la crèche, c'est le reflet de notre monde

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Homélie pour le 4e dimanche de l'Avent - année A

Dimanche 21 décembre 2025

Désormais, c'est à nous d'entrer dans la crèche...

Noël approche. L’attente touche à sa fin… Une longue, très longue attente. « Depuis plus de quatre mille ans nous le promettaient les prophètes… » Maintenant la crèche est prête. La crèche, c’est le reflet de notre monde qui attend, consciemment ou non, un renouveau. Certains savent, d’autres pas encore. La crèche, c’est l’image du peuple de Dieu, qui se met en route vers Celui qui vient à sa rencontre. La crèche, ce sont donc des visages. Une crèche sans visages reflète un inclusivisme insensé, un égalitarisme stupide. C’est le refus de la différence et l’apologie de l’indifférence. Car sans visages, on n’a plus d’yeux, ni de bouche, ni d’oreilles. Alors on ne se regarde plus, on ne se parle plus, on ne s’écoute plus. Et on ne se rencontre plus. Tel est bien souvent notre monde. Au contraire, Dieu a pris un visage. Il est venu à notre rencontre. Le christianisme est la religion de la rencontre. Dans la crèche, Dieu vient à notre rencontre.

Hier, nous avons entendu, une nouvelle fois, le récit de cette rencontre de l’Ange Gabriel avec la Vierge Marie, dans l’humble maison de Nazareth. Le christianisme commence par la rencontre de Dieu avec les hommes. Et parce que Dieu respecte infiniment la liberté de l’homme, il envoie d’abord son ange pour solliciter la réponse de la Vierge Marie. Quelque huit siècles auparavant, Isaïe avait annoncé ce mystère. Le peuple de Dieu était alors dans une grande angoisse, menacé par la guerre. Isaïe écrit que le cœur du roi et le cœur de son peuple étaient alors « secoués comme les arbres de la forêt sont secoués par le vent » (Is 7, 2). Quelle  description pertinente de notre monde d’aujourd’hui… Et à ce peuple dans les ténèbres et dans l’angoisse, le prophète annonce la venue de l’Emmanuel, qui sera « Dieu avec nous ». Mais les hommes n’étaient pas prêts à cette rencontre. Aujourd’hui, l’ange vient aussi à la rencontre de Saint Joseph. À lui aussi il demande son oui, pour accueillir celui auquel il donnera « le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

En ce dimanche qui précède Noël, la crèche n’est pas encore animée. Elle attend, elle aussi… Les santons attendent la venue de leur Sauveur, de Celui qui leur donnera vie, qui leur donnera la vie. Mais que font-ils en attendant ? Que font-ils, en ces jours avant Noël, en ces derniers jours d’attente ? Les bergers sont dans leurs champs, et ils veillent. Ils veillent sur leurs troupeaux. Mais, en hommes de la terre, ils veillent en leurs cœurs. Leurs cœurs sont purs, de par leur vie simple. Ils sont prêts. Loin, très loin, trois rois veillent, eux aussi. Leurs yeux et leurs cœurs sont tournés vers le ciel, qu’ils scrutent depuis des générations, attendant l’astre qui doit se lever, issu de Jacob (cf. Nb, 24, 17). Leur ancêtre Balaam leur a rapporté la prophétie. Ils pressentent que le ciel s’y prépare et les y prépare. Alors eux aussi, ils veillent. À Jérusalem, on est indifférent. Pas tous, cependant. Dans la tour d’ivoire de son palais, Hérode est inquiet. Il craint pour son pouvoir. Il a déjà fait assassiner plusieurs de ses propres fils pour préserver son pouvoir. Il vit dans la peur du roi qui doit venir…

Et à Bethléem ? Que font les habitants de Bethléem ? Ils ne savent rien encore. Ils se préparent diversement… Comme les santons de la crèche, ils mènent leurs occupations habituelles : le meunier et le gendarme, le pêcheur et la poissonnière, l’arlésienne et le ravi… Ils ne savent pas encore que le Messie dont ils attendent la venue est si proche, dans le temps et dans l’espace. Ils auront peu de temps pour préparer leurs présents à l’Enfant, dans quelques jours.

Mais il y a encore – et surtout – la Vierge Marie et Saint Joseph. Eux savent. Eux sont prêts. Aujourd’hui, ils ne sont plus à Nazareth. Ils sont sur la route vers Bethléem. Mais la Vierge Marie a emporté la maison de Nazareth. Elle l’a prise avec elle. C’est son cœur. C’est le lieu du oui, de l’ecce. C’est donc le calme, la paix, l’abandon, la prière. C’est Nazareth en elle. Et Saint Joseph, qui a pris chez lui la Vierge Marie, son épouse, a pris aussi ce mystère de Nazareth dans son cœur très pur.

Désormais c’est à nous d’entrer dans la crèche, pour vivre ces derniers jours de préparation. La crèche, c’est Noël, et Noël, c’est la crèche ! Lequel de ces santons serons-nous ? Veillerons-nous comme les bergers et les rois mages, le cœur tourné vers Celui qui vient ? Ou lequel de ces habitants de Bethléem serons-nous, préoccupés par notre quotidien, ou préparant quelque chose de nous-mêmes à offrir ? Nous avons vécu hier la fête de Notre Dame des Neiges. La contemplation, paisible et joyeuse, du Cœur Immaculé de Marie peut nous aider à la rejoindre avec Saint Joseph sur leur chemin vers Bethléem. Pour que nos cœurs, soient, comme les leurs, disposés à la venue du Fils de Dieu dans notre monde si froid et si obscur.

En cette année jubilaire, nous célébrerons plus solennellement encore le mystère de l’Incarnation du Verbe, advenu il y a 2025 ans. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul nous dit en ce dimanche : « À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. » C’est le fruit de cette fête de Noël que nous allons célébrer jeudi. Demandons-le pour nous, et pour beaucoup. Dans la crèche, nous voyons que, au cœur de ce monde obscur, la lumière a jailli. Des pauvres qui ont ouvert leurs cœurs, Dieu a fait des saints. « Car rien n’est impossible à Dieu. » C’est le mystère de Noël.

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