Hâtons-nous de nous convertir !
Homélie pour le 3ème Dimanche du Temps ordinaire B
Dimanche 21 janvier 2024
Dieu s'est approché au maximum de nous ; la distance qui reste à parcourir nous revient.
Le thème de ce dimanche est la conversion. Il nous est donné par le début de la lecture de l’Évangile où Jésus commence sa prédication en disant : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Ce Règne de Dieu tout proche nous semble bien éloigné dans le temps. Il n’en finit pas d’arriver ! En interprétant cette venue du Royaume uniquement par rapport au temps qui s’écoule nous faisons fausse route. En disant que le Royaume de Dieu est tout proche, Jésus signifie qu’Il est venu nous apporter ce Royaume ; Il est lui-même ce Royaume. Il s’est approché au maximum de nous en se faisant Dieu avec nous. La distance qui reste à parcourir nous revient. Elle est celle de notre conversion et de notre foi en l’Évangile.
La conversion est la clé de l’Évangile ; elle est la clé pour entrer dans ce Royaume. C’est pourquoi Jésus commence sa prédication par l’appel à la conversion. Il est urgent que l’Église retrouve une pastorale de la conversion. Aujourd’hui le mot, et surtout l’exigence, de la conversion a disparu au profit de l’accueil ou de l’inclusion. Parfois il revient pour parler de « conversion écologique ». Aussi importante soit-elle, cette réalité est bien pâle et elle travestit la signification profonde de ce mot dans l’évangile qui veut dire revenir vers Dieu en impliquant un changement total de la pensée et de comportement pour se laisser transformer par Dieu.
L’Église doit oser appeler à la conversion en profondeur car sans cela l’homme est tenu hors de l’Évangile, hors du Royaume de Dieu. Pour que l’Église soit un véritable hôpital de campagne il ne s’agit de dire au malade : « ce n’est pas grave, tout ira bien » mais il s’agit de lui dire son mal, son péché pour qu’il reçoive les remèdes appropriés.
Quand Jésus parle à la Samaritaine, il a des mots fermes : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là tu dis vrai » (Jn 4,17-18). Au paralytique de la piscine de Bethzata, il dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver pire encore ». A la femme adultère, il la regarde en lui disant : « Personne ne t’a condamnée ? […] Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus » (Jn 8, 10-11). Jésus n’est pas gentil mais il est vrai [Cf. Mgr Marc Aillet, Le temps des saints, Artège, 2023, p. 55] et amour. Jésus n’accepte pas les vendeurs du Temple, car ils changent le Temple en un lieu mondain. Il est même impitoyable avec eux, il les chasse à coups de fouet.
Ainsi l’Église, épouse du Christ ne doit pas chercher avant tout à être gentille mais à être vraie. Elle doit retrouver le courage de dire ce qu’est un péché, de dire que tel ou tel acte est intrinsèquement mauvais. C’est seulement ainsi qu’elle sera miséricordieuse, qu’elle a portera l’amour et la lumière du Christ qui guérit. Prions pour que les pasteurs retrouvent le courage de la prédication de la conversion et abandonnent le langage de la confusion qui est le langage du mensonge. Il n’est jamais facile de prêcher la conversion. Jonas, dans un premier temps, a fui cette mission, mais Dieu l’a rattrapé à ses dépends et lui a permis d’obtenir la conversion de Ninive. Combien est beau la conclusion du passage : « En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés ». Ici le résultat est fulgurant ; il n’en est pas souvent ainsi ! Cependant tout appel à la conversion n’est jamais vain car il est toujours des âmes pour entendre.
L’appel à la conversion permet aussi de maintenir vive les consciences et de les reconstruire à la lumière de l’Évangile. St Paul nous rappelle aujourd’hui cette vérité « le temps est limité […] Car il passe, ce monde tel que nous le voyons ». Ce monde n’est qu’un passage. Dépêchons-nous de nous convertir.
Devant la faiblesse de l’appel à la conversion, la Vierge-Marie a pris le relais. Elle appelle inlassablement à la conversion. Rappelons ce qu’elle a dit au Japon à Akita le 13 octobre 1973, dans des manifestations reconnues en 1984 par l’évêque du lieu et approuvées par Benoît XVI en 1988 comme « fiable et digne de foi » : « si les hommes ne se repentent pas […], le Père infligera un châtiment terrible à toute l'humanité. Ce sera un châtiment plus grand que le déluge, comme on n'aura jamais vu avant. Un feu tombera du ciel et va faire disparaître une grande partie de l'humanité, les bons comme les mauvais, n'épargnant ni les prêtres ni les fidèles. Le survivants se trouveront si désolés qu'ils envieront les morts. Les seules armes qui vous resteront, seront le Rosaire et le Signe laissé par mon Fils... ».
Aujourd’hui les crimes contre la vie crient vengeance. La Marche pour la vie qui aura lieu cette après midi sera un cri pour rappeler la dignité de la vie humaine. Elle ne peut pas être choisie, modifiée, instrumentalisée pour aucune fin. Le 21 janvier 1793, la Révolution tuait son roi ; aujourd’hui la France tue ses enfants, et demain elle s’apprête à tuer ses malades et ses vieillards. En voulant inscrire l’avortement dans la Constitution elle continue dans la même logique mortifère. Osons défendre la vie. En tant qu'enfants de Dieu nous ne pouvons laisser s’installer la mort dans notre pays.
En contemplant l’appel des quatre premiers apôtres, demandons à Dieu qu’il envoie à la France des apôtres pour la relever par l’annonce de l’évangile. Dieu appelle, mais qui répondra ? Qui laissera sa barque et ses filets pour suivre Jésus dans son appel à la conversion et sa prédication de la joie du Royaume ? En cette semaine où nous prions intensément pour l’unité des chrétiens, prions aussi pour que beaucoup de jeunes chrétiens se lèvent et répondent comme Isaïe : « Me voici, envoie-moi ! »