Notre cité se trouve dans les cieux !

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Homélie pour le 33ème Dimanche du Temps ordinaire B

Dimanche 17 novembre 2024

Vous aussi, tenez-vous prêts !

L’Église nous invite, en ces deux dernières semaines de l’année liturgique et au début de l’année liturgique future, à méditer sur les Fins dernières et donc sur l’avènement de Notre Seigneur Jésus Christ. Lorsqu’on y réfléchit, on peut être frappé de la place que l’Église réserve dans sa liturgie à l’avènement final. Pourquoi cette insistance ? L’Église parle des fins dernières parce que Jésus en parle ; il en parle même abondamment. L’Église désire ardemment le retour glorieux du Christ parce qu’il doit marquer la fin de notre exil et l’entrée définitive dans la joie de l’éternité. Depuis l’Incarnation, nous sommes parvenus à « la plénitude des temps » (Gal 4, 4) nous dit saint Paul.

L’épitre aux Hébreux nous dit que nous sommes entrés dans « les derniers temps » (He 1, 2). St Pierre n’hésite pas à proclamer que la fin des temps est proche  (1 P. 4, 7). L’Apocalypse nous fait sans cesse dire « Maranatha ! Viens bientôt Seigneur Jésus ». Quel que soit le temps qui nous sépare de la venue en gloire du Seigneur, le Seigneur veut que nous soyons tendus vers cet avènement  pour nous rappeler que notre action sur la terre vise plus loin que le présent. Elle vise tout le mystère de la cité de Dieu. Ce serait être infidèle à notre vocation chrétienne de ne pas y penser toujours car notre vocation est de coopérer ici-bas à l’œuvre régénératrice du Christ et de poursuivre la construction de l’édifice dont lui-même a posé les fondements.

Les âmes du purgatoire regrettent le temps perdu sur la terre. Ce temps si précieux car il nous est donné pour nous sanctifier et pour aider notre Seigneur à faire venir le Royaume des Cieux dans le cœur des hommes. Or bien souvent nous en faisons un temps vide, employé à des futilités. Bien souvent nous sacralisons le moment présent. Parce qu’il n’est pas pénétré de l’amour de Dieu, ce temps ne rejaillit pas dans l’éternité, mais tombe dans le néant.

 Mais pourquoi donc notre Seigneur ne nous indique pas le moment de sa venue ? Tout comme pourquoi nous ne connaissons pas le moment où nous quitterons cette terre ? Ce serait pourtant plus simple ! « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père » (Mc. 13, 32).  Si Dieu ne nous donne pas le moment de sa venue, c’est pour que nous soyons toujours en état de veille. « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. (…). Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra » (Lc 12, 36-40).

En effet, il n’y a rien de plus dangereux et désastreux pour l’homme que de ne plus veiller. Ne plus veiller c’est s’assoupir ; c’est se laisser capturer par les idées du monde ; c’est se laisser manipuler ; c’est ne plus donner de cap à notre vie ; c’est laisser entrer la confusion dans notre vie. En définitive, c’est endormir notre conscience.

Satan redoute la vigilance. Il existe justement des techniques qui visent à endormir la vigilance pour pouvoir manipuler les personnes. Ainsi en est-il de « la pensée positive » qui, sous couvert de bien, nous fait croire que nous serons artisan de paix et de tolérance si nous essayons de positiver les situations. Or poussée à bout, « la pensée positive » nous enlève notre jugement, notre vigilance et ainsi nous enlève notre combattivité nécessaire pour repousser le mal et faire bien. Soyons attentifs à tout ce qui peut détruire notre vigilance. Le démon vise et combine sans cesse.

 Que nous apporte encore la méditation sur les fins dernières ? 

- Elles nous rappellent que ce monde n’est pas éternel ; «  Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ». Le Roc c’est la Parole de Dieu car elle est parole de vérité. Elle est la vraie réalité.

- Parler des fins dernières nous remet en phase avec la notion de jugement de Dieu. Le Jugement est la manifestation que nous sommes des créatures libres. Le fait qu’il y ait un jugement de Dieu doit  nous rassurer car justice sera faite. La justice des hommes est bien souvent imparfaite, elle ne suffit pas. Dieu rendra une justice parfaite, conforme à la vérité.

- Parler des fins dernières donne aussi une immense espérance : le mal sera définitivement vaincu ; le Christ quand il reviendra en Gloire sera le victorieux et nous revêtira à jamais de sa victoire. Le prophète Daniel dit en effet, «en ce temps-là viendra le salut pour tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu », mais ceux qui auront refusé le pardon offert en Jésus-Christ, « s’éveilleront pour la honte et la déchéance éternelles ».

En définitive, l’Église ne parle pas des Fins dernières pour faire peur, mais pour nous aider à vivre notre vie sur cette terre en « pèlerins vers le Royaume de Dieu ».

Tournons avec confiance vers Jésus qui nous aidera à atteindre les fins dernières. Nous pouvons compter sur sa grâce, car nous dit l’épitre aux Hébreux « par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté. »

Écoutons st Augustin nous dire : « Celui qui est libre de tout souci attend avec sécurité la venue de son Seigneur. Car est-ce qu'on aime le Seigneur, lorsqu'on redoute sa venue ? […] Il viendra, que nous le voulions ou non. Ce n'est pas parce qu'il ne vient pas maintenant qu'il ne viendra pas. Il viendra, et tu ne sais pas quand. Et s'il te trouve prêt, cela n'a pas d'inconvénient pour toi que tu ne le saches pas. » (Sermon de saint Augustin sur le psaume 95 lu à l’Office des lectures du 33ème dimanche ordinaire).

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