel et bien réalisée : « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendait ! » Oui Dieu est descendu pour entrer en communion avec nous ! Comme le disait Benoît XVI dans son livre sur Jésus : « qu'est-ce Jésus a vraiment apporté… ? … Il a apporté Dieu : désormais nous connaissons son visage, désormais nous pouvons l’invoquer. Nous connaissons maintenant la route qu'il nous faut prendre, en tant qu’homme, dans ce monde. Jésus a apporté Dieu et avec lui la vérité sur notre destinée et notre origine ; la foi, l'espérance et l’amour. Seule la dureté de notre cœur nous fait considérer cela comme peu de chose. »
Alors avec Jésus veillons, et cherchons quels sont les points d’attention que nous devons avoir à l’esprit en ce début de l’Avent pour veiller... La première lecture nous éclaire une nouvelle fois :
1- D’abord nous avons entendu : « nous avons encore péché, et nous nous sommes égarés ». Qu’est-ce que s’égarer ? S’égarer, c’est se tromper de chemin et par le fait même, aller vers une direction qui n’est pas la bonne. Saint Augustin disait : « Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme. » Or, seul Jésus est le chemin. Nous nous égarons et nous arrêtons de veiller, lorsque nous ne mettons pas Jésus à la première place dans nos vies. Ou que nous ne le considérons plus comme l’unique Rédempteur et médiateur. C’est pourquoi aujourd’hui, notre monde s’égare car il veut retirer de notre société toute référence à Dieu. Veiller, signifie donc pour nous, savoir témoigner, rendre Dieu présent dans la société et ne pas s’habituer à cette atmosphère athée qui prédomine en notre Occident.
2- Puis nous avons entendu : « nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. » Ici, nous ne trouvons que les conséquences de l’égarement. En s’éloignant de Jésus nous ne comprenons plus la loi de Dieu. Elle devient d’abord difficile, puis incompréhensible, avant de devenir insupportable. C’est pourquoi le Seigneur nous demande de veiller. C'est-à-dire d’avoir le courage d’appeler le bien « bien » et le mal « mal » ! Veiller c’est donc rappeler ce que St Jean Paul II n’a cessé de proclamer, notamment à Lourdes pour son dernier voyage hors d’Italie : « À vous tous, frères et sœurs, je lance un appel pressant pour que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour que la vie, toute vie, soit respectée depuis la conception jusqu’à son terme naturel. La vie est un don sacré, dont nul ne peut se faire le maître. » Ce temps de l’avent doit nous aider à demeurer ferme pour dire que l’avortement est un crime, qu’il ne peut être inscrit comme un droit dans la constitution, que l’euthanasie est aussi un péché très grave, sur lequel l’homme ne peut légiférer.
Oui, que ce temps de l’avent fasse grandir en nous une âme de veilleur. Une âme forte et courageuse, comme celle de Saint François Xavier dont c’est la fête en ce jour ! Mais c’est surtout à l’école de la Vierge Marie que nous trouverons cette grâce ! C’est pourquoi ce temps est un temps marial. La Vierge Marie a eu cette âme forte tout au long de sa vie. Quelle héroïcité ! Ainsi, n’ayons pas peur de lui demander beaucoup en ce temps de l’avent, n’ayons pas peur de venir la prier en cette prochaine fête de Notre-Dame des Neiges, elle nous donnera les grâces nécessaires pour affronter les difficultés de notre temps et être des veilleurs selon le Cœur de Jésus, et qu’elle permette aussi que les travaux sur le Site Notre-Dame des Neiges puissent reprendre, car de là, elle éduquera des foules à être des veilleurs authentiques, à avoir un cœur à son image.