La vengeance de l'Amour

Gaudete : oui, c’est une joie profonde qui nous habite !

Combien la première lecture tirée du livre du prophète Isaïe correspond parfaitement à l’état de notre âme au terme de cette deuxième journée de la grande fête de Notre-Dame des Neiges ! Oui, c’est une joie profonde qui nous habite, une joie qui n’est pas le fruit d’un optimisme béat, mais de la conviction que, malgré tout ce que nous pouvons vivre, et que certainement nous allons continuer de vivre, le ciel est avec nous. Il nous guide, et fondamentalement le mal est déjà vaincu ! Oui, il nous est facile, en ce jour, de vivre ce dimanche du « Gaudete », de la joie !

Deux jours avant la bénédiction de la statue de Notre-Dame des Neiges, Mère Marie-Augusta avait écrit au Père : « Espérons que la Sainte Vierge va faire un miracle : transformer les âmes et toucher les cœurs. Ce sera en tout cas une journée de grâces et de bénédictions. » Nous pouvons aujourd’hui voir combien c’est précisément en ces anniversaires de la bénédiction de sa statue, que Notre-Dame des Neiges donne des grâces toutes particulières et en abondance. Oui, remercions-la du fond de notre cœur et désirons correspondre à l’exhortation de la première lecture : " Soyez forts, ne craignez pas."

"Voici votre Dieu - poursuit la lecture - c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. " Que les manières de faire de Notre Seigneur nous échappent ! C’est l’heure de la vengeance de Dieu, nous est-il dit, et il vient accomplir cette vengeance en venant nous sauver ! En s’incarnant dans le sein de la Vierge Marie ; en naissant dans une extrême pauvreté ; et surtout en offrant sa vie sur la croix pour notre rachat avant de ressusciter et ainsi, de vaincre triomphalement la mort et Lucifer. Quel mystère ! Oui c’est bel et bien une vengeance, c’est la vengeance contre Lucifer qui a entraîné l’humanité dans la spirale infernale du péché et de la mort. Il pensait avoir réussi, avoir vaincu le Dieu de l’univers, avoir fait échouer son plan d’amour. Mais ce que le démon, dans son orgueil inqualifiable, ne pouvait pas imaginer, Dieu l’a fait : il s’est incarné, il a pris notre nature humaine, il nous a rachetés sur la croix. Quel amour !

Et cette œuvre du plus grand amour, il n’a pas voulu la faire sans la Vierge Marie. Elle est celle qui, comme l’a rappelé Père Bernard hier, a correspondu d’une façon unique et toute particulière à l’œuvre de son Fils. Il est donc juste et nécessaire de s’attacher à elle comme des enfants s’attachent à leur maman. En rentrant dans nos lieux de vie, en nous préparant à cette grande fête de Noël, n’oublions pas notre Mère si aimée et si attentionnée. Ne soyons pas des enfants ingrats.

Il est vrai que nous venons de vivre comme un moment de ciel sur la terre. Il est vrai aussi qu’en retournant dans le monde, le découragement peut nous rattraper. N’oublions pas le passage de la lettre de saint Jacques de ce jour : « En attendant la venue du Seigneur, prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience […] Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme ». Ce pèlerinage doit nous aider à tenir ferme malgré l’apostasie qui nous entoure, malgré les lois gravement contraires à la loi de Dieu que nos pays ne cessent de faire voter, comme celle de l’euthanasie, en France, qui se discute avec un acharnement maléfique.

Oui, Dieu est bafoué et sa loi méprisée, mais il demeure le Roi de l’univers comme nous l’a rappelé Pie XI dans son encyclique Quas primas dont nous avons rappelé les 100 ans jeudi dernier. Il y a 100 ans, Pie XI avait lui aussi ouvert une Année Sainte, il avait lui aussi célébré le concile de Nicée et il pouvait alors écrire dans son encyclique : « Voici encore le XVIe centenaire du Concile de Nicée qui coïncida avec le grand Jubilé. Nous avons ordonné de célébrer cet anniversaire séculaire ; Nous l'avons Nous-même commémoré dans la basilique vaticane, d'autant plus volontiers que c'est ce Concile qui définît et proclama comme dogme de foi catholique la consubstantialité du Fils unique de Dieu avec son Père; c'est lui qui, en insérant dans sa formule de foi ou Credo les mots cuius regni non erit finis, affirma du même coup la dignité royale du Christ. » et il poursuivait ainsi : « Oh! qui dira le bonheur de l'humanité si tous, individus, familles, États, se laissaient gouverner par le Christ! "Alors enfin - pour reprendre les paroles que Notre Prédécesseur Léon XIII adressait, [...] il serait possible de guérir tant de blessures ; [...] la paix réapparaîtrait avec tous ses bienfaits ; les glaives tomberaient et les armes glisseraient des mains, le jour où tous les hommes accepteraient de bon cœur la souveraineté du Christ, obéiraient à ses commandements, et où toute langue confesserait que "le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père." »

Ainsi, ayons confiance et préparons nos cœurs à vivre un vrai Noël chrétien où nous accueillerons, dans la pauvreté de la crèche, le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs qui est vainqueur ! Repartons avec cette confiance et n’oublions pas que Notre Seigneur nous a promis son Esprit Saint ! Nous l’avons reçu d’une manière toute particulière le jour de notre confirmation, apprenons à l’invoquer, à lui demander conseil, à vivre sous son inspiration. Redisons souvent : « Venez Esprit Saint, venez par la puissante intercession du Cœur Immaculé de Marie notre Mère Bien aimée. » et alors il nous guidera. Il nous permettra de mettre en pratique les exhortations à la conversion de saint Jean-Baptiste, celui que Jésus a qualifié dans l’Évangile du plus grand des prophètes, le messager qui prépare son chemin. Alors nous serons prêts pour Noël et pour profiter des derniers jours de cette année sainte, comme nous y a exhorté Mère Hélène. Nous ferons également fructifier les grâces que nous avons reçues aux pieds de Notre-Dame des Neiges et nous demeurerons, malgré les angoisses de notre temps, dans la paix et la confiance, dans cette foi persévérante qui ne faiblit pas dans la tempête.

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