Vivante est la Parole de Dieu !
Homélie pour le 28ème Dimanche du Temps Ordinaire B
Dimanche 13 octobre 2024
Le Verbe a parlé pour tous les hommes de tous les temps et sa parole est éternelle
Le passage de l’épître aux Hébreux que nous venons d’entendre est un passage capital : « Frères, elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; […] Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. »
D’abord il nous est rappelé ici que la Parole de Dieu est vivante. Autrement dit, comme nous le rappelle le catéchisme de l’Église catholique : « la foi chrétienne n'est pas une "religion du Livre". Le christianisme est la religion de la "Parole" de Dieu, "non d'un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et vivant". (n° 108) Ainsi, soyons convaincus que la Parole de Dieu ne peut être enfermée dans un temps ou une culture, elle les transcende, sa Vérité est éternelle et universelle et c’est pourquoi elle est toujours aujourd’hui « énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ».
Ceci est particulièrement fort pour l’Évangile, car ici, Dieu ne passe plus par l’intermédiaire des hommes, mais il vient lui-même nous enseigner. En effet, Jésus est le Verbe incarné, la deuxième personne de la Trinité. Il est Dieu. Il serait donc grave de prétendre que Jésus pourrait changer son discours aujourd’hui sous prétexte qu’il aurait été tributaire de son temps. Le Verbe a parlé pour tous les hommes de tous les temps et sa parole est éternelle, sa Vérité n’est pas relative. Et il continue de nous envoyer l’Esprit Saint pour que nous la comprenions sans la déformer. C’est pourquoi le catéchisme poursuit : « Pour [que les Écritures] ne restent pas lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle du Dieu vivant, par l'Esprit Saint nous "ouvre l'esprit à l'intelligence des Écritures" » (n° 108)
C’est d’une certaine façon ce qu’a désiré le jeune homme de l’Évangile : Il vient trouver Jésus avec enthousiasme pour que son esprit soit ouvert à l’intelligence des Écritures. « Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Ce passage est très touchant. D’ailleurs, Jésus lui-même est touché : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » Mais comme le dit l’épître aux Hébreux : « la parole de Dieu, [...] va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles » Au final, il semble que l’homme ici n’était pas prêt à entendre ce qui lui manquait. Peut-être se croyait-il déjà un peu parfait, comme le pharisien de la parabole : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes. » Saint Jean-Paul II rappelait ce qu’est cette attitude aujourd’hui : « Une grande vigilance est demandée à tous, afin de ne pas se laisser gagner par l'attitude pharisaïque qui prétend éliminer le sentiment de ses limites et de son péché, qui s'exprime aujourd'hui particulièrement par la tentative d'adapter la norme morale à ses capacités, à ses intérêts propres et qui va jusqu'au refus du concept même de norme. »
Ici, l’homme riche veut adapter la parole de Dieu à ses intérêts propres. Et lorsque Notre Seigneur l’invite à tout quitter pour le suivre, il « devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. »
Nous pouvons nous sentir un peu déroutés devant ce « volte-face ». Comment lui, si enthousiaste et déterminé il y a deux minutes, peut-il rejeter ainsi l’appel de Jésus ? On aurait pu penser au contraire qu’il était l’apôtre idéal. Mais au fond de son cœur, le plus grand commandement lui manquait : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme et de toute ta force, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Ici, on ne peut pas dire que le jeune homme aimait Dieu de tout son cœur. Dieu n’était pas le premier servi dans sa vie. C’est pourtant ce que nous demande Jésus aujourd’hui encore : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour »
C’est peut-être le plus grand obstacle à la réponse à un appel à la vocation sacerdotale ou religieuse. Beaucoup de jeunes chrétiens peuvent avoir un certain enthousiasme pour Jésus, mais si celui-ci les appelle à le suivre de plus près, l’enthousiasme peut disparaître, car au fond, Dieu n’est pas véritablement aimé plus que tout. Et pourtant ! Qu'elle est merveilleuse la promesse de Notre Seigneur : « nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple. » Alors on peut s’exclamer avec le livre de la Sagesse : « J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres… Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. » Si nous ne sommes pas tous appelés à nous consacrer à lui, nous sommes cependant tous appelés à aimer Notre Seigneur plus que tout.
Alors, en cette année mariale et en ce 13 octobre, jour anniversaire du grand miracle du soleil à Fatima, tournons-nous vers la Vierge Marie pour qu’elle nous envoie de nouvelles vocations en cette semaine missionnaire qui débute. Notamment des vocations d’apôtres de l’Amour pour faire découvrir aux hommes de notre temps qu’il est urgent de rendre à Notre Seigneur amour pour amour ! Que La Vierge Marie nous fasse saisir combien mettre Dieu au cœur de notre cœur, loin de nous rendre tristes, nous fait découvrir la vraie vie, la seule qui finalement à un vrai sens et nous remplit de joie, la seule qui nous prépare à la splendide et inimaginable vie éternelle en Dieu ! Et qu’elle puisse trouver en nous de petits instruments pour répondre à ses appels à Fatima et qu’ainsi soit hâté le triomphe de son Cœur Immaculé !